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03.05.2016 : joaillerie artistique.

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FABERGE, FABULEUX JOAILLIER DES TSARS.

La Culturothèque. Michèle – 03.05.2016

 

 

Pâques est la plus grande fête de Russie. Ce jour là on célèbre la résurrection du christ et la vie éternelle…

L’Eglise orthodoxe russe marque cet événement avec plus de faste que tout autre fête de l’année. Dès le matin des fidèles de tous âges affluent dans les églises pour être bénis par le Pope. Les plats de Pâques sont aussi bénis. L’œuf, symbole de la vie reçoit ainsi force et fécondité.  La coutume d’offrir des œufs à Pâques remonte à Marie Madeleine : après la résurrection du Christ elle serait allée à Rome pour offrir à l’empereur Tibère un œuf peint en rouge et portant l’inscription « Christ est ressuscité ».

Les Tsars de l’ancienne Russie, qui prétendaient obtenir leur grâce temporelle de la grâce de Dieu, entretenaient eux aussi cette tradition religieuse. Tous les ans d’innombrables œufs de pâques sont offerts à la cour : des œufs en bois, en porcelaine, en or ou en pierres précieuses qui sont conservés comme porte bonheur. Mais le Tsar Alexandre III se démarque, il veut offrir à son épouse un œuf exceptionnel. Il en confie la réalisation au plus génial joaillier de son époque : Karl Peter Fabergé.

Au fil du temps, les œufs de la maison Fabergé vont devenir les plus beaux et les plus chers du monde. De plus ils sont le témoignage somptueux de l’empire des Tsars. 

1917, La révolution d’octobre. Les bolcheviques répondent au mot d’ordre « voler les voleurs ». Le dernier Tsar Nicolas II et sa famille sont faits prisonniers. Leurs biens sont confisqués, notamment les œufs de Fabergé, vendus progressivement à l’étranger. Le nouveau régime des soