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Les Baux de Provence Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
15.12.08 /La dernière de l'année : nous l'avons bien fêtée !!!

Nous arrivons de bon matin aux Baux de Provence. Le ciel semble nous tomber sur la tête. Notre optimisme est néanmoins à toute épreuve. On est tout de suite plongé dans un décor de légende... Les pins rachitiques ne peuvent racheter l'austérité des lieux : des crevasses diaboliques, des pics en lutte contre les vents... On accède par un sentier de chèvres au pied de l'oppidum de Bringasse. Les hommes de la préhistoire, attirés par les innombrables possibilités d'habitation qu'offraient les grottes de la région et... surtout leurs escarpements inattaquables, ont laissé de nombreuses traces de leur présence. On aurait trouvé pas loin un guerrier enfoui avec son casque de bronze serrant entre ses dents une pièce en cuivre. Prix d'un ticket pour les enfers ? Nous voilà plongé dans les légendes et les mystères des Baux... Noêl approche à grand pas. Notre âme enfantine adore les légendes....

Didiore de Sicile nous raconte en parlant des Bringassiens : "Ils passent la nuit ordinairement couchés à plate-terre, rarement dans des cavernes creusées naturellement et capables de les garantir de toutes les injures de l'air". Au moment où les Grecs envahissent les comptoirs de la Basse Provence, les Bringassiens s'aventurent à découvert sur l'éperon même des Baux. De Bringassiens, ils deviendront Baussenques. Ils ont laissé deux étonnants cimetières : l'un préromain, l'autre gallo-romain....

Nous ne nous lassons pas de raconter... et les Seigneurs des Baux ? Les seigneurs des Baux ont pris possession de l'antique piton et y ont plané longtemps, longtemps, leurs serres ouvertes, au-dessus de la riche région. Ils ont prétendu descendre des Baltes, attention pas des habitants de la Baltique actuelle, mais des Hardis, redoutable famille des Wisigoths...

On le sait, les seigneurs des Baux portaient sur leurs armes l'étoile à seize rais... Les héraldistes en ignorent l'originre (héraldiste = celui qui est spécialiste des blasons et des armoiries). La tradition populaire en a fait l'étoile du Roi Mage Balthazar dont les princes des Baux voulaient aussi en tirer leur sang : A l'asard Bautezar ! criaient-ils fièrement.... Nadine nous travaille un sujet qui nous en apprendra  peut être un peu plus en février... Patience !

Pour l'instant ce que nous savons c'est que cette étoile était l'emblème des Tziganes qui l'avaient rapporté d'Orient. C'est donc la preuve que Balthazar est bien venu aux Baux ! L'autre preuve en est , paraît-il, que tous les garçons baussenques portent le prénom de Balthazar...

De toutes les traditions, l'offrande des bergers de la messe de Noêl s'est conservée aux Baux de Provence. Cette cérémonie remonterait, dans son déroulement classique, au XVIe siècle. Le Concile de Narbonne qui a eu lieu en 1609 a défendu de représenter dans les églises les prophéties des bergers... En 1612 l'Evêque d'Arles a voulu supprimer celle des Baux sous peine d'excommunication.... Mais, bien sûr,  la tradition a été plus forte et l'église a dû laisser le sacrifice annuel en canalisant l'anthousiasme par de pieux cantiques...

