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L'histoire de la Haute Couture Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
C'est aussi l'histoire des grands couturiers qui ont bien été inspiré par la Provence....

L’HISTOIRE DE LA HAUTE COUTURE :

Comme nous l’avions vu la semaine dernière, nous pouvons distinguer, suivant les époques, des modes qui se sont succédées.

Ces modes se sont répandues dans les classes privilégiées de la Société et il est également apparu que le vêtement pouvait être facteur de différenciation dans la société, ou

dans la profession. C’est ce que nous avons vu également avec l’étude du Costume Provençal.

Le développement de l’industrie des textiles et le perfectionnement des teintures va beaucoup modifier les possibilités de choix… La propagation des revues et de l’industrie de la confection va promettre de rapides renouvellements….

Nous avions déjà vu qu’à partir de la deuxième moitié du 19e siècle la Haute Couture a fait son apparition.

La naissance de la Haute Couture.

C’est un fournisseur attitré de l’impératrice Eugénie : Charles Frédéric Worth qui a eu l’idée de présenter ses créations à ses clients.

Il s’installe à Paris dans les années 1850, avec sa famille, pour ouvrir un salon de couturier. En premier lieu, pour la princesse de Matternich et pour l’Impératrice Eugénie il fait porter ses modèles par des mannequins… en chair et en os. Les premiers défilés de modes sont nés.

Worth révolutionne surtout le commerce du vêtement : il transforme la couture en une industrie de luxe : Il est le premier à comprendre qu’il est essentiel de vendre ses modèles bien au-dessus de leur prix de revient.

Il favorise ainsi une mode ostentatoire et luxueuse qui correspond bien aux aspirations de sa clientèle.

Il la reçoit dans de vastes salons à l’allure de salles de bal.

Il montre ses modèles et présente ses collections saisonnières sur de vrais mannequins.

La mode reflète l’enrichissement de la bourgeoisie d’affaires (industrie et chemin de fer). Cette bourgeoisie est avide de luxe et de fêtes.

Cette mode reflète aussi la codification de la vie sociale jusque dans la hiérarchisation des modèles proposés : distinction nette des toilettes : d’après-midi, robes pour dîner intime, robes pour un dîner privé, un bal, pour le théâtre…

La chute de l’Empire et l’avènement de la IIIe République n’affecte pas l’activité de Worth qui devient fournisseur des familles royales Italienne, Espagnole, Hollandaise et Russe ainsi que des riches héritières… Américaines. À Paris, il habille aussi bien les femmes du monde que les actrices.

C’est à partir de 1890 qu’une certaine simplification de la ligne  vestimentaire commence à s’imposer.

Redfen, couturier, lui aussi britannique, lance pour l’après-midi le costume tailleur (appelé plus tard : Costume-trotteur) C’est la commande du Trousseau de la Princesse de Galles qui a permis à cette Maison de Couture d’être reconnue…

Une nouvelle fois un Anglais fait la mode à Paris…

L’urbanisation croissante, les revendications féministes, la pratique du sport, les transports expliquent la diffusion du tailleur. Durant les années 1910 il est le symbole de l’émancipation de la femme mais reste avant tout associé aux métiers urbains.

Il reste malgré tout le « parent pauvre » de la mode couture. Son style sobre et son aspect cravaté et guindé vont laisser peu à peu la place à la fantaisie et à l’imagination de grands créateurs comme Jeanne Paquin

et surtout Paul Poiret.

Jeanne Paquin

Elle est née à Saint-Denis, près de Paris, son vrai nom est Jeanne Beckers. Elle fait son apprentissage de couturière chez Rouff.  En 1891, après son mariage avec Isidore Jacobs, dit Paquin, elle ouvre sa propre maison de couture à Paris, 3, rue de la Paix.  Ses robes du soir aux tons pastel, inspirées de motifs du XVIIIe siècle, ses modèles ornés de fourrure ou d’incrustations de dentelle, lui assurent rapidement une grande notoriété.

