IDENTITE HISTORIQUE DE L'EUROPE
19.01.2016 - pour la paix !

CONFERENCE du 19/01/2016  Guy ROBIN

IDENTITE HISTORIQUE DE L’EUROPE    « L’Europe existe depuis des dizaines Siècles »

L’identité historique de l’Europe est  due, à différents  hommes qui, ont développé,  il ya des dizaines de siècles, leurs conceptions d’une Europe unie. «  Unie car l’objectif  à souvent été la paix et la stabilité »

D’où vient l’appellation EUROPE

Europe  est personnage mythique :

L’appellation Europe à une origine mythique, c’est le nom de la fille d’un Roi dont le dieu suprême s’éprit.

L’histoire est la suivante :  La fille de AGENOR Roi de Phénicie ( Le Liban aujourd’hui) , se prénomme EUROPE, elle  est élevée par ZEUS Roi de Olympe, qui, métamorphosé en taureau, la conduisit  en Crête pour s’unir avec elle.

Elle lui donna trois fils dont deux se nomment  Rhadamanthe et Minos, qui sont jugent aux enfers et sont les symboles de la justice. Le troisième se nomme Sarpedon et il gouverna avec sagesse la Lycie.( actuelle Turquie)

Donc ce mythe se trouve représenté dans toute l’Europe, par des peintures, tapisseries, ou sculptures.

Par exemple la pièce Grecque de 2 EUROS, porte sur une face la représentation de ZEUS changé en taureau enlevant Europe.

Autre exemple : Le  nouveau billet de 5 Euros sur lequel  la tête d’Europe est représentée en filigrane. (Tête identique à celle du  vase qui est au musée du Louvre.)

Relations entre, l’ EUROPE et Civilisation Grecque et Romaine

Au 7è siècle av JC, des vagues d’émigrants Grecs forment de nouvelles colonies qui se développent en Italie, en Sicile, en France, et on t apportés une certaine notion de sagesse, mais aussi, Sciences, Arts, Sculptures, beaucoup plus tard la renaissance s’inspirera de l’idéal Grec.

Au 2è Siècle av JC la conquète Romaine supplante un appareil Grec, tout en s’enrichissant de culture hellénique, à tel point que le jugement d’ORACE ne semble pas exagéré selon ces termes : « Conquise la GRECE, conquit son féroce vainqueur »

Or la plupart des institutions romaines : Droit,  administration, art, pensées philosophiques, etc., sont des valeurs helléniques. L’empire romain apportera, d’importants aménagement, et d’autres valeurs essentielles, sur une vaste partie de l’Europe. Cet Empire centré sur la méditerranée, englobe au moment de la plus forte expansion, de larges proportions de l’Afrique, et de l’Asie, cependant son centre demeure au cœur de l’Italie, pays incontestablement Européen.

Dans ce vaste ensemble allant de la Sicile à l’Ecosse, et de la Galice à la future Hongrie, le sens de l’organisation, et le souci de rationalisation, multiplient, des actions d’aménagement du territoire, qui marquent toujours la vie contemporaine de ces territoires Européens.

Les découpages administratifs de l’Empire, le développement d’un vaste maillage routier, l’essor d’une hiérarchie  urbaine, ou des villes nouvelles ( Bonn, Mayence, Cologne…), chargées d’organiser le territoire, ou de satisfaire aux besoins sanitaires, comme les villes d’eau, ( Aix en Provence,  Dax, Aix les bains…) cette organisation, ces réalisations sont toujours présentes aujourd’hui sur les territoires Européens.

Puis, l’Empire Romain disparaitra en deux temps, d’abord en raison du clivage entre l’occident Latin, et l’Orient Grec.

Ensuite, en raison d’invasions, venues au delà des lignes de fortifications. (Invasions surtout Germaniques). Toutefois, la marque géopolitique de l’Europe, demeure permanente.

Puis la diffusion du  message chrétien au premier millénaire reste également très forte.

Mais suite au clivage,  une frontière religieuse s’installe au sein de l’Europe, avec un Christianisme Latin à l’ouest, et un Christianisme GREC à l’Est. En 1504 cette séparation est consommée, et se pérennise. (Par exemple la Croatie Romaine Catholique,  et la Serbie Orthodoxe.)

