AQUEDUC et HYPOGEE
09.11.2011 - Civilisations anciennes.

VOIR ICI LES PHOTOS DE NOTRE RANDONNE "AQUEDUC ET HYPOGEE".

Ce matin c’est la grisaille qui est au rdv. Nous partons pour Fontvieille : les routes sont bordées de champs qui font plutôt penser à des lacs… Du côté de Beaucaire il n’y a pas eu d’inondations mais sur l’autre rive il y a eu de nombreux dégâts. D’ailleurs, en passant devant l’hôpital de Tarascon nous avons pu constater que d’énormes pompes aspirent l’eau…

Nous nous garons pas loin de l’abbaye de Montmajour et nous marchons sur la route. Tiens, quelle idée ? Les abords sont larges heureusement et nos bavardages ne sont pas distraits par les voitures. Nous arrivons devant une pancarte qui indique « hypogée du Castellet ». Un hypogée ? De quoi s’agit-il ?

Heureusement, il s’agit du thème du jour. Nous descendons un petit raidillon et nous pouvons enfin nous faire une idée d’un hypogée… Enfin, plus par les explications de notre guide que ce que nous voyons car l’hypogée est rempli d’eau !

Nous faisons demi-tour et entrons dans un manège à chevaux… des enfants de 2 à 3 ans se promènent, bien à l’aise sur des Camargues…

Nous continuons et nous voici dans le « vallon des Raymonds » où de nombreux chemins se croisent. Après quelques pas en direction de la montée, Michèle nous invite à nous retourner. Nous voyons le Mont de Cordes entouré d’eau. La nature a repris ses droits malgré l’assèchement de ces marais autour du XIe siècle.

Nous continuons en suivant Michèle qui semble prendre des chemins détournés : elle trouve les traces d’un aqueduc qui aurait amené  l’eau des Alpilles à Arles à l’époque romaine. Bien que… certains archéologues pencheraient maintenant pour une version différente : l’eau proviendrait de Bellegarde !

Nous arrivons jusqu’au « pont  Simian » où nous pouvons détailler les principes de construction de ces gigantesques ouvrages construits pas les romains.

Nous continuons sur des petits sentiers pour rester sur les traces de l’aqueduc enfoui sous nos pieds et qui réapparaît par endroit.

Nous faisons demi-tour en admirant les belles vues sur Montmajour, Arles et les prairies inondées…. Avant d’arriver au minibus nous trouvons une écrevisse qui a voulu sûrement partir en voyage grâce aux pluies de ces derniers jours !

La Culturothèque – RandoSanté® du 9.11.2011

 

HYPOGEES

Les îlots rocheux autour du Mont de Cordes étaient habités depuis  les temps protohistoriques. Le reste était un immense marécage où longtemps on se déplaçait en bateaux.

Les habitants se nourrissaient presque exclusivement de poissons  jusqu’aux environ de XIème siècle, en fait jusqu’à l’assèchement des marais par les moines de Montmajour.

Comme c’est le cas dans beaucoup de civilisations, ces résidants antiques, protégeaient leurs biens les plus précieux : les morts.

Ici, cette vénération a été à l’origine de temples que l’on appelle hypogées[1].

Autour du Mont de Cordes on en dénombre 5. Ils sont situées dans des propriétés privées et ne sont pas visibles par le public, sauf un, l’hypogée du Castellet.

Cet hypogée garde ses mystères  à cause de nombreux signes qui n’ont pas encore tous été répertoriés à cause des difficultés du déchiffrement. Ces signes sont aussi difficiles à repérer : ils sont à demi effacés sous le lichen et les dépôts de calcaire.

La plupart sont classés dans la forme appelée « sabots d’équidés ». On voit des « fers à cheval », des cercles, des rouelles, des croix cerclées ce qui laisse supposer qu’il s’agit de symboles solaires. Mais on y trouve aussi d’autres symboles qui appartiennent à tout l’univers néolithique. A la surface des roches on y voit des cupules creusées, avec régularité, par la main de l’homme.

La signification de tous ces signes nous échappe encore et beaucoup y voient un caractère magique.

Jean-Paul Clébert  pense, lui, trouver la clé de cette énigme au Portugal : ces rochers seraient associés à des tumuli funéraires trouvés souvent à proximité des chemins de transhumance et seraient liés à une civilisation essentiellement pastorale. Ce culte remonterait à l’âge de Fer II, peut-être même au Bronze moyen et paraît s’être prolongé jusqu’à l’époque romaine.

 

Pour en savoir un peu plus....