Femme d’affaires avisée, elle est en outre l’une des premières à pressentir l’intérêt des techniques de promotion (la « réclame », comme on disait à l’époque), n’hésitant pas à apparaître entourée de ses mannequins à l’Opéra ou les jours de Grand Prix, et à organiser de véritables défilés de mode pour promouvoir ses nouveaux modèles.

 

Paul Poiret

Il est né à Paris le 20 avril 1879 et mort à Paris le 28 avril 1944 est un couturier français, connu pour ses audaces. Il est considéré comme un précurseur du style Art déco. Sa marque commerciale est un  turban très enveloppant orné d'une aigrette que sa femme, Denise, rend célèbre. On avait pu admirer quelques unes de ses créations lorsque  nous avions visité le Jardin de l’Abbaye St André à Villeneuve les Avignon….

 

Les centres de mode sont peu nombreux et attirent une clientèle mondiale, notamment toutes les familles royales, les riches Américaines et les familles fortunées d’Amérique du sud…. Les actrices sont aussi habillées par les Grands Couturiers… Plus particulièrement par Jacques Doucet…

Jacques Doucet, né à Paris le 19.02.1853 et mort à Paris le 30.10.1929, est un grand couturier, collectionneur et mécène français,  C’est une personnalité de la vie artistique et littéraire parisienne des années 1890.1930. Propriétaire d’un magasin hérité de sa mère, rue de la Paix, Jacques Doucet fonde à Paris une des premières maisons de haute couture. Sa riche clientèle d’actrices et de femmes du monde  lui assure une fortune et lui permet de satisfaire ses passions d’amateur d’art et de bibliophile. Ses héritiers ont créé un musée que nous connaissons bien : La Fondation Angladon à Avignon.

 

Durant la Première Guerre mondiale, l’absence des hommes modifie la place des femmes dans la société. Confrontées à de nouvelles responsabilités, les femmes sont désireuses d’accéder à un style de vie qui soit l’expression de leurs nouvelles aspirations.

Les Années 20 traduisent les nouvelles aspirations.

Les grands couturiers prennent l’habitude de travailler pour le théâtre et aussi pour le cinéma… cette tendance sera l’une des constantes de la haute couture jusqu’à nos jours.

Les grands créateurs de l’époque :

Jean Patou, Lucien Lelong, Jeanne Lanvin, Jenny, Cherruit, Henri Poirier, Molyneux imposent une silhouette « à la garçonne »

Les robes sont raccourcies, largement décolletées à l’arrière, la taille peu marquée et bien sûr… le corset définitivement abandonné.

Les femmes sont maquillées de façon artificielle, portent des pyjamas le soir, les cheveux courts parfois gominés, elles arborent de longs fume-cigarettes.

Les chapeaux « cloche » font leur apparition, les chaussures visibles, sont réalisées dans le même tissu que la robe.

La pratique des sports impose la création de tenues spéciales pour le tennis, le golf, le casino ou la montagne

Ces tenues sont de préférence en maille auxquelles Coco Chanel attache son nom.

Coco Chanel née à Ponteils-et-Brésis dans le Gard de parents camelots est abandonnée par son père pour aller faire fortune en Amérique, à la mort de sa mère et elle se retrouve seule avec ses deux sœurs dans un orphelinat, ses deux frères étant placés dans une ferme comme garçons à tout faire.

Ne voulant pas partager le sort des « cousettes » elle est prête à prendre des risques elle fait ses premières apparitions dans un caf’conc’ devant des officiers qui la surnomment « Coco ».

Ses créations avant-gardistes,très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque. Elle fabrique des chapeaux qui séduisent.  Devenue la compagne de Bob Copel elle ouvre son premier salon « Chanel Modes ». A la mort de son amant elle se raccroche à son travail comme une forçenée, cette attitude sera payante…

Elle manque d’étoffe après la guerre et taille des robes de sport dans le jersey, tricots de corps pour les soldats. Libérant le corps, abandonnant la taille Chanel annonce cette « silhouette neuve » qui lui vaudra sa réputation. Les femmes essaient de l’imiter, elles maigrissent et coupent leurs cheveux. Les vêtements simples et pratiques s’inspirent d’une vie dynamique et sportive qui aime jouer avec les codes féminins/masculins.