Influence de la Spiritualité

Les pèlerinages et particulièrement ceux  de Compostelle, dont les chemins couvrent toute l’Europe, donne à la religion une  importante dimension. Avec  une diversité et l’autonomie de ses diocèses.

Ainsi les différents habitants des territoires  Européens, éprouvent de vivre dans un espace spirituellement unifié.

Cette spiritualité s’illustre par de nombreuses réalisations artistiques : Art Roman, Art Gothique, et plus tard l’art  de la renaissance et art baroque témoigne d’une harmonie culturelle qui peut-être qualifiée d’Européenne, quelque soient les nuances Nationales, régionales, ou locales des diverses époques.

Politique

Donc, au plan politique l’Europe est fondée sur des héritages de la plus haute antiquité, puis ceux d’Athènes et de Rome.

Mais par la suite, les hommes d’Etats, importants du continent Européen rêvent d’unité, à commencer par CHARLEMAGNE

CHARLEMAGNE se fait appeler de sont vivant «  PATER  EUROPAE » (père de l’EUROPE)

Charlemagne couronné Empereur en 800. Il fait la première tentative de construction Européenne, en connaissant un certain succès, trois siècles après la chute de l’Empire Romain d’occident, et cet événement marque la réunification de l’Europe occidentale sous une seule couronne. Charlemagne n’a de cesse d’étendre son mode de gouvernance, qui conditionne le bien commun des peuples d’Europe.

Roland de RONCEVAUX ; chevalier Franc, neveux de Charlemagne peut-être considéré comme un héro de l’Europe, mort en 778 .Il à laissé son empreinte par sa chanson traduite dans différentes langues dès 1170, qui  est connue dans toute l’Europe. 

Malheureusement  l’unité sera de courte durée, car après la mort de CHALEMAGNE, l’espace Carolingien sera divisé en Royaumes, qui rapidement deviennent rivaux. Mais subsistent, des éléments communs, tels que : le droit, organisation ecclésiastique, la culture.

Ainsi les bienfaits de l’unité Carolingienne, pourra se maintenir durant une dizaine de Siècles ; jusqu’à abolition du terme « saint Empire » en 1806, cet Empire devenu certes plus Germanique, entretiendra la mémoire et les racines fondamentales de l’Europe.

Autres attitudes et tentatives impériales plus tard

L’unification a été une grande ambition impérialiste, que l’on retrouve par exemple avec Napoléon Bonaparte. Il  conçoit  une constitution à Paris,  qui prévoit une organisation territoriale par régions Européennes, à la suite de ses principales conquêtes, qui  composaient un immense territoire Européen. Donc une organisation, pour éviter les conflits, entre états, ou région conquises, n’échappa pas à Napoléon. Le savoir vivre ensemble devenais impératif.

La géographie Européenne du monarchisme.

A partir du Mont Cassin St Benoit fonde le monarchisme au début du VIe Siècle, les religieux couvrent : Italie, la Gaule, Espagne, Angleterre, Germanie d’un réseau de monastères entre lesquels s’échanges les hommes, les manuscrits, les expériences, du nord au sud, et l’ouest à l’Est de l’Europe. Ils parlent une langue commune (le Latin), ils prient et célèbre le même Eucharistie, avec la même liturgie, et le même chant Grégorien.

Aux populations ils donnent une même vision du monde, une même morale, et un style de vie.

Par la suite un nouvel ordre voit le jour, et réunit les moines de l’ordre Bénédictin réformé de Cîteaux fondé par Robert de Molesme en 1098, avant de se développer sous l’impulsion de Bernard de Clairvaux qui met en place une fédération d’abbaye. Seront créées les «  quartes filles » de Clairvaux : La FERTE (Chalon / Saône) ; PONTIGNY (Auxerre) ; puis CLAIVAUX et MORIMONT (Diocèse de Langres).

L’ordre de Cîteaux compte en Europe 343 Abbayes en 1153. Puis 694 en 1300. Un léger déclin apparait ensuite, mais sans démaillage et apparaissent de nouveaux ordres : Ordres mendiants, dominicains, et Franciscains, qui conçoivent la pratique religieuse au contact des populations Européennes et non dans les monastères, isolés.

