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Diane de Poitiers et Catherine de Médicis... Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
07.02.2016 - Deux rivales dans le coeur du roi...

CI-DESSOUS le « Brouillon » de Michèle.

Le 11 octobre 1533, dans la brume automnale une salve de 300 canons retentit depuis le château d’If. Toutes les cloches de Marseille sonnent pour annoncer la flotte papale.

François 1er  accueille Clément VII (pape de 1523 à 1534). Ils vont ensemble négocier le mariage du second fils de Francois 1er Henri, et de la nièce de Clément VII, Catherine de Médicis.

Clément VII savait que les familles régnantes de l’Europe tenaient les Médicis en piètre estime malgré toute leur richesse et leur puissance ! Pour consolider le pouvoir des Médicis il est indispensable d’avoir une protection royale.

Tout avait commencé avec Jean de Médicis, fils de Laurent Le Magnifique, qui était devenu pape sous le nom de Léon X. Il avait envoyé son frère Julien en France, en 1515, pour féliciter François 1er de sa victoire. Julien de Médicis épouse la tante de François 1er, Philiberte de Savoie mais cette union, célébrée à Turin le 10.02.1515, ne dure pas, Julien de Médicis meurt dans l’année qui suit, sans enfant légitime.

Deuxième tentative, François 1er offre la main d’une princesse de sang royal (Saint-Louis dans ses ancêtres), Madeleine de la Tour d’Auvergne, orpheline très riche, à Laurent II de Médicis (fils de Pierre II, donc petit fils de Laurent le Magnifique). Un seul enfant naît de cette union : Catherine de Médicis (13 avril 1519). Mais Madeleine meurt des suites d’une mauvaise fièvre après l’accouchement de Catherine. Madeleine donne par héritage L’Auvergne et le Lauraguais à Catherine, qui héritera du duché d’Urbino suite au décès de son père la même année. Catherine est la seule héritière des Médicis… peut-être en concurrence avec le fils naturel de Julien de Médicis (qu’il n’a donc pas eu avec Philiberte de Savoie, mais toutefois de sa maîtresse, une dame noble Pacifica Brandini) Hyppolite de Médicis.

Troisième tentative donc, celle-ci de Clément VII. (celui-là même qui a été évêque à Narbonne…). Lui est le neveu de Laurent le Magnifique (également fils illégitime de Julien de Médecis). Clément VII s’oppose à l’empereur germanique Charles Quint et au roi d’Angleterre Henri VIII.  

Ce mois d’octobre 1533, est l’aboutissement de trois ans de négociations. La Duchessina,  galion qui transporte le saint sacrement entre dans le port de Marseille, suivi de la Capitanesse avec à son bord, le pape Clément VII, Catherine de Médicis et 14 cardinaux, soixante évêques et archevêques ainsi que d’innombrables prêtes les accompagnaient dans les  18 autres navires ornés de damas rouge, pourpre et d’or, maniés par des centaines de rameurs vêtus de satin cramoisi et de soie orange chatoyante…

Une foule était venue de partout pour voir le pape… mais aussi découvrir la jeune épouse qui venait, bien malgré elle, semer le désordre dans leur existence, en effet, tout le monde pensait que les guerres d’Italie allaient reprendre de plus belle !

Depuis que la France avait perdu Milan dix ans plus tôt, François 1er ne songeait qu’à récupérer ce territoire. L’occasion s’est présentée lorsqu’Henri VIII a sollicité le roi de France pour intercéder auprès du pape pour annuler son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn. Une alliance entre François 1er, Clément VII et Henri VIII est enfin l’occasion de se débarrasser de Charles Quint ! Mais, prudent face aux conséquences de cette alliance, Clément VII avait toutefois demandé l’autorisation à l’empereur de pourparlers avec le roi de France en vue de cette union. Charles Quint avait haussé les épaules car il ne pensait pas qu’un roi ne pourrait accueillir au sein de son illustre lignage une simple parvenue. Il n’a pas compris que Catherine donnerait les moyens à François 1er de reprendre le duché de Milan tant convoité !