Nous voici au pied du mont de Cordes et de son extraordinaire collection d'hypogées funéraires, l'un des lieux où s'est perpétué le mystère de la Provence antique….. et si l’on essayait d’en savoir un peu plus, mais sous toutes réserves… absolument sous toutes réserves !...

Le mont de Cordes tout comme le mont Paon et la colline voisine de Montmajour était à l'origine, et demeura longtemps, un îlot rocheux. Jusqu'au Moyen Age, la plaine qui prolonge le flanc S. des Alpilles était un immense marécage où l'on ne se déplaçait qu'en bateau.

Les habitants, qui se nourrissaient presque exclusivement de poisson, occupaient toutes les éminences. Pendant l'époque protohistorique,  et jusqu'à l'assèchement des marais, au Xle siècle, par les moines de Montmajour, ceux qui campaient sur ces hauteurs entouraient de soins particuliers leur bien le plus précieux: les morts de qualité.

Cette vénération fut à l'origine d'un extraordinaire temple de la Mort, creusé dans les profondeurs de la colline, et que nous connaissons aujourd'hui par les cinq hypogées funéraires qui ont survécu aux destructions et à l'usure du temps.  

Cordoue-en-Provence Les peuplades ligures qui déposèrent leurs osse­ments sous le roc de Cordes en furent chassées par les envahisseurs Sarrasins. En souvenir de Cordoue, leur patrie, ces derniers baptisèrent le lieu de leur campement du nom de Cordes. Puis, ils se jetèrent sur Arles.  

Un travail de Ligures Pour accéder à l'hypogée funéraire de Cordes (situé à l'intérieur d'un domaine privé; on ne visite que sur autorisation spéciale) il faut monter longtemps un sentier en lacets tracé dans des éboulis très anciens, écrasés de soleil. Parvenus sur le plateau, on suit l'arête de la colline qui domine la dépression d'Arles-Mouriès. Puis, au détour d'un buisson, le chemin préhistorique bifurque et s'arrête devant l'entrée d'une grotte artificielle, creusée à même le rocher. La grotte des Fées va livrer ses énigmes.

On y pénètre par un plan incliné. Longue de 45 m, la grotte a de 2 à 3 m de largeur. On ne sait ce qu'il faut admirer le plus, du travail cyclopéen de ces hommes qui, sans aucune machine, posèrent de telles pierres sur un tel couloir, ou de la dispo­sition des lieux eux-mêmes. D'énormes dalles, régulièrement jointoyées, servent de plafond  elles semblent défier le temps et la destruction. Des signes gravés figurent sur les pierres; d'autres signes apparaissent au fond de la grotte, sur le pan de rocher taillé à vif qui obture le passage, mais ils sont difficilement lisibles. Les dessins du plafond représentent, selon certains, un zodiaque primitif; ceux de la paroi du fond évoquent la double spirale, symbole possible du taureau cornupète.  

Quatre hypogées voisins La grotte des Fées de Cordes est le plus impressionnant des hypogées provençaux, mais il en existe quatre autres, dissimulés dans les environs immédiats : ceux de Coutignargues, de Bounias, de la Source et du Castellet. On les trouvera, après avoir redescendu le mont de Cordes et franchi, au sud, les vestiges de l'enceinte préhistorique qui isolait la colline. Ceux de la Source et du Bounias sont entourés d'une rigole circulaire qui délimitait jadis le tumulus sous lequel ils étaient enfouis. L'hypogée de Coutignargues s'enfonce dans la terre meuble et non, comme les autres, dans le rocher. Une ancienne stèle gravée le signale à l'attention des curieux. Cet ensemble de tom­beaux grandioses a reçu le nom d'allées couvertes, lorsque Cazalis de Fondouce les découvrit et les décrivit à la fin du XIXe siècle (1).  

Le menhir mâle de Coutignargues L'hypogée de Coutignargues, en bordure de la RD 17, ne laisse pas d'intriguer. Il a été bouleversé à plusieurs reprises, sans doute par ces chercheurs de trésors qui, de tous temps, ont cru que ces amas de pierres étales recélaient le trésor des trésors, celui que gardait la Chèvre d'Or de la tradition.

Parmi ces pierres, parfois énormes, s'allonge un menhir renversé. Long de près de 3 m, il est fort bien taillé. Près de l'une de ses extrémités, on aperçoit une rainure circulaire, où certains ont cru distinguer un symbole phallique, d'autres la limite d'une tête stylisée; deux mains apparaî­traient même à la surface du corps, ce qui appa­renterait le mégalithe à ceux de Saint-Seruin, dont la figuration humaine ne peut être mise en doute. Mais cette hypothèse fait trop bon marché des dessins de type nettement sexuel qui sont gravés sur le rocher, à quelque distance de l'hypogée de Coutignargues, près de celui du Castellet.

