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LE CHOCOLAT Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
En cette période, une histoire de chocolat bien savoureuse !

Une rumeur particulière avait couru, un temps, qui laissait penser que Mme de Sévigné était l’inventeur du Chocolat !

 

Rassurez vous, ce n’est pas la Marquise qui l’a inventé ! Quoique ? En fait… Elle a entretenu avec cette denrée exotique des rapports assez passionnés. Sans reprendre tout ce qu’elle a pu écrire sur cette boisson, autant dans un amour plutôt délirant… que dans la déception !

 

« J’en ai pris avant-hier pour digérer mon dîner afin de bien souper. Et j’en ai pris hier pour me nourrir, afin de jeûner jusqu’à ce soir. Il m’a fait tous les effets que je voulais, voilà en quoi je le trouve plaisant, c’est qu’il agit selon l’intention. »

 

« Si vous ne vous portez point bien, si vous n’avez point dormi, le chocolat vous remettra ! Mais vous n’avez pas de chocolatière ! J’y ai pensé mille fois, comment ferez-vous ? »

 

« Je peux vous dire, ma chère enfant que le chocolat n’est plus avec moi comme il l’était. La mode m’a entraînée comme elle le fait toujours. Tous ceux qui m’en disaient du bien, m’en disent du mal. On le maudit, on l’accuse de tous les maux qu’on a »…

 

Et, lorsqu’elle apprend que sa fille est enceinte : « La marquise de Caoëtlogon prit tant de chocolat étant grosse l’année passée, qu’elle a accouché d’un petit garçon noir comme le diable et qui mourût » (la cour murmurait surtout que le chocolat avait été porté par un jeune esclave africain… très affectueux).

 

C’est bien beau de s’entretenir sur les changements d’humeur de la marquise à propos du chocolat, mais j’aimerai savoir si vous connaissez l’étymologie du mot ?

L’origine des mots « cacao » et « chocolat » est très controversée. Pour les uns, le mot chocolat est composé de « choco » qui signifie bruit et de « alte » qui signifie eau. Ces mots sont d’origine Aztèques de « tchoco » et de « lattle » qui signifient le bruit fait par le batteur de chocolat quand il remue la boisson dans la chocolatière avec un moulinet

Pour d’autres, le mot est d’origine aztéco-mexicaine et dérive des mots : cacahualt cacahuaquahuilt : cacaoyer : cacahuazinlte : cabosse.

Le mot maya xocoatl pourrait en être l’origine.

Quant au mot latin primitif du cacaoyer « amygdala pecunaria », c'est-à-dire « amande monétaire » il raconte l’histoire du chocolat.

 

Personnellement je m’attache à imaginer que le mot chocolat viendrait du cacahuaquchtl qui est un arbre de 4 à 10 m qui poussait dans les forêts vierges du Yucatan et du Guatémala. Cacahuaquchtl signifie non seulement cacaoyer mais aussi surtout « arbre » : l’Arbre. L’Arbre des Dieux Mayas !

Vous le savez bien, les dieux, quels qu’ils soient, d’où qu’ils soient ne se nourrissent pas comme de vulgaires mortels. En Grèce c’est l’ambroisie qui a leur préférence… et bien au Mexique et au Guatemala ils affectionnaient une décoction des amandes de… l’Arbre.

 

Il ne faut pas s’imaginer que la décoction se faisait comme n’importe quelle tisane. On grillait d’abord les amandes dans une poêle en terre… On les écrasait entre deux pierres pour en faire une poudre que l’on mélangeait avec de l’eau bouillante. Il fallait ensuite  fouetter, chactchac, tchoc, choc,… avec des branchettes. Ca faisait des bulles… On rajoutait à ce liquide bouillonnant (tchacahoua disaient les Mayas, tchocoalt, disaient les Aztèques)… du piment, ou… du musc et du miel ou bien… de la farine de maïs quand on partait en guerre et qu’on avait besoin de calories supplémentaires.

Et l’on boit.