Enfin les négociations se terminent. Catherine, apporte une dot de 100 000 écus d’argent, 28 000 écus de bijoux ce qui lui vaut de surnoms de « Banquière » ou  « Fille des marchands ». Il était convenu qu’elle comblerait le trou des finances royales, et le pape s’engageait à aider à la reconquête le duché de Milan et de Gênes !

Ce 28 octobre 1533, le contrat de mariage signé, Catherine peut enfin rencontrer Henri. Elle n’a que 13 jours de moins que lui, ils ont 14 ans ! Elle était petite, brune. Ce qui était le plus beau chez elle étaient encore ses mains et ses pieds… son corps était disgracieux, son visage semblait enflé, ses yeux bleus à fleur de tête saillaient sous d’épais sourcils et… un nez proéminent, une lèvre inférieure charnue et un menton fuyant complétaient ses traits.

Henri, lui était grand pour son âge et son allure sportive en faisait déjà un jeune homme. Ses cheveux noirs mais un teint clair, un nez fin, des yeux sombres et un regard rêveur lui donnaient beaucoup de charme.

Catherine, qui était, jusque là, secrètement amoureuse de son cousin Hippolyte, s’avance vers lui comme en transe, les yeux brillants, et l’embrasse cérémonieusement. Lui ne manifeste aucune émotion, ne dit aucun mot. Déjà à ce moment elle sait que jamais il ne s’éprendra d’elle  !

Au cours de la cérémonie François 1er et Clément VII échangent de nombreux présents… Le trousseau de Catherine était digne d’une reine… Elle détenait en plus des nombreux bijoux, une ceinture d’or rehaussée de diamants et de rubis, une parure de diamants et de perles et aussi « l’œuf de Naples », une grosse perle en forme de poire ceinte de rubis, « la pointe de Milan » un diamant en forme hexagonale et « la table de Gênes » un autre diamant taillé en rose et aussi les sept perles qu’elle offrira plus tard à Marie, Reine d’Ecosse et qui ont été enchâssées sur la couronne du roi d’Angleterre et de ses descendants. Sur la couronne d’Elisabeth il y en a encore 4.

Je vous passe les détails du faste qui a entouré ce mariage, mais Catherine observe  chacune des personnes qui l’entourent : François 1er qui lui témoigne de la bienveillance ainsi que son épouse la reine Eléonore, Marguerite de Valois, sœur de François 1er avec qui elle a envie tout de suite d’être amie, Anne de Pisseleu, la nouvelle maîtresse du roi, qui ne lui plait pas mais il faut s’en faire une alliée… Elle remarque également Anne de Montmorency, Grand Maître et futur connétable de France et comprend qu’il est contre ce mariage mais elle se rend compte qu’Henri lui est très attaché…. Mais, surtout elle remarque la femme sous la garde de laquelle on l’avait placée : Diane de Poitiers.

Diane de Poitiers était la dame d’honneur de la reine Eléonore et elle avait été conviée par François 1er de servir de guide à Catherine dans les dédales de la cour et de ses rituels car... Diane était son unique parente : elles étaient cousines !

Après les interminables cérémonies où Henri et Catherine s’acquittent de leur devoir alors que leurs aînés absorbés par les réjouissances copieusement arrosées ne leur prêtent plus la moindre attention. Catherine rayonnait à en croire les chroniqueurs de l’époque.

Enfin il est l’heure d’accompagner les jeunes mariés dans la chambre nuptiale. On avait hâte de les voir « jouter » ! En effet il était de coutume d’assister aux premiers ébats amoureux des jeunes mariés dans toutes les classes sociales. François 1er  s’assure que le mariage est consommé, Clément VII également, tous les deux contents, Catherine n’est plus répudiable, les accords peuvent être maintenus. Pourtant Catherine s’est bien rendu compte qu’Henri avait accompli son devoir d’époux sans lui accorder le moindre regard…

Mais on dit qu’après être sortie de la chambre des jeunes mariés, une célèbre courtisane de la région, s’est déshabillée et s’est allongée sur une table de banquet au beau milieu des plats demandant aux hommes de s’extasier devant sa plastique irréprochable. Pour ne pas être en reste d’autres jeunes dames ont enlevé leur vêtement et… il s’en serait suivi une soirée d’humeur for gaillarde !

