LES ETRUSQUES
Débat animé... Jean Delaforge.

Sommaire

Introduction

ü  Les étrusques

·         La langue Etrusque

·         La civilisation étrusque.

·         La société Etrusque

·         Début du déclin

ü  Le matriarcat

·         Qu’en est-il du matriarcat dans l’histoire et dans le monde ?

·         Qu’en est-il aujourd’hui ?

ü  Les Etrusques, Un peuple matrilinéaire, pacifique et libertin ?

·         Alors, la civilisation  Etrusque, une société Matriarcale ?

·         Mater familias et guerrières amazones

·         Qu’en est-il de la famille étrusque ?

·         La position sociale de la femme chez les Etrusques

·         Mariages et unions

·         Mœurs dépravées », farniente et dolce vita

ü  Un motif de guerre avec leurs voisins 

·         Femmes naturistes et libertines, des enfants sans père

·         Le viol de Lucrèce, un prétexte à l’abolition du matriarcat

·         L’assimilation romaine

·         Vers le pater familias, nostalgique de l’ère matriarcale

ü  Cela dit, peut-on parler de matriarcat ou d’une approche égalitaire,

·         De la Nana à la Mama

·         Epilogue

Introduction

Avant la  république romaine ou l’empire romain, il existait dans la péninsule italienne, des peuples et des civilisations de grande culture.

Les connaissons-nous ?

Par exemple à l’âge du fer (de 1100 à 800 avant JC)  les Etrusques, peuple qui vivait en Etrurie  ce qui correspond à peu près à l’actuel Toscane et dans le Latium région qui se situe au centre de l’Italie. Ils devinrent au 1er siècle avant J-C, citoyens de la république romaine.

Les Romains les appelaient « Etrusci » ou « Tusci » et les Grecs les nommaient  Tyrrhéniens ou Tyrsènes, nom qui a été donné à la mer des côtes occidentales de l'Italie).

La civilisation étrusque.

La civilisation étrusque s’est développée avant même que Rome ne soit fondée par Romulus en 753 avant J.-C.

Elle  est plus connue par les archéologues en tant que culture de Villanova ou villanovienne, du nom d’un site archéologique majeur Villanova di Castenaso, situé dans la région de Bologne.

Les Étrusques étaient aussi présents dans La plaine du Pô et en Campanie. La richesse agricole, l’abondance des minerais et la Situation géographique ont favorisé l’implantation de villages qui, en s’associant, allaient ensuite donner naissance à des cités.

A la fin de l’âge du bronze, entre le  13em et 10em avant J-C, de nombreux villages sont établis sur des plateaux faciles à défendre. Ces villages sont formés de maisons rondes ou ovales, bâties en torchis et couvertes de toit de chaume. Il se développe petit à petit une aristocratie formée de grands propriétaires qui exploitent les ressources agricoles mais aussi minières (cuivre et fer)

Cette culture néolithique correspond ensuite à une entité ethnique unique qui connaît le travail des métaux, notamment celui du fer. Ils apparaissent comme des sédentaires, agriculteurs, éleveurs et guerriers (lances, épées, boucliers et poignards des tombes riches).

Déjà à cette époque, les femmes ne semblent pas exclues de positions sociales élevées ou de la richesse.

Grâce à leur situation géographique privilégiée qui leur permet de jouir de ressources métallifères abondantes, les hommes de la culture villanovienne du premier âge du Fer (vers 1000-700avant J.-C.) acquièrent rapidement une grande maîtrise dans l’art de la métallurgie. Ce savoir-faire des artisans, dont la renommée dépasse les frontières de l’Etrurie dès le 7me siècle avant J.-C., se traduit au travers d’une production d’objets votifs et d’ustensiles à destination d’une classe aristocratique.

Civilisation riche mais peu connue, contemporaine des Grecs, les Etrusques avaient des liens culturels et commerciaux avec ceux-ci comme l'attestent la présence de nombreuses vases peints de ces derniers, vases qui ont été trouvés ici et là dans les différents sites Etrusques fouillés à ce jour.