Quelle que soit l'explication retenue, ce menhir a frappé les imaginations. Dressé, il devait avoir belle allure. La chronique nous apprend qu'il fut christianisé et devint saint Coutignardes.

Le soleil et la lune L'hypogée du Castellet pose également des problèmes, à cause de nombreux signes qui n'ont pas encore tous été répertoriés et dont le déchiffre-ment se révèle délicat. Ces signes sont difficiles à distinguer au premier abord, à demi effacés sous une gangue de calcaire bleui, où des lichens posent de grandes taches jaunes. La plupart d'entre eux  se rattachent à là forme appelée "sabots d'équidés".

On voit des «fers à cheval «, des cercles, des rouelles, des croix cerclées, c'est-à-dire un ensemble de  symboles solaires. Mais on y trouve aussi, en grand  nombre, des représentations très stylisées de vulves,  identiques à celles qui appartiennent à tout l'univers néolithique. A la surface des rochers apparaissent également des cupules creusées, avec régularité, par la main de l'homme. Le caractère magique de tous ces signes, paraît certain si leur signification nous échappe encore.

La clé du mystère est au Portugal Ces bassins et ces cupules, creusés à même le flanc du rocher, paraîtront peut-être une fantaisie de la nature. Pourtant, ce sont des hommes qui les ont sculptés. D'ailleurs, des manifestations rituelles identiques ont connu en Provence une diffusion particulièrement large  et même plus loin puisque c'est au Portugal que Jean-Paul Clébert pense trouver la clé de cette énigme. Le sanctuaire de Panojas, dans le nord du Portugal, présente une inscription gravée en latin sur le rocher, et qui atteste la survivance, à une époque post-néolithique, d'un culte préhistorique. Cette inscription, relevée et traduite par J. Toutain, dévoile l'usage de ces cavités sculptées

" G.C.C.            Rufinus, dont le voeu a été exaucé, a consacré aux dieux et aux déesses, ainsi qu'à toutes les divinités des Lapiteae, en même temps que ce sanctuaire, le bassin éternel dans lequel les victimes sont brûlées conformément à la promesse faîte. » Ici sont consacrées aux dieux les victimes qui y sont abattues; leurs entrailles y sont brûlées dans les bassins rectangulaires et leur sang se répand dans les petits bassins ronds qui sont placés à côté.

G.C.C.   Rufinus, dont le voeu a été exaucé, a consacré ce bassin aux dieux, comme il l'avait promis, ce sanctuaire et ce bassin où se mêlent les offrandes."

Il s'agit là d'un texte particulièrement révélateur, et qui s'applique sans équivoque à l'ensemble des rochers à cupules trouvés en Provence. Ces rochers sont souvent associés à des tumuli funé­raires. Plus souvent encore, on les trouve à proxi­mité des chemins de transhumance, les « drailles «, qui, ici, contournaient les Alpilles. Ainsi, lié à une civilisation essentiellement pastorale,  ce culte remonte à l'Age du Fer Il, peut-être même au Bronze moyen, et paraît s'être prolongé jusqu'à l'époque romaine.

Des vertèbres et des coquilles On a trouvé, à l'intérieur des hypogées de Cordes, près de cinq cents vertèbres de poissons, volon­tairement choisies en fonction de leur taille, et dont l'hypophyse avait été retirée. Auprès de ces étranges squelettes, se trouvaient des coquilles d'escargots, percées de deux trous. Ces coquilles, semble-t-il, étaient cousues sur les vêtements pour servir de parure, ainsi qu'en témoigne la place qu'occupaient sur les squelettes humains les coquillages découverts dans d'autres sépultures.

Les premiers explorateurs de ces hypogées ne semblent guère avoir prêté attention à ces parures chargées de potentiel magique. Ils ont, en revanche, collecté soigneusement les outils et objets préhistoriques qui, en grand nombre, jonchaient le sol. Ce qui nous est parvenu reste pauvre  quelques silex, des maillets à rainure, comparables à ceux que fabriquèrent les ateliers de Murs, en Vaucluse, et qui ont servi à creuser ces formidables tranchées. 

 

 



[1] - Le mot hypogée vient du grec « hupo » qui signifie sous et   «  » qui désigne la terre.