Catherine, malgré son jeune âge est lucide, elle sait très bien que son mariage est un marché, mais elle a beaucoup de ressources, il lui faut simplement s’armer de patience. De la Patience elle en aura… Dès le réveil de sa première nuit avec Henri, ses pensées vont à Diane, la femme dont son mari portait les couleurs : noir et blanc.

 

Diane de Poitiers avait 34 ans lors du mariage de Catherine et d’Henri. Elle était née à Saint Vallier à la limite de la Drome et de l’Isère. Son père Gouverneur-Grand Sénéchal de Provence, Jean de Poitiers, seigneur de Saint Vallier appartient à une illustre famille apparentée aux Bourbon et estimée des rois de France, il porte de plus le titre de comte de Valentinois depuis 1125. Diane était très attendue, ses parents ayant perdu leur 1er enfant. Elle est très proche de son père avec qui elle partage sa passion pour de longues chevauchées. Toute jeune elle perd sa mère, elle est donc envoyée auprès de la princesse Anne de Beaujeu, fille de Louis XI, régente de France durant la minorité de son fils Charles VIII. Diane est élevée avec la fille de la princesse, Suzanne de Bourbon.

Après avoir été demoiselle d’honneur d’Anne de Beaujeu, Diane devient celle de la nouvelle reine, Claude de France et entre ainsi, en 1514 dans la brillante cour de François 1er. Cette même année, Anne de Beaujeu la marie à Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie et grand veneur de France, il a 51 ans, elle en a 15. Veuf et sans enfant il possède de nombreux biens et descend de la famille royale puisqu’il a pour grands-parents le roi Charles VII et Agnès Sorel. Malgré la grande différence d’âge, Diane devient l’une des plus grandes femmes du royaume et a appris, grâce aux leçons d’Anne de Beaujeu, qu’elle a tout à gagner avec ce mariage.

Diane a la peau blanche et pâle, le front haut, les cheveux blonds, les yeux gris bleu, un nez droit, une petite bouche aux lèvres pleines. Elle se tient bien, a une silhouette élancée.

Le mariage est heureux, ils élisent domicile au château d’Anet, forteresse médiévale de 4 tours sinistres mais que Diane va transformer en une demeure chaleureuse et pleine de vie. Elle donne deux filles à son époux : Françoise (1515-1557) et Louise (1518-1577).

Un événement tragique va ternir ce beau tableau, en 1524, le père de Diane est accusé de complicité dans la trahison de Charles de Bourbon qui vient de se rallier à Charles Quint. Ne pouvant se venger sur le principal intéressé, François 1er fait condamner à mort Jean de Poitiers pour crime de lèse-majesté. Au dernier moment il est gracié par le roi en reconnaissance des services rendus à la couronne par son gendre, Louis de Brézé. C’est à ce moment que des rumeurs ont couru faisant de Diane la maîtresse de François 1er. Il n’existe aucune preuve pour venir confirmer ces dires, et une note de Francois 1er concernant Diane contredit cette rumeur « belle à voir, honnête à hanter », et de toute manière le roi a déclaré que Jean de Saint Valliers ne devait sa grâce à sa fille d’aucune manière. En fait c’est Anne de Pisseleu agressive et pleine de haine envers Diane qui encourageait un groupe de diffamateurs afin de diffuser ces ragots...

Cette même année, la reine Claude, décède à l’âge de 24 ans laissant 4 enfants que François 1er confie à Diane qui était non seulement la dame d’honneur de leur mère, mais surtout son amie.

Diane entre donc au service de Louise de Savoie, mère du roi de France.

A la bataille de Pavie, le 24 février 1525, François 1er est fait prisonnier sur le champ de bataille par Charles Quint. Louise de Savoie devient régente et nomme Louis de Brézé gouverneur de la Normandie. Le 17 mars 1526, suite au traité de Madrid, le dauphin François et son jeune frère Henri, duc d’Orléans sont échangés contre François 1er. C’est Diane de Poitiers qui réconforte Henri durant le voyage, il n’a que 7 ans et lors de la séparation, à Bidassoa, elle sort de la foule pour lui dire des mots réconfortants.