De partout en Europe le Manachisme est facilité par sa liberté face aux pouvoirs politiques, ainsi un bon nombre de monastères seront indépendant et autonomes.

Organisation spécifique des villes

Dès le 12è Siècle, les habitants des villes européennes obtiennent des libertés communales, qui perdurent au long du 2ème millénaire.

Pendant toute cette longue période, les habitants des villes Asiatiques, Africaines, Hindoues, et Musulmanes, ne bénéficient en rien des libertés des villes Européennes. Certes des rapports de forces avec des princes, Seigneurs ou autorités religieuses pour pouvoir administrer les villes ont Souvent du être nécessaire, mais sans blocages irrémédiables.

Fernand BRAUDEL écrit : «  l’occident a été assez tôt, une sorte de luxe du Monde, les villes y ont été portées à une température que l’on ne retrouve guère ailleurs. Elles ont fait la grandeur de l’étroit continent. »

Les Universités

Les premières universités sont crées au moyen âge à : Bologne, en Italie, Salamanque en Espagne, Coimbra au Portugal, Oxford en Angleterre, Paris en France. Elles ont un esprit d’ouverture transnationale, elles sont apparues à la fin du 12è et au 13è Siècle et ces institutions sont d’un type nouveau. Elles sont constituées de  Maîtres et d’étudiants ayant des statuts, des programmes, des manuels et des Examens.

Elles diffusent à travers l’Europe un enseignement aux fondements communs, en Latin. Ainsi une Elite intellectuelle Européenne se dégage, vers une autonomie scientifique, et littéraire, en dehors des dogmes religieux.

Organisation Européenne des échanges économiques

Au fil de l’histoire, le commerce entre les différents territoires Européens est  toujours présent .Exemples : vers 1220 ouverture du col St Gothard au trafic muletier, c’est l’ouverture d’une nouvelle voie d’échanges commerciaux, promettant de relier  Milan à Zurich et le commerce entre Nord et Sud devient effectif aussitôt.

Ligue Hanséatique (association de marchands au moyen âge) : cette ligne commerciale prend effet en 1241, à la suite d’un traité entre Hambourg et Lübeck ayant pour objectif : Protéger le commerce contre les pirates.

Autres ex : Les foires de Champagne, au XIIIe Siècle, grâce à  la position géographique, et à la gestion des comtes de Champagne qui favorisent la circulation des  produits pour leur commerce, le comté de  Champagne devient plaque tournante, d’un cycle Européen de foires, durant l’année complète entre les différentes villes, et développe les échanges Européens tels que : Chanvre, LIN de Hollande, Vins de France, Espagne, Portugal, Laines d’Angleterre, Cuirs et fournitures de Russie, et de Cordoue, Etc.

Organisation de l’Europe sur un modèle de paix

Dès 1464, un texte est proposé par Georges PODIEBRAD, Roi de Bohème entre 1458 et 1471, proposant la paix entre les différents pays Européens. Cadre diplomatique ambitieux dont l’objet est aussi précisé : Ses signataires, Rois et Princes d’Europe, doivent s’engager de ne pas recourir aux armes, les uns contre les autres, mais plutôt, de se prêter assistance réciproque, contre, tout état ou tout homme qui entreprendrait de nous attaquer ou attaquer l’un d’entre nous.

Plus tard Henri IV avec Sully imaginent, un corps politique de tous les Etats d’Europe, qui peut produire une paix inaltérable, et un commerce perpétuel.

Au début du XIIIe siècle l’Abbé st Pierre (1658 ; 1743) rédige un projet pour rendre la paix perpétuelle, par des articles imposés aux souverains et aux états.

En 1795 cette formulation est reprise par le philosophe Allemand Emmanuel KANT.                 

(1724 ; 1804), Puis connait  une large diffusion.

Selon KANT la paix n’est pas un état naturel, entre deux guerres (Sous entendu une fin de guerre en prépare une autre), c’est pourquoi, la paix doit faire l’objet d’un projet à long terme.

Il prônait l’abolition des armes permanentes ; l’impossibilité pour un état de s’endetter pour une Guerre, et la nécessité de bannir toute pratique Machiavélique.

Dans ce même 18è Siècle MONTESQUIEU (Philosophe Français, et écrivain, mais aussi penseur politique, de la période des lumières) plaide pour une Europe de paix un peu différente.

Une Europe non impériale, mais unie par le commerce.

–Montesquieu écrit dans son ouvrage «  mes pensées »

« Si je savais quelque chose qui soit utile à ma Patrie, et qui fût préjudiciable à l’Europe ; ou bien qui fût utile à l’Europe, et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime ».

Pour Montesquieu l’Europe est un lieu de progrès, de commerce et de paix.

Penser l’Europe au temps des Nationalités.

Le philosophe Français Henri de St SIMON (1760 ;1825) prône la création d’un parlement Européen de 240 membres, placé au dessus, de tous les gouvernements Nationaux, et investi du pouvoir de juger leurs différents.( Idée très moderne).

Trente ans plus tard :

Une vague de révolutions se diffuse dans toute l’Europe ; En France ; Italie ; Autriche ; Allemagne ; Hongrie ; …Etc. Ainsi, les peuples se soulèvent pour réclamer plus de libertés.

L’écrivain et député Victor HUGO, voit dans ce réveil des Nations, la promesse d’une unification Européenne.

Victor Hugo écrit : «  Un jour viendra, ou la Guerre, paraitra aussi absurde, et sera aussi impossible, entre Paris et Londres, entre  St Petersburg et Berlin, entre Vienne et Turin, Etc. ainsi, vous constituerez une fraternité Européenne. »

Lors du congrès qui se tient à Paris le 21 Aout 1849, il plaide pour les Etats unis d’Europe. Ses espoirs de paix entre les Nations, se trouvent étouffés par des Nationalismes belliqueux, et ces derniers conduiront à la première guerre Mondiale. Une guerre aussi incompréhensible que barbare, qui d’ailleurs est définie comme étant une guerre civile Européenne, faite de rivalités, entre les états.

Les penseurs de l’entre deux guerre, pour une Europe contre les Nationalismes

La première guerre Mondiale fait 10 Millions de morts, 20 Millions de blessés, cela entraine un déclin de la fraternité entre  les peuples.

Marqués par les combats meurtriers,  des  actions, plaident pour un nouveau rapprochement les Etats.

 Ainsi, Louise WEISS, une intellectuelle Française, publie à partir de janvier 1918 un hebdomadaire intitulé « Europe nouvelle » qui veut paix et entente entre pays Européens.

D’autres mouvements anti – Nationalistes, prônent pour la réconciliation.

Puis, en 1919 La SDN est crée (Société des Nations) installée à Genève.  En 1924 Aristide BRIAND ministre Français des affaires étrangères, soutient pour la France la ratification d’un protocole, sur l’arbitrage, le désarmement, et la sécurité.

En 1925 BRIAND signe avec Gustav STRESEMANN le traité LOCARNO qui garanti les frontières entre la France et l’Allemagne et Belgique, et établi un pacte d’assistance mutuelle, d’une Europe Restant fidèle à tout son meilleur passé de civilisation et de noblesse.

 En 1926 Les deux hommes l’Allemand et le Français, seront couronnés du prix Nobel de la Paix.

Malheureusement  dès 1929 les prémices d’une crise économique, sans précédant, apparaissent,  qui sera plus sévère en Allemagne, qu’ailleurs en Europe, ainsi en 1939,  l’Europe, puis le Monde seront entrainés, dans une abominable guerre composée, de racisme, et d’un épouvantable génocide, qui marque fortement l’histoire.

Avant d’arriver à l’Europe des 28, il y a eu de nombreuses étapes, il yen aura encore beaucoup d’autres.

L’avenir n’est pas écrit, il dépend des différents acteurs, mais aussi des peuples. L’Europe à encore de nombreuses insuffisances.

Mais, si l’on revisite les cimetières militaires, des deux dernières guerres Mondiales, les longues listes de morts, peuvent faire comprendre, que l’Europe communautaire, est sans doute la forme la plus aboutie de la chartre des Nations unies, la raison la plus forte, est sa dimension pacifique. Cette dimension pacifique du projet Européen mérite au moins le respect.