Ils étaient considérés comme des «indigènes» en Italie, et leurs royaumes ont prospéré avant l’expansion romaine. Les étrusques sont originaires de Lydie (Asie mineure – Anatolie, la Turquie antique). L’Étrurie n’était ni un état, ni un empire, mais une confédération de 12 cités.

La langue Etrusque

La langue étrusque résiste encore aux tentatives de déchiffrement. L’étrusque n’appartient pas à la famille des langues indo-européennes. Il présente certaines particularités grammaticales avec les dialectes lycien, carien et lydien (dialecte de l’ouest de l’Anatolie). C’est aussi une langue agglutinante, c’est à dire qui accole des suffixes au radical des mots (comme le basque ou le turc). Elle se caractérise par une propension à la répétition. Autre curiosité, les nombres se forment par soustraction : par exemple, on ne dit pas « vingt-six » mais « quatre ôtés de trente ». Étonnant, non ?

L'origine de l'alphabet étrusque ne fait aucun doute. Le premier alphabet a été inventé par des hommes de langue sémitique dans le Proche-Orient antique. Les Grecs ont dérivé leur alphabet de celui des Phéniciens et ont ajouté les voyelles, aboutissant ainsi au premier alphabet véritable. Une variante occidentale de l'alphabet grec a été apportée par les Grecs d'Eubée en Italie, et c'est d'eux que les Etrusques l'ont acquis. Les Etrusques, à leur tour, ont transmis l'alphabet aux Romains.

Par ailleurs, l'alphabet étrusque a été diffusé à la fin de la période archaïque (vers. 500 avant JC) dans l'Italie du Nord, devenant le modèle pour les alphabets des Venètes peuple gaulois connu à travers les mentions de Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules et qui a donné son nom à la ville de Vanne  (Gwened en breton).

Le vrai problème réel avec les textes étrusques se situe dans la difficulté que les spécialistes ont  à comprendre la signification précise des mots, et qu’ils ne  connaissent des formes grammaticales que quelques éléments à caractère général, car aucune autre langue connue n’a de parenté.

Ceci signifie que la langue n'est pas vraiment isolée ; ses racines sont entremêlées avec celles d'autres formations linguistiques et ses dernières évolutions ont pu se produire au contact plus direct avec l'environnement linguistique pré-indo-européen et indo-européen de l'Italie.

Aujourd’hui, il n’y a pas l’équivalent de la « pierre de Rosette » qui permit à Champollion de traduire les hiéroglyphes égyptiens.

Au sixième siècle avant J.C, commence la période archaïque qui correspond à celle de la Grèce. Les richesses ne sont plus concentrées dans les seules mains des aristocrates mais elles sont investies dans le commerce et permettent aux villes de s’équiper d’infrastructures urbaines (puits, routes, réseaux d’égouts).

Les cités Etrusques

Si l’on se base sur la superficie des sites archéologiques, les cités étrusques s’étendaient entre 30 et 200 hectares et la population moyenne  était comprise entre 20 000 et 40 000 habitants. Les rues possédaient des égouts et les maisons avaient des citernes pour recueillir les eaux pluviales. Les romains doivent aux étrusques l’assèchement du marais où s’éleva plus tard le forum.  Les sols imperméables de la campagne de l’Étrurie centrale furent percés de puits verticaux reliés à des canaux souterrains qui allaient se déverser dans les rivières voisines.

Le Panthéon étrusque

Les Étrusques ont souvent transposé les noms des dieux grecs pour désigner les divinités de leur panthéon. Le dieu Tinia est le principal dieu étrusque et il correspondrait à Zeus et Jupiter mais il aurait des fonctions plus larges tout comme son épouse Uni (Héra/Junon).

Les caractéristiques de cette dernière ont telles qu’elle a pu être assimilée par les Étrusques à l’Astarté phénicienne.

Hercule, sous le nom d’Hercle, est aussi très présent.