Pendant la messe de minuit, au moment de l'Offrande a lieu cette représentation rituelle, dite le pastrage. Tout d'abord un dialogue chanté s'engage entre un ange caché derrière l'autel et un berger resté au bas de l'église. L'ange annonce la naissance de Jésus et le berger, d'abord incrédule, en accepte l'augure... Alors les bergers pénètrent dans l'église et la traversent lentement pour l'adoration. Les prieuresses sont coiffées du bargelin, haut chapeau conique garni de fruits et de gâteaux, les bergères portent des corbeilles de fruits attachées à leur ceinture ainsi que des présents... Elles sont précédées par des bergers qui jouent au galoubet et au tambourin des airs de Noêl traditionnels... Enfin apparaît le Baïle-pastrea (maître berger) qui conduit le bélier choisi pour la beauté des cornes, orné de rubans multicolores il tire le char de l'agneau : la carretouno. L'agneau y repose sur un tapis de laine rouge. En dehors de la cérémonie, ce chariot est conservé dans l'une des chapelles latérales que Michèle nous fait découvrir... Elle continue à nous expliquer que, tandis que s'avance le baïle-maistre, tenant un cierge allumé à la main, le coeur chante : "la luno es levado"... Le chef des bergers, devant l'autel, prend l'agneau dans ses bras, le présente à l'Enfant et se prosterne devant lui. Il passe l'agneau à la Bergère qui effectue le même geste ainsi que les autres bergers à tour de rôle. La messe se poursuit. Il est d'usage au moment de l'élévation de tirer la queue de l'agneau par trois fois pour le faire bêler d'adoration...

Nous rêvons à cette messe de minuit à laquelle nous décidons de ne pas participer, chacun de nous ayant d'autres projets... L'heure du repas arrive, nous trouvons une crèche à l'abri de la pluie et du vent et nous anticipons Noël : du foie gras, du champagne des "Mince Pies" apportés par Alison. Attention les "minces pies" ne se mangent qu'à la période de Noël et surtout pas à un autre moment... Il paraît que les Anglais déposent un "mince pie" sur une assiette devant la cheminée accompagnée d'un petit verre de Sherry afin que le Père Noël puisse le prendre pour en cas lors de sa tournée.... Nous goûtons ces"mince pies"  et, surprise, nous trouvons qu'ils ressemblent beaucoup au "Patisson" de Beaucaire qui lui se déguste en période pascale et... surtout pas à un autre moment... ! Ah les échanges culturels !!!!

Nous reprenons nos pas quelques intants pour retrouver sous le donjon du château des Baux la chapelle des "Tremaïé". Au dessus du toit on peut voir un rocher avec un bas-relief qui représente Marius, sa femme Julia et la devineresse Marthe (bien que certains y voient les trois Maries...). Marthe la Salyenne qui a joué un rôle important dans la bataille de Pourrières... Ah oui on en avait déjà parlé de cette fameuse bataille... Plutarque nous parle de Marthe : "On la voyait tous les jours se promener en litière dans les camps, et lorsqu'elle allait assister aux sacrifices, elle avait une grande mante de pourpre qui s'attachait à sa gorge avec des agrafes, et elle portait à la main une pique environnée de bandelettes et de couronnes de fleurs"...  (Quel vantard celui-là... il est né en 46 av. J -C. et la bataille de Pourrières a eu lieu en 102 av. J -C.)... Enfin allons savoir, on écoute Michèle qui pense que c'était sûrement une fille du pays qui avait su s'attacher, par ses charmes physiques... ou les bienfaits de la sorcellerie (peut-être les deux) la faveur du général Romain et de son épouse... Peut-être Marius subissait-il l'influence des cérémonies salyennes auxquelles il aurait assisté... En tout cas de la jolie blonde il ne reste que ce rocher gravé... Il n'est pas le seul car nous nous rendons auprès du Gaïé : c'est un rocher qui comporte deux personnages vêtus de toges... sûrement un monument funéraire.

Michèle veut nous amener au "trou des Fées"... nous demandons grâce ! Un chocolat ou un bon vin chaud nous convient bien mieux... 

Comme on vous l'a dit, Noël c'est pour bientôt et comme dans nos projets il n'y a pas de messe de minuit, nous décidons d'en faire une nous-mêmes... Amen !

Ce qui est sûr c'est que nous avons passé une bonne journée pleine d'enrichissement culturel en tous genres... De quoi en raconter aux veillées de Noël....

 
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