L’année suivante Louis de Brézé meurt à l’âge de 68 ans laissant de nombreux biens à Diane, et surtout le statut de veuve lui donne une grande liberté. Elle continue à se faire appeler la « Grande Sénéchale » en mémoire à son mari qu’elle pleure sincèrement et ne s’habille plus que de noir et de blanc. Louise de Savoie mourant la même année, Diane devient la dame d’honneur de la nouvelle reine, Eléonore de Habsbourg, sœur du roi Charles Quint, que François 1er vient d’épouser suite au traité de la « paix de Cambrai » ou « paix des Dames » (5 août 1529).

 

Libéré en 1530 Henri  reste réservé, taciturne, sans joie. Il en veut à son père de lui avoir gâché son enfance, il se tourne vers les deux seules personnes qui lui ont témoigné de l’affection : Diane et Anne de Momorency… il n’a pas oublié la gentillesse de la dame d’honneur de sa mère puis de sa grand-mère.

A l’occasion du couronnement de la reine Eléonore a lieu un tournoi comme il est de coutume. Henri a 12 ans, il demande à Diane de Poitiers l’honneur de porter ses couleurs. Tout le monde ne voit que de la reconnaissance dans le geste d’Henri. N’a-t-elle pas remplacé sa mère, ne l’a-t-elle pas rassuré, consolé de son départ de la cour et accueilli comme son enfant lorsqu’il est revenu ? Tous y voient là chose naturelle, sauf Anne de Pisseleu, duchesse d’Etampes, maîtresse de François 1er, d’une grande beauté mais qui enrage que le jeune prince ait choisi Diane à sa place, de plus une femme beaucoup âgée qu’elle…  Dès lors les deux femmes se livreront une lutte qui divisera la cours en deux camps : ceux qui soutiendront la duchesse d’Etampes et ceux qui seront du côté d’Henri d’Orléans et de Diane de Poitiers.

La religion sera également sujette à conflit : Diane est très attachée à la foi catholique, Anne de Pisseleu soutient les partisans de la religion réformée et, en tant que maîtresse du roi elle se sait intouchable. Anne de Pisseleu va aussi séduire les frères d’Henri, François et Charles car Henri préfère la présence et les conseils se Diane aux siens.

 

Après son mariage, Catherine de Médicis tombe amoureuse de son mari. La vie à la cour s’organise. En 1536 le dauphin François décède brusquement et Henri devient l’héritier du trône.

Catherine fait bonne figure devant Diane qu’elle déteste, a de bons rapports avec François 1er et Anne de Pisseleu.

Diane partage avec le roi sa passion pour les arts, s’intéresse à l’école de Fontainebleau. Elle s’emploie aussi rapprocher François 1er de son fils Henri. Ils n’avaient jusque là aucune affinité.  Elle  conforte aussi sa position, marie ses filles avec de puissantes familles : Françoise de Brézé épouse Robert IV de la Mark, duc de Bouillon en 1538 et Louise devient la femme du duc d’Aumale (frère de la reine d’Ecosse, Marie de Guise) en 1547.

Henri, hypocondriaque suite à sa captivité en Espagne, est d’une nature taciturne, il ne rit jamais, il se dit chevalier et il entretient ce rôle par la lecture d’Amadis de Gaule. Il s’échappe pour de longue chevauchée avec ses amis.

Après avoir fait ses armes en Picardie, il rejoint l’armée française au Piémont pour en commander l’avant-garde, il participe à la prise de Moncalieri (23.10.1537) et rencontre Filippa Duci pour une brève aventure qui donnera tout de même un enfant. Une fille qui sera prénommée Diane (Diane de France) et élevée par Diane de Poitiers dès sa naissance et qui devient sa marraine.