La société Etrusque

À la fin du 7 e siècle avant J.-C. et au début du 6e siècle, la classe dominante s’élargit et ses membres érigent à leur tour des tombeaux. Dès les époques les plus anciennes, la sépulture est pour les Étrusques un lieu où les morts continuent leur existence comme de leur vivant, c’est pourquoi l’intérieur des tombeaux ressemble à celui des maisons. Les hommes sont disposés sur des couches sculptées et les femmes sur des coffres bordés d’une « tête » triangulaire.

Le début du déclin

La défaite des Étrusques devant les Grecs à Cumes en 474 avant J.-C. provoque le ralentissement des relations avec la Grèce et amorce une phase de crise

Les villes-état auront de plus en plus à composer avec la puissance montante qu’est Rome qui devient une menace  plus précise durant le 4 siècle. Véies est la première cité étrusque conquise par les romains. L’Étrurie finit par être complètement contrôlée par ces derniers dont la culture diffère de celle des Étrusques.

Rome fut la première à se libérer de la domination étrusque en chassant les Tarquin vers -509 avant JC. Quelques villes étrusques restèrent ainsi isolées en Campanie, elles s'affaiblirent après la défaite navale de Cumes, et furent définitivement perdues en -423 lors de la conquête de Capoue par les Samnites peuple du sud est de l’Italie.

Au nord, l'invasion gauloise détruisit les cités étrusques de la plaine du au début du Ve siècle av. J.-C.

Durant plus de deux siècles, à l'initiative tantôt de l'une tantôt de l'autre de leurs cités, les Étrusques luttèrent contre l'expansion romaine. Mais en -295, bien qu’ils passèrent des alliances diverses, en quelques décennies ils furent totalement assujettis à Rome et inclus, par des traités spécifiques, parmi les « alliés » de la péninsule italienne et devinrent des citoyens romains.

La civilisation étrusque a duré dix siècles conformément à leur croyance qui la limitait sur terre à dix âges.

Après la conquête romaine, les vainqueurs affirment leur pouvoir. Les magistratures locales sont supprimées, les citoyens doivent servir dans l’armée romaine. L’histoire de l’Étrurie se confond dorénavant avec celle de Rome et le latin supplante définitivement la langue étrusque au 1ersiècle après J.-C.

Pour les Romains, les Étrusques avaient fondé les premières villes d’Italie. 

Cependant les Étrusques ont laissé des traces à Rome. Les historiens non seulement latins mais aussi ceux d’aujourd’hui s’accordent à reconnaître l’origine étrusque du rite de la fondation de Rome, par exemple, lorsque Romulus trace par un sillon l’enceinte de la ville de Rome.

C’est aussi selon un modèle étrusque qu’a été bâti le temple plus important de la Rome antique : celui du Capitole dédié à Jupiter. La civilisation étrusque a profondément marqué la civilisation romaine sans que les Romains de l’empire aient clairement conscience de l’étendue des apports étrusques.

Si les étrusques suscitent la jalousie des romains, c’est surtout parce qu’ils les devancent dans tous les domaines. Les romains ont tout emprunté à la civilisation étrusque : les insignes de la magistrature, le rôle des haruspices (devins qui lisaient dans les entrailles d’un animal l’avenir) et le système des noms propres, l’architecture des temples, l’organisation urbaine, les rites de fondation des villes ou l’organisation de la légion s’inspireront du modèle étrusque. Rome était fière de ses origines étrusques et  dès la fin du IVe siècle avant J.C, les grandes familles romaines avaient l’habitude d’envoyer leurs fils étudier dans une ville étrusque et il était de bon ton dans ces mêmes familles de mettre en avant ses origines étrusques. A l’époque d’Auguste, la maîtrise de langue étrusque était encore considérée comme un signe de haute éducation.

Le matriarcat

Qu’en est-il du matriarcat dans l’histoire et dans le monde ?