Elle rembourse Bob refusant le statut de femme entretenue.

En 1926 la célèbre « petite robe noire » maintes fois copiée devient un classique de la garde-robe féminine.

Chanel est la première couturière à lancer ses propres parfums et commercialise N°5 qui connaîtra une célébrité mondiale.

Elle s’adapte aux mutations et privilégie une silhouette plus épurée avec des robes du soir légères, transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle dans des couleurs faussement neutres (blanc, noir ou beige). Elle crée les premières robes à balconnet et le style « gitane ».

Elle ne se déplaçait jamais sans ses perles et avait un goût prononcé des bijoux. Elle ouvre donc son atelier de bijoux fantaisie puis sa collection de Haute Joaillerie.

En 1929 elle était à la tête d’une entreprise de 4 000 ouvrières qu’elle licencie à l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre Mondiale pour se consacrer exclusivement à son activité des parfums.

Après la guerre elle sera effondrée de la mode « newlook » de Christian Dior qui fait fureur : taille de guêpe et seins pigeonnants obtenus par la pose d’un corset ou d’une guêpière : tout son travail de libération du corps de la femme serait-il réduit à néant ?

En 1954 ? à 71 ans elle rouvre sa maison et renoue avec la création. Sa première collection à contre-courant du « newlook » est mal accueillie mais son tailleur de tweed dont la veste à quatre poches, décorée de boutons-bijoux et ornée d’une ganse de couleur contrastée deviendra un classique copié partout dans le monde. Elle habille les actrices, et Jackie Kennedy portait un tailleur Chanel rose lors de l’assassinat de son mari.

La mini jupe qui apparaît en 1961 la met en colère : « Mademoiselle » trouve que les genoux sont laids.

Le 10 janvier 1971, à l’âge de 87 ans, elle meurt dans sa suite à l’Hôtel Ritz à Paris laissant un héritage considérable à la mode.

Comme anecdotes on peut noter que c’est elle qui a lancé la mode des peaux bronzées et elle aurait dit « Dans une réception, si l’on dit à une femme : quelle belle robe ! c’est que sa robe est ratée. Mais si l’on dit : quelle belle femme ! c’est que la robe est réussie ».

 

L’après guerre :

Contrastant avec l’extravagance des années 20, la mode se caractérise par un souci du bon goût et de la mesure qui permet rapidement à Paris de retrouver son statut de capitale de la mode. A côté des maisons  déjà existantes on assiste à l’installation de nouveaux venus qui tous ont appris leur métier à Paris Pierre Balmain, Jacques Griffe Christian Dior….

Les années 50 voient l’apparition de la robe cocktail, des talons aiguilles et la disparition du chapeau. Le Nylon est de plus en plus utilisé.

La mutation principale en haute couture dans les années 50 est le développement de l’industrie de confection.

C’est à l’intérieur de cette industrie que l’on distingue le « prêt-à-porter ». (Production mécanisée en fonction de tailles prédéfinies)

Ce concept est importé par Weil et Albert Lampereur.

Cette expansion de la confection est encouragée par le monde de la haute couture qui y voit une possibilité de nouveaux débouchés…

Des couturiers comme Carven, Jean Dessès, Piguet, Paquin et Jacques Fath, présentent chaque année une collection de modèles de confection vendus dans les grands magasins de province.

Christian Dior ajoute à son activité principale la vente de licences pour la fabrication d’accessoires.

Depuis Poiret en 1911 et surtout Chanel avec le n° 5 la plupart des Grands Couturiers développent, sous licence, des parfums portant leur nom.

 

L’époque contemporaine

Les Années 60 marquent une rupture radicale dans le fait qu’elle concerne prioritairement la jeunesse issue du « baby-boom » qui se démarque du monde des adultes.

Cette génération cherche dans le vêtement un moyen d’affirmer ses choix… C’est aussi la mode unisexe…

Si la haute couture subsiste, elle assiste au développement parallèle du prêt-à-porter.