Cet événement vient renforcer les inquiétudes  communes de Catherine et Diane.  En effet, si Catherine est répudiée, on peut trouver à Henri une femme jeune et belle… Alors que…  si Henri voyait Diane de Poitiers jusque là comme une figure maternelle, il faut désormais admettre qu’elle est devenue sa maîtresse.

Diane va donc donner des conseils à Catherine.

Henri a une malformation pénienne causée par un hypospadias, elle lui conseille de prendre la position de coitus more ferarum pour lutter contre cette infertilité. La solution a dû être trouvée car Catherine donnera 10 enfants à Henri !

 

Mais revenons à la cour du roi de France. Henri n’a pas les moyens d’entretenir sa maîtresse, s’il peut retirer un revenu de son duché « pour son entretenement », le roi conserve la haute main sur les affaires du Dauphiné, il offre néanmoins à Diane les terres de Rhuys et de Fougères.

Les rapports, malgré les efforts de Catherine et de Diane, entre le roi et Henri ne vont pas s’arranger, d’autant qu’Henri est très attaché au Connétable Anne de Montmorency qui est disgracié par Francois 1er du fait qu’il prône la paix avec Charles Quint qui détruisait pendant ce temps la Provence et attaquait en même temps le nord de la France. Diane ne voit pas trop cet attachement au Grand Connétable de France d’un bon œil mais soutient Henri car elle sait qu’il est inutile de contrarier ses choix.

A la cour aussi c’est la guerre, il y a les partisans d’Henri et de Diane et ceux d’Anne de Pisseleu.  Catherine filtre avec les deux camps, elle attend son heure !

 

Le 31 mars 1547 le roi s’éteint, Henri II monte sur le trône de France.

Diane s’octroi la première place à la cour. Intelligente elle ne force pas sa place.  Elle n’est pas considérée comme la maîtresse du roi mais plutôt comme l’amie, la conseillère, la muse. Henri II lui offre le château de Chenonceau, le château préféré de Catherine qui a toujours rêvé de l’avoir pour elle.

Diane est faite duchesse de Valentinois.

Diane entretient au mieux ses relations avec Catherine. Elle n’aimerait toujours pas qu’Henri la délaisse pour une femme plus belle, plus jeune. Elle encourage Henri à honorer sa femme, ce qui fait le plus souvent, rapidement, après avoir donné toutes ses caresses à sa maîtresse.

Catherine est furieuse. On raconte qu’elle a fait percer des trous dans le plancher sur lequel elle s’allonge pour observer les deux amants rongeant sa jalousie, puis elle fait bonne figure lorsqu’Henri frappe à sa porte pour le « devoir conjugal ».

C’est toujours Diane qui s’occupe des enfants du roi, ceux de Catherine mais aussi ceux qu’il aura avec des jeunes femmes lors de ses escapades. Elle ne dit rien de ses infidélités car elle tient à garder Henri, et aurait toujours tout à craindre si le jeune roi s’éprenait d’une femme jeune et belle. ..

Dès lors, la maîtresse du roi de France fait tout pour conforter la position de la florentine à la cour. 

Une seule fois Diane s’emportera,  c’est quand elle apprend qu’il a une liaison avec Jane Fleming, fille illégitime de Jacques IV d’Ecosse et gouvernante de Marie Stuart qui a rejoint la cour en 1548. Jane Fleming s’était juré de séduire le roi de France, et elle attends un enfant d’Henri.

Catherine et Diane vont conjuguer leurs forces. En faisant étalage de sa liaison, Lady Fleming dépasse les bornes strictes de l’équilibre mis en place par Diane. Catherine bien sûr essuyait en son for intérieur une complète humiliation, mais comme Diane ne ménage pas sa peine pour adhérer aux nobles principes de respect des bienséances prônés par Anne de Beaujeu, la reine ne souffre de sa honte vis-à-vis de la liaison de Diane et Henri qu’en privé.

Diane très liée avec la famille des Guise, renvoie lady Flemming en Ecosse (Henri reconnaît son fils dès sa naissance en sept 1551, presque en même temps que son fils légitime, le futur Henri III).