Il semble que les sociétés pastorales de nomades d’Eurasie (Au sens géographique, l’Eurasie désigne un continent formé par l'Europe et l'Asie) dans lesquelles le patriarcat semble s’être formé aient été également des sociétés matriarcales. C’est du moins ce qu’il ressort des fouilles menées entre 1992 et 1995.

Dans ces sociétés primitives, des scythes et des sauromates, 700 ans avant J.C il existait des femmes guerrières que l’on nomma « amazones »

 Hérodote, historien grec du Vème siècle avant J.C disait: « Chacun prend une épouse, mais les femmes sont communes à tous.

Le Massagète (peuple apparenté aux Scythes) qui désire une femme accroche son carquois à l’avant de son chariot et s’unit à elle en toute tranquillité. ».

Le témoignage d’Hérodote reflète peut-être une liberté de mœurs chez les Massagètes, que n’avaient pas les femmes grecques.

La seule certitude des historiens est le rôle prépondérant de la femme. Hérodote dit formellement que chez les Issedons (autre peuple d’Asie lié au Scythes) les femmes sont les égales des hommes : « Au reste les Issedons sont, eux aussi, vertueux, et les femmes ont chez eux les mêmes droits que les hommes ». Plusieurs reines saces (branches orientales des peuples Scythes), sont mentionnées par les auteurs grecs, comme Tomyris reine des Massagètes, mais aussi Zarina (« la dorée »). En – 529, la reine Massagète Tomyris défait Cyrus, roi des Perses, elle fera couper sa tête et la plongera dans un bain de sang en disant ces mots : « Ta lâche ruse m’a pris mon fils. Mais je vais, moi, te rassasier de sang, comme je t’en avais menacé ». La femme Sace monte à cheval, combat, lève une armée et envahit des territoires.

La femme Sace pouvait ainsi se défendre seule contre les bêtes sauvages lorsqu’elle gardait les troupeaux et cessait d’être une proie facile pour les ennemis.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

En Chine aujourd’hui, le groupe (Amei) est une société matriarcale.  Dans cette société, la parenté est matrilinéaire.  Il existe entre les deux sexes un équilibre simple et millénaire.

Au sud ouest de la chine, il existe une ethnie appelée « Moso » qui est une  société matrilinéaire, c'est-à-dire que la filiation passe par la mère, comme une société matrilocale car l’époux rejoint sa femme dans sa famille et enfin comme société avunculaire car ceux sont les oncles maternels qui s’occupent des enfants et non les pères.

Dans le nord-est de l’Inde, les Khasi sont aussi une société matrilinéaire et matrilocale, cette société fait figure d’exception dans ce pays. Le matriarcat (« droit maternel », ou « ordre social maternel », et non pas « pouvoir aux femmes ») est un modèle de société structuré sur la filiation maternelle, et où l’autorité parentale légale est exclusivement maternelle : le père biologique n’a aucun droits sur l’enfant. La mère et non le père détient la propriété, c’est à dire le pouvoir réel : sur l’enfant, la maison, la terre, les richesses…Les hommes, eux, n’héritent de rien et en cas de divorce ils perdent tout.

Les Etrusques, Un peuple matrilinéaire, pacifique et libertin ?

Il est vrai, qu’en lisant les commentaires de grecs et des romains ainsi  qu’en regardant  l’iconographie étrusque qui nous est parvenue, l’on peut se poser la question.

Aux dires de leurs contemporains, ce peuple préférait les plaisirs de la vie à la guerre et aux conquêtes militaires. Les grecs et les romains jugeaient leur mode de vie scandaleux. Leurs arts indiquent que les femmes étrusques ont eu un statut d’égalité avec les hommes, et ceux-ci ont été autorisés à socialiser librement (liberté sexuelle). D’après l’historien Théopompe (dont je n’ai pas de représentation), ils célébraient tellement « d’orgies » qu’aucun d’eux ne pouvait être sûr de sa filiation paternelle. La filiation des étrusques était maternelle et Les femmes étrusques étaient des femmes libres. Tout est dit !

Elles disposaient de leur propre fortune et possessions, alors que leurs voisines grecques et romaines étaient sous la tutelle de leur père, puis de leur époux.