On boit parce que les dieux sont bons et qu’ils permettent aux mortels, dans des circonstances bien codifiées de goûter à cette nourriture sacrée.

 

C’est une forme de sacrifice, il serait impensable que la forme matérielle des mets soit perdue pour tout le monde. C’est l’intention religieuse qui compte, chez les Mayas comme partout !

 

Un jour, on ne sait toujours pas pourquoi, les Mayas ont tout abandonné et se sont réfugiés dans la forêt vierge. La forêt ou l’Arbre poussait. Les Toltèques, les Aztèques sont descendus à leur tour de l’Amérique du Nord pour faire des expéditions, pas toujours très courtoises bien sûr, mais leur but était de faire provision… entre autre des fèves de l’Arbre. Autant les  Mayas apprécient le Tchacaoua… Autant les Aztèques se régalaient du Tchocoalt.

 

Or, il se trouve qu’un jour, le grand Dieu de la Forêt, Quetzalcoalt, qui était aussi le jardinier du Paradis était monté sur un radeau…. (c’était bien sûr à lui que l’on devait l’Arbre, le cacahuaquchtl qui donnait à la fois fortune et force puisqu’il avait permis que les amandes de son arbre servent aussi de monnaie).

Il était monté sur un radeau et s’était élancé vers l’Océan, vers l’Est… Vers l’endroit où jaillit le soleil !

 

Depuis qu’il était monté sur son radeau, les Aztèques attendaient avec impatience… Ils attendaient son retour !

 

Un jour ils voient arriver un bateau du Levant. (Quetzalcoatl devait revenir l'année ce-acatl (du roseau) et on était une année ce-acatl…) 

 

Ils n’ont jamais vu d’homme blanc et barbu. 

 

Le conquistador Hernàn Cortés est accueilli comme un Dieu  par l’empereur Moctezuma et ses sujets. Ils croient qu’il est un des « Teules » envoyé par les Dieux qui doivent arriver de l’Est suivant la légende ! Cortès les éblouit aussi par son pouvoir de séduction et il est accueilli avec la pompe requise pour le retour d’un Dieu !

 

Le Dieu c’est lui !

 

Malin, Cortés en profite pour demander  le Trésor.

 

« Le Trésor, mais un Dieu connaît le trésor des Aztèques, ce n’est pas de l’or, c’est du… chocolat ! ».

 

Le cérémonial de la culture Aztèque impressionne bien les Espagnols : sacrifices humains, danses masquées, rites propitiatoires (abstinences pendant 13 jours…. Puis jeux d’amour orgiaques le jour de la récolte). Il va sans dire que le dernier épisode a intéressé plus particulièrement les soldats qui n’avaient plus envi de rire au cours des goûter communiels : l’empereur derrière un paravent, la cour en grand tralala, assise parterre sur l’esplanade du palais dégustant avec religiosité une boisson, bruyante… servie dans des milliers de coupes d’or fin par des vierges admirablement dévêtues….

 

Ils n’avaient plus envie de rire quant l’empereur explique qu’il ne se rend jamais dans son harem sans avoir bu de ce breuvage marron…

Ils ont tendu leur tasse.

Ils n’ont pas aimé ce breuvage pimenté.

 

Lorsque Cortés rentre chez lui en Espagne, en 1527, il y a dorénavant sur son bureau une chocolatière toujours pleine.

 

Il n’a pas fait comme son prédécesseur Christophe Colomb qui lui aussi avait reçu des fèves  des Amérindiens… mais il les avait pris pour des « crottes de biques » et il les avait fait jeter par-dessus bord !

 

On a découvert des résidus du chocolat dans les civilisations de l’ancien Mexique qui datent de  -2600, on en aurait découvert de -4000.

 

Une légende dit que cette boisson aurait été confectionnée lors de l’union naturelle du héros Hun Hunaphu Maya, avec une jeune fille de Xibalba. Hun Hunaphu a été décapité par les seigneurs de Xibalba.