Les enfants royaux font  de nombreux séjour à Anet, demeure de Diane de Poitiers. C’est également Diane qui a favorisé l’union du dauphin François (futur François II) avec la petite reine d’Ecosse, Marie Stuart. La fillette appartient à la puissante famille des Guise, avec lesquels Diane est étroitement lié part le mariage de sa fille Louise. Ainsi, dans ses lettres à sa mère, Marie Stuart ne fait que louer la duchesse de Valentinois.

Le 30 juin 1559, Henri II participe à un tournoi pour célébrer le mariage de sa fille aînée, Elisabeth, avec le roi d’Espagne Philippe II.  Le roi de France est gravement blessé à l’œil par la lance de Gabriel de Montgomery, capitaine de ses gardes.

Il décède le 10 juillet sans avoir revu Diane.

En effet, Catherine a pris les pouvoirs. La duchesse de Valentinois se voit interdire définitivement la cour. Catherine a supporté pendant des années sans dire mot sa présence, maintenant c’est elle qui prend les rennes ! 

Les rennes, elle les avait toutefois eues. Elle avait réuni autour d’elle de nombreux compatriotes italiens et protégé tous ceux qui se s’étaient exilés (à cause de l’empereur) dans le royaume et avait incité Henri II à confier des responsabilités militaires ou administratives à ces italiens qui ont bien servi la France et qui se sont bien illustrés dans les guerres d’Italie.

Elle s’était opposée ouvertement à Diane dans le fameux duel qui a opposé La Châtaigneraie à Jarnac, elle avait pris le parti de Jarnac comme Anne de Pisseleu

Et, bien sûr, n’oublions tout de même pas qu’elle était reine de France et, c’est donc elle qui devenait régente lorsque le roi devait mener des opérations militaires. C’est elle qui assurait l’approvisionnement et le renforcement des armées et… aussi c’est elle qui demandait l’argent nécessaire pour poursuivre les campagnes.

Elle a, aussi, désapprouvé ouvertement, la paix signée de Cateau-Cambrésis des 2 et 3 avril 1559 qui a fait perdre à la France les possessions italiennes… alors que Diane était pour ce traité…

Catherine était aussi connue pour organiser des fêtes qu’on dit qu’elles étaient dignes des fêtes de Versailles !

 

Mais revenons à Diane, elle doit rendre tous les présents du roi mais parvient à garder le château d'Anet où elle se retire.  Malgré l'austérité de Catherine de Médicis, l'ancienne favorite séjourne encore à Paris à quelques reprises et conserve des liens avec les puissantes familles de Guise et de Bourbon.  

Diane doit se séparer du château de Chenonceau, rappelez-vous, Catherine avait espéré qu’Henri II le lui offrirait… François II veut l’offrir à sa mère car le château appartient toujours au domaine royal. Mais, plutôt que de le confisquer à Diane, Catherine va lui imposer de l’échanger contre celui de Chaumont sur Loire qu’elle avait acheté de ses propres deniers. Catherine ne veut pas dépouiller celle qui a été proche d’Henri II de toute sa vie !...

En 1565, Diane de Poitiers se casse une jambe suite à une chute de cheval. Elle décède le 22 avril 1566, à l’âge de 67 ans, soit des conséquences de cette chute, soit  suite à l'absorption d'une boisson à base d'or qui l'aurait empoisonnée. Diane de Poitiers est enterrée dans la chapelle du château d'Anet.  (En 1795, les révolutionnaires jettent ses restes, et ceux de deux de ses petites-filles inhumées auprès d'elle, dans la fosse commune du cimetière. Il faudra attendre le 29 mai  2010 pour que les restes de Diane de Poitiers retrouvent la chapelle du château d'Anet). 

 

Catherine n’est pas réduite à sa haine pour Diane de Poitiers, même si il est vrai qu’elle n’avait aucune sympathie pour celle qu’elle appelait « la putain du roi ».

Les allégations selon lesquelles Catherine louvoyait entre les parties pour créer la discorde pour mieux régner sont l’œuvre de deux romanciers comme Alexandre Dumas et Michel Zévaco. Ces allégations ne reposent sur aucun élément tangible… comme d’ailleurs l’iconographie la représentant devant les cadavres des huguenots massacrés dans la cour du Louvre. En réalité Catherine se méfiait de tous les partis, elle n’en avait qu’un : celui du roi. C’est la décrépitude du pouvoir royal et sa faiblesse qui l’obligeaient à s’appuyer sur tel ou tel parti.

Face à ces difficultés Catherine va employer des méthodes peu orthodoxes : elle s’entoure de femmes ravissantes, appelées « l’escadron volant » qui attirent à la cour les hommes et les amènent à avouer les complots.

Son livre de chevet lui enseigne l’art de la politique : « il faut bien jouer son rôle et savoir, à propos feindre et dissimuler, les hommes sont tellement simples, que celui qui veut les tromper trouve aisément des dupes » - Nicolas Machiavel.

Il ne faut pas oublier qu’elle n’a jamais été acceptée à la cour, outre sa discorde avec Diane, c’était une étrangère, elle avait un fort accent italien, et si elle a introduit à la cour certains italiens qui  ont pris du pouvoir, ils avaient tous une culture et une intelligence raffinées et, ils ont tous su se mettre au service de la France.

Elle peut se flatter d’avoir donné à la dynastie des Valois, celle de son mari : 7 enfants vivants. Il y avait 4 Garçons, 3 filles  (François, Elisabeth, Claude, Louis, Charles, Henri, Marguerite, Hercule, Victoire, Jeanne)

François II, qui accède au trône de France à l’âge de 15 ans, mais il ne règne qu’un an et demi. Catherine est alors régente. Elle se met à dos le Pape, les Espagnols et le clan des Catholiques qui condamnent sa politique de tolérance vis-à-vis des protestants. Les protestants se méfient aussi de cette femme catholique. Pourtant le premier édit que promulgue Catherine, en janvier 1562 autorise la liberté de culte et de conscience pour les Protestants. Mais… les catholiques et les protestants ne rêvent que de se battre et… rien ne les en empêchera !

C’est dans ce climat que le 3ème fils de Catherine, Charles IX, monte sur le trône. Il n’a qu’une idée : régler ce conflit inter religieux. Il commence a marier sa sœur Marguerite à Henri le très protestant roi de Navarre. Vu les événements de l’époque cette union est un grand symbole de réconciliation. Charles IX ne s’arrête pas là : Coligny, chef des protestants, devient le conseiller du roi qui le considère comme son père spirituel. Catherine s’inquiète de la situation, le protestantisme envahit l’Europe jusqu’à sa propre cour et Coligny a complètement subjugué l’esprit de Charles IX et, il réussit peu à peu à le monter contre elle. Dans le livre de Machiavel, Catherine trouve la réponse « En un mot, le prince doit savoir persévérer dans le bien lorsqu’il n’y trouve aucun inconvénient et s’en détourner lorsque les circonstances l’exigent ». Alors elle n’y va pas par 4 chemins et charge le tueur Maurevert de tuer Coligny. Coligny s’en sortira avec seulement une blessure à la main. Les protestants sont furieux, bien que Coligny n’ait qu’une blessure bénigne, on a attenté à la vie de leur chef ! Ils courent demander justice à leur roi qui a déjà promis à Coligny d’ouvrir une enquête. Catherine inquiète préfère tout avouer à son fils. Pris de panique il prononce cette phrase tristement célèbre : « Oh mon Dieu tuez les tous ! ». Catherine donne alors l’ordre de faire tuer une vingtaine de chefs protestants, mais la situation s’envenime toute seule. Les parisiens sont tellement remontés contre les protestants qu’ils prennent la parole de leur roi au pied de la lettre. Ce soir là, c’était la Saint Barthélémy ( 24 août 1572). Pendant longtemps on a cru que ce massacre avait été préparé et provoqué par le roi sur les conseils de Catherine, mais les historiens s’entendant pour une responsabilité collective où le futur Henri III a pris probablement une place plus importante.

La santé du roi, après ces événements, décline. Il meurt le 30 mai 1574 à l’âge de 24 ans. La rumeur circule que ce serait sa mère qui l’aurait empoisonné. Il est mort d’une pleurésie suite à une pneumonie tuberculeuse.

C’est autour d’Henri III son avant dernier fils de monter sur le trône. C’est vraiment le fils préféré de Catherine, le plus beau, le plus délicat. Mais a mère a toutes les raisons de douter de sa capacité à maintenir la dynastie des Valois sur le trône de France. Il préfère s’occuper de ses mignons que des affaires du royaume.

La pauvre Catherine aurait pu voir Hercule, rebaptisé François le sauveur de la dynastie. Mais on peut dire qu’il est la dernière roue du carrosse… Il aide le roi de Navarre à s’enfuir, monte une armée protestante contre les catholiques, en vain. Même la reine très protestante Elisabeth d’Angleterre refuse de se marier avec lui, alors que les talents de marieuse de Catherine n’étaient plus à démontrer. Elle avait marié sa fille ainée Elisabeth à Philippe II d’Espagne, et Claude a épousé Charles III de Lorraine et la fameuse Marguerite (Reine Margo) épouse d’Henri IV.

François meurt et Henri III est le dernier survivant, demeure le seul espoir pour perpétuer la dynastie des Valois. Il n’aura jamais d’enfant. Pour couronner le tout sa côte ne cesse de s’effondrer. Catherine est prête à tout pour son roi. Elle n’arrête pas de faire le tour du royaume pour appliquer les édits de paix et relever la côte de son fils : sans succès, les guerres de religion s’intensifient et le roi est toujours impopulaire. Le 12 mai 1588 Henri III assiste au soulèvement populaire des parisiens contre lui.

Catherine a presque 70 ans. Un troisième âge record à cette époque. Mais elle est de tous les combats pour rétablir le dialogue. Pendant cette journée, appelée « journée des barricades » on la voit courir la capitale et se frayer un chemin parmi les combattants pour ramener son peuple à la raison. Henri III est chassé de Paris par les catholiques.

En janvier 1589 Catherine se réfugie au château de Blois pour fuir les tumultes de la capitale. Cela fait déjà 70 ans qu’elle se bat contre la mort qui ravage son pays. Elle lui a déjà ôté la vie de 5 de ses enfants… et la prophétie de Nostradamus avait raison, Henri III n’a toujours pas de descendant, il y aura donc bien un changement de dynastie qui mettra fin aux Valois.

En sentant l’agonie la refroidir, Catherine demande son confesseur. Celui-ci n’étant pas disponible on lui amène un jeune prêtre. Une autre prophétie de Ruggieri se confirme « Vous mourrez près de Saint-Germain » !

La légende noire de Catherine de Médicis entretenue jusqu’à milieu du XXe siècle faisait d’elle une femme dominatrice qui cherchait à accaparer le pouvoir, une adepte du machiavélisme qui n’hésite pas à utiliser les moyens les plus extrêmes et une femme acariâtre, dévorée de jalousie, ce n’était pas le cas. Catherine avait horreur de la violence depuis son plus jeune âge.

Lorsqu’il lui faut gouverner pour ses enfants trop jeunes, elle n’a qu’un objectif, celui de préserver l’héritage royal. Mais comme vous l’avez vu la situation est très difficile : trois clans se sont affrontés à la cour de France.

·         Les protestants qui tentent de réformer le royaume, et accusent Catherine de ne pas leur accorder assez de liberté

·         Les catholiques, intransigeants et anti protestants qui trouvent que Catherine leur en accorde trop 

·         le clan, dit des politiques qui essaient de faire coexister tout ce monde, ou de monter les partis les uns contre les autres…

On a dit que Catherine avait une seule religion, la superstition. Ce n’est pas le cas, elle était effectivement entourée de son astrologue Ruggieri et a fait venir Nostradamus à la cour, mais c’était dans l’air du temps, les horoscopes étaient alors à la mode !

On ne peut pas lui reprocher une chose : d’avoir tenté tant bien que mal de maintenir une politique d’union nationale autour du trône !

 
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