Si la femme romaine était un peu plus libre que la femme grecque, les romains n’hésitaient pas à juger le comportement des femmes étrusques  de licencieux et de mauvaise moralité, les comparants aux musiciennes ou aux prostituées des banquets grecs ou romains. Alors que le mari étrusque tient son épouse en haute considération, les maris romains écrivaient tout au plus sur la tombe de leur épouse « domum servavit » (A été une « bonne servante de ma maison »). Cela oppose la « mère vertueuse romaine » aux « femmes étrusques couchées sur leurs lits de banquet ».

Alors, la civilisation  Etrusque, une société Matriarcale ?

Mater familias et guerrières amazones

L’on peut voir sur ce vase une femme étrusque, dans une tenue légère, combattre deux hommes, aussi légèrement vêtus qu’elle !

Quand les tombeaux de Toscane en Italie furent mis à jour au 19ème siècle, les conséquences furent retentissantes. Car, dans chaque tombeau, la place d’honneur était réservée à la mater familias, la femme chef de famille. Cette règle était incontournable, si bien qu’au 19em siècle, un archéologue italien imposa que la description des tombes, mette l’épouse dans une situation plus basse que celle de l’époux

Qu’en est-il de la famille étrusque ?

Elle est constituée du père et de la mère qui cohabitent avec les fils et les neveux, se distinguant de la famille romaine ou grecque. Les Étrusques semblent avoir toujours eu des familles solidaires; aucun des membres de la famille ne contestait le "pater familias", l'autorité guide.

La position sociale de la femme chez les Etrusques

A l'intérieur de la famille Étrusque, la femme a une place considérablement marquée ; il est possible de remarquer un détail particulier à l'état civil étrusque : le nom des femmes est précédé des prénoms ; alors qu'une femme romaine, au combien illustre, sera toujours seulement une Claudia, une Cornelia, une Livia.

Les femmes étrusques étaient désignées avec des prénoms qui leur assuraient une certaine identité, une personnalité à l'intérieur de la famille : en outre alors que la forme onomastique (origine des noms propres) latine mentionne après les noms masculins seulement les noms du père : l'épigraphe (inscription)  étrusque y ajoutait le nom de la mère. Ces usages, dans leur singularité et dans leur persistance, nous offrent un indice sur la position de la femme dans la famille étrusque.  

Elle "sort" beaucoup, joue un rôle politique et même administratif, elle vit pleinement sa vie de famille et celle de la société. Les femmes étrusques ne jouissent pas seulement d'une liberté en comparaison des femmes romaines, mais à l'intérieur de la société civile, elle adoptait même une fonction prépondérante : à tel point que l’on en ait arrivé à des conclusions parfois excessives, en parlant de véritable matriarcat des femmes étrusques. Il n'y a pas seulement des exemples de témoignages historiques de femmes particulièrement en vue dans les événements politiques, mais même des exemples archéologiques qui nous montrent l'importance de la femme dans les tombes étrusques.

La femme  étrusque vit pleinement toute l'intense activité de sa société, en occupant un rôle privilégié, presque investie d'une autorité souveraine : elle est artiste, curieuse de l'hellénisme et elle promeut la civilisation et la culture de son pays,  finalement elle est vénérée dans la tombe come si elle était une déesse. Fait curieux, dans les couvercles des urnes, sont représentés dans un réalisme extraordinaire les figures de ces femmes, sans éviter de montrer crument les signes de la vieillesse. Le portrait est fait fidèlement ; cette volonté de rester autant semblables à eux-mêmes, est la marque indubitable d'un fort caractère.

Si le rôle des femmes grecques ou romaines se limitait aux tâches de maitresse de maison, la femme étrusque participait aux banquets et avaient accès à la propriété. Elles prenaient une part active et légitime à tous les plaisir de la vie et ne laissaient pas à leur époux et compagnons le monopole du luxe et de la joie de vivre. De nombreuses inscriptions sur des sarcophages ou des urnes funéraires attestent de la position sociale libre des femmes dans  cette société. Elles participaient aussi aux épreuves sportives.