La création par Jacques Esterel de la robe de mariée en vichy, portée par Brigitte Bardot lors de son mariage avec Jacques Charrier est reproduite à des milliers d’exemplaires.

Désormais les stylistes de prêt-à-porter signent leurs collections, ce qui constitue une nouveauté.

Ils travaillent  pour leur compte ou pour un bureau de style.

Ils captent les nouvelles références de la jeunesse : mode hippie, chinoise, tendances folkloriques, patchwork…

Laura Ashley s’illustre, elle dans la mode rétro…

Dorothée Bis propose la mode des shorts que l’on porte sous les maxi manteaux…

Daniel Hechter lance la mode « Babette ». Cacharel lance les chemisiers en madras et reprend le style liberty… Karl Lagerfeld dessine les collections pour Chloé….

Dans les années 60 Pierre Cardin et de nouveaux couturiers se démarquent comme Yves St Laurent (d’abord chez Dior), Paco Rabanne, André Courrèges, Jean-Louis Scherrer, Emmanuel Ungaro, Louis Féraud…

Parmis eux André Courrèges qui propose les mini jupes et les minirobes. Yves St Laurent crée le « tailleur pantalon ».

Mondrian la « saharienne » Pierre Cardin ses tenues cosmonautes. Paco Rabanne ses robes métalliques….

C’est une adaptation du vêtement au monde moderne.

Pierre Cardin présente une collection pour hommes où le veston est remplacé par une tunique à col montant interdisant le port de la cravate… Courrèges remplace le veston par le blouson. Esterel propose des pantalons absolument unisexes…

Dans les années 70 c’est l’émergence de nouveaux talents :

Azzedine Alaïa, Anne Marie Beretta, Jean-Charles de Castelbajac, Thierry Mugler et l’installation des japonais : Kenzo, Hanae Mori, Rei Kawakubo….

Paris reste toujours la capitale de la Mode.

On y présente maintenant 4 fois par ans deux collections de Haute Couture et deux collections de prêt-à-porter.

New York : Calvin Klein et Ralph Lauren… Milan : Valentino, Gianni Versace, Giorgio Armani, Cerruti… Londres : Vivienne Westwood, Sheridan Barnett, Helen Robinson,  avec Tokyo deviennent des centres de création importants…

 

Depuis cette période il existe une complémentarité entre maisons de Haute Couture inscrites auprès de la Chambre Syndicale de la Couture et les Créateurs.

Ils présentent leurs collections dans une structure commune : l’association Mode et Création.

C’est une Association qui s’est fondée en 1973 et qui regroupe les maisons présentant : Les maisons de prêt-à-porter  - Les stylistes.

On voit des stylistes, tels que Karl Lagerfeld prendre la direction de maisons de haute couture

Et certains créateurs comme Jean Paul Gaultier accéder au statut de couturier.

Actuellement le secteur du prêt-à-porter bénéficie d’importantes innovations techniques : ex la coupe assistée par ordinateur.

Il offre toutes les gammes de produits depuis les grandes marques comme Weil jusqu’aux marques vendues en hypermarchés.

Ce secteur compte pour le prêt-à-porter féminin plus de 2600 entreprises et emploie plus de 50 000 personnes pour un chiffre d’affaire de plus de 20 milliards d’Euros.

 

On assiste aujourd’hui à une reconnaissance officielle de la mode avec la création d’un musée de la mode au Carroussel du Louvre.

On y consacre aussi les grandes tendances depuis les années 70 : L’eclectisme, Le style décontracté, Le style « grunge »

L’antimode (tailleur basique, tee-shirt et pantalon souvent dans le même monde du travail)

Ces évolution caractérisent le changement du statut de la Haute Couture qui se confond de plus en plus avec le Stylisme.

Elle ne devient plus l’initiatrice des modèles esthétiques mais plutôt l’élaboration de grandes tendances réinterprétées ou revisitées et mises au service des impératifs de la vie quotidienne.

 
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