Sa tête a été pendue à un arbre mort qui a donné miraculeusement des fruits en forme de calebasse appelées cabosses de cacao.

La tête du héros aurait craché dans la main de la jeune fille et assuré ainsi sa fondation magique. Depuis, le peuple maya se servait du chocolat comme préliminaires au mariage…

 

Le cacao permettait de purifier les jeunes enfants mayas…. Les défunts sont accompagnés de cacao pour leur voyage dans l’au-delà….

 

Chez les Aztèques le chocolat est associé à la fertilité, il sert de monnaie et est consommé sous forme de boisson amère et pimentée avec le roucou (Le rocou possède une très forte teneur en vitamine A, du sélénium, magnésium et calcium). 

 

Seuls les chefs et les guerriers consommaient du chocolat car le cacao était une marchandise rare qu’il fallait importer depuis les vergers du Tabasco et du Soconuzco appartenant aux Mayas.

 

En Europe c’est au retour de Cortés que cette boisson a été découverte répandue par les conquistadors et les missionnaires… A peu près en même temps que le café, le thé et la canne à sucre. 

 

C’est à la cour de Charles Quint qu’il a été véritablement introduit… et qu’il est devenu apprécié à la désolation du Clergé qui voulait en faire une boisson  une boisson divine…

 

En France c’est à l’occasion du mariage d’Anne d’Autriche avec Louis XIII que le chocolat est découvert mais c’est Marie Thérèse d’Autriche qui fait entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles.

Seule la cour avait accès à cette boisson qui était consommée chaude sous forme de boisson.

Elle était l’apanage des plus riches jusqu’à l’installation de marchands juifs chassés d’Espagne par l’Inquisition qui a permis une popularisation du produit et de ce fait on retrouvait des chocolatières même dans des familles plus modestes.

 

Un certain David Chaillon, ancien page de la Reine Mère, a obtenu de Louis XIV, qui préférait encore à l’époque  le vin au bouillon « astèque »,  le « privilège exclusif pour 23 ans de fabriquer, faire vendre et débiter dans toutes les villes du Royaume une certaine composition qui se nomme chocolat, faire en liqueur, ou en pastilles ou toute autre qu’il lui plaira »  car à cette époque on venait de découvrir le moyen d’évaporer le chocolat et de le mouler.

C’est le 20 mai 1659 qu’il a ouvert sa première boutique et en 1693 la vente en est devenue libre, au grand dam des communautés religieuses qui rêvaient d’en faire un monopole.

 

La première fabrique en France est fondée par le chocolatier Jules Pares en 1814 dans les Pyrénées Orientales, après un incendie et c’est un de ses descendants Léon Cantaloup qui reconstruit en 1927 la 2ème chocolaterie à Arles-sur-Tech qui a été à nouveau entièrement détruite par… les inondations. La famille l’a reconstruite à la périphérie de Perpignan… C’est l’origine du groupe CEMOI.

 

En 1815 le hollandais Coneraad Johannes Van Houten crée aussi une première usine qui sera suivie par les Suisses Cailler, Suchard, Kohler, Lindt et Tobler.

 

C’est l’anglais Cadbury qui produit le premier chocolat noir à croquer en 1821.

 

On introduit à cette époque des cacaoyers en Afrique pour répondre aux besoins de l’industrie.

En 1828 Van Houten dépose un brevet pour le chocolat en poudre, puis il invente un procédé pour séparer le cacao maigre et le beurre de cacao.

 

Kohler invente le premier chocolat aux noisettes….

 

Nourriture des dieux et des princes, monnaie d’échange, médicament au XVIIIe siècle le chocolat est aujourd’hui un produit commun mais aussi… sophistiqué, familier et… exotique, il est aussi porteur de mystères et de traditions.

Son chemin à travers les continents, les cultures et les siècles en ont fait un élément de notre art de vivre, de notre patrimoine culturel mais surtout… gastronomique.

Bonne dégustation !

 

 
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