Mariages et unions

Les étapes du mariage sont les mêmes qu’en Grèce avec quelques nuances, il permettait d’unir des cités différentes.

Les femmes étrusques  participent à l’éducation des enfants, car il n’y a pas comme en Grèce des pédagogues.

Même  si les romains, très misogynes, admiraient parfois le courage et l’autonomie de certaines femmes étrusques, ils n’hésitaient à décrier cette société. Cependant il nous faut reconnaître que dans cette société il y a des clivages d’ordre social, puisque les femmes de condition inférieure accompagnent dans leurs tâches, les maitresses des grandes  maisons.

Si  La prostitution n’est pas attestée en Etrurie, par contre la prostitution sacrée est pratiqué par les femmes dans les temples, elle permettait d’obtenir des habits, de la nourriture et de réaliser l’entretien du temple. .

Les femmes étrusques sont souvent représentées sur les urnes funéraires ou sur les sarcophages comme elles étaient réellement dans la vie, sans retouches, le visage marqué par les rides et le corps alourdi par l’âge. Ce type de représentation est pratiquement unique dans le monde contemporain. Les fresques tombales ne manquent pas de révéler comme dans la Tombe des Taureaux des scènes érotiques osées montrant une femme se donnant à plusieurs partenaires ou participant à des jeux sexuels compliqués.

Mœurs dépravées », farniente et dolce vita

Les Étrusques adoptent rapidement la mode grecque du banquet, illustrant l’opulence et le pouvoir de l’aristocratie. De nombreuses fresques ornant les tombeaux en témoignent. Le banquet est codifié. Des services luxueux en métal ou en terre sont spécifiquement conçus pour la préparation du repas ou pour le service du vin. Les Étrusques sont d’ailleurs de grands Producteurs et consommateurs de vin, une boisson essentielle dans les rites sociaux et religieux au nord du bassin méditerranéen. On « banquette » souvent et l’on parle d’une (Etrurie du vin), c’est d’ailleurs semble-il, les Etrusques qui ont fait connaître le vin aux gaulois.

Les grecs définissaient les mœurs étrusques par « la Truphé », mœurs dissolus et dépravés parce que les femmes se paraient de bijoux, se mettaient du fard et s’habillaient de vêtements aux couleurs criardes. Ils  les jugent comme un peuple paresseux et décadent puisqu’il donne autant de  place à la femme. Il faut comprendre que la richesse des territoires de l’Etrurie autorise un certains laisser-aller pour les classes dirigeantes.

Il semble que les femmes étrusques dans les banquets notamment, aient eu un statut identique à celui des hommes. Elles choisissaient leur place, buvaient à la santé de qui elles désiraient, elles assistaient aux jeux (les ludi).

Au-delà d’une certaine médisance évidente, les récits des mœurs prêtés aux Étrusques devaient traduire un mode de vie très libéral, totalement incompréhensible et inconvenant pour les Grecs. La joie de vivre des Etrusques est notamment visible sur  les fresques funéraires des hypogées.

Mais le couple étrusque pouvait aussi être très uni, en témoigne le sarcophage des époux de CEVETERI (l’une des cités)

Le mari et son épouse sont allongés, enlacés l’un contre l’autre, égaux pour l’éternité comme ils l’avaient été dans la vie terrestre c’est là, la particularité de ce sarcophage, les cendres des défunts sont mêlées dans l’urne. La position identique sur la couche des deux personnages, traduit bien leur égalité sociale. Les femmes étrusques participent à l’intense activité de la société,  Elles  sortent  souvent « sans rougir, pour être exposée au regard des hommes », participent aux cérémonies publiques, aux danses, concerts, jeux ; elles président même parfois à partir d’une estrade appropriée. Elles sont autorisées à regarder les compétitions des hommes, ce qui était interdit en Grèce et puni par la peine de mort. Lors des manifestations, il y a une mixité des publics, hommes et femmes.

 En résumé, Les femmes des Étrusques sont émancipées par rapport aux femmes grecques ou romaines et elles ont  une grande importance tant au niveau politique qu’administratif. Elles vivent pleinement une vie de famille au sein de la société civile où leur rôle est prépondérant. Parée de tous ses bijoux, elles pouvaient aussi posséder des biens en leur nom propre.

Il semble donc que la société étrusque est été une société égalitaire. Au IXe s. av-JC, toutes les sépultures de la communauté étrusque disposent d’un matériel d’une valeur égale, ce qui révèle l’absence totale de stratification sexuelle, éventuellement il n’y a de seule distinction que sociale et encore, la société étrusque du IXe s. av-JC était peut-être une société communiste au sens premier du terme. Dans les siècles qui suivent, avec les invasions aryennes, une nouvelle stratification sociale apparaît.

 Certaines tombes d’aristocrates se démarquent des autres par un matériel plus riche (vase d’importation grecque, bijoux etc.…).

Un motif de guerre avec leurs voisins

Femmes naturistes et libertines, des enfants sans père

Théopompe, historien grec du ive siècle av. J.-C. a indiqué que « les femmes jouissent de tous les hommes en toute liberté. Dans les rues elles marchent hardiment à leur côté des hommes et dinent couchées à côté d’eux. Elles ont pris grand soin de leur corps et de leur visage, les cheveux enlevés de leur peau avec de la cire fondue et excellaient dans la nudité […] Les femmes étrusques font des enfants en ne sachant pas qui est le père ».  Il ajoute «  qu’elles s’exercent nues, souvent avec des hommes, quelquefois entre elles ; car il n’est pas honteux pour elles de se montrer nues. Elles se mettent à table non auprès des premiers venus des assistants, et même elles portent la santé de qui elles veulent. Elles sont du reste fort buveuses et fort belles à voir. » 

Le viol de Lucrèce, un prétexte à l’abolition du matriarcat

On connaît de Rome à la fois sa rigueur et sa luxure. Pourtant par rapport à Rome, les Étrusques pratiquaient l’amour libre, la filiation maternelle et l’éducation commune des enfants, tout ce qui caractérise la société gentilice (appartenance à la même famille); la prostitution leur était inutile. On raconte que « le viol de Lucrèce »par Sextus Tarquinius fils de Tarquin le superbe, dernier roi de Rome, signa le coup d’arrêt de cette société libérale; dès lors, la législation républicaine de Rome plaça les femmes sous la protection et l’autorité des pères et des époux, et les astreignit à une fidélité absolue, afin de garantir la reconnaissance de paternité.

L’assimilation romaine

Enfin au IIIe s. av-JC, Rome achèvera définitivement le processus, en assimilant les étrusques au modèle romain qui donne les pleins pouvoirs au père. La femme étrusque devient une femme romaine et le  « pater familias » à autorité sur elle. Ce statut est le fait du droit romain. Le  »pater familias » était l’homme de plus haut rang dans une maisonnée romaine. Il détenait la puissance paternelle sur sa femme, ses enfants et ses esclaves. Cet homme avait alors pouvoir de vie et de mort sur sa maisonnée.

Vers le pater familias, nostalgique de l’ère matriarcale

Avec le monde aryen et la romanisation, les choses changent, La « famille nucléaire » forme de structure familiale fondée sur la notion du couple, il s’agit en fait de l’origine de la famille. Cette forme se substitue à la communauté agraire de la période précédente, ce qui correspond à l’instauration du pouvoir d’un pater familias. La transmission du patrimoine s’effectue au sein de la même famille et le patrimoine lui-même devient héréditaire.  Ce changement détermine à son tour la mise en œuvre d’un système social nouveau. La civilisation étrusque passe alors du matriarcat au patriarcat. Néanmoins la femme conserve un statut particulièrement valorisant.

Cela dit, peut-on parler de matriarcat ou d’une approche égalitaire ?

 Il y a un terme d’origine étrusco- lydien : La Nana .

C’est un Terme archaïque qui en français se traduirait par…..none ;

Les Sibylles et Pythies en Grèce et dans l’empire romain, représentèrent une floraison de cette institution, à moins qu’elles ne se soient reliées à une forme typiquement berbère du matriarcat, celui des grandes reines. La nana personnage tabou, se retrouve en filigrane dans la haute époque des peuples scandinaves, océaniques et méditerranéens. Plus tard, beaucoup plus tard, Sainte Anne de Bretagne rappelle le souvenir à peine christianisé, soit d’une « grande nana » régnant sur un collège de nanas.

Dans la famille étrusque ou lydienne, il arrivait que l’une des filles, plutôt l’ainée, se consacrât à une prêtrise domestique : elle devenait nana. Célibataire et vierge, elle était la gardienne de la tradition, le célébrant des rites et la prêtresse mariant ses sœurs (ce qui lui donnait par ricochet le contrôle des maris). La nana existait à chaque niveau du corps social : famille, clan, cité, Etat. En fait le pouvoir politique était indirectement entre les mains des nanas, parce que prophétesse, elles détenaient l’oracle. Leur chasteté, combinée à une ascèse et à un régime alimentaire, leur donnait des antennes ; elles étaient médiums. A la longue après avoir assuré une stabilité aux civilisations archaïques, l’institution entra en décadence. Elles mariaient à leurs grès les femmes du clan et envoyant les hommes au travail, devenant ainsi des tyrans domestiques

Un texte étrusque, éloquent, dit que l’homme n’avait alors que deux façons d’échapper à la nana le vin et la guerre.

Peut-être que Les abus du « nanarchat » expliquent la révolution romaine et la chute des rois étrusques.

Quand à la (mama) méditerranéenne, autre type de tyran domestique, elle est le reste d’une sociologie plus ancienne.

De la Nana à la Mama

Ces termes sont surtout méditerranéens et le second a la signification implicite de mère abusive, surtout en corse et en Sicile. Peut-être que ce personnage est une sorte de résurgence de la nana préhistorique. Le traumatisme de la « nana » auprès des hommes, s’étendit de l’Asie mineure à l’Espagne, instituant dès le mariage une misogynie dévastatrice pour les femmes. Alors, la fille ainée sera sacrifiée, bonne à tout faire de la « Mama » qui elle reste une image intouchable. A la mort du tyran domestique, trop vieille pour se marier, elle se vêtira de noir à son tour et, médium de l’ombre morte de la Mama, elle continuera son règne.

La « nana » d’antan était d’ailleurs chez les étrusques, jouée par la sœur, elle était vierge et avait tendance à faire verser le sang des mâles.

Epilogue

Imaginons un monde où un jeune homme porte le nom de sa mère, partage à égalité les charges et devoirs de la tenue d’une maison, rencontre des jeunes femmes voir des jeunes hommes, éventuellement devient père sans pouvoir revendiquer aucuns droits sur l’enfant, reste disponible pour toutes les tâches qui incombent à un citoyen comme sa sœur, sa mère, sa compagne. Un homme qui aurait compris qu’il aurait pu être une femme et qu’à ce titre il reconnaisse aux femmes les mêmes droits et obligations qu’à un homme. Un homme qui préfère les plaisirs de la vie à ceux de la mort.

Bon, là je rêve, surtout ces temps-ci.

Il semble que la société étrusque est été une société égalitaire dans laquelle l’appartenance à l’un ou l’autre sexe, n’ait pas eu la même importance que dans les autres sociétés ou civilisation contemporaine de cette époque ni même avec les nôtres. Les femmes sont-elles émancipées ? Pour être émancipée il faut avoir un tuteur, dans cette société, il s’agirait plutôt d’une tutrice.

Les étrusques avaient peut-être atteint un type de société idéal, égalitaire et pacifique. Le monde romain et machiste y a mis fin, dommage, ils semblaient nous désigner un avenir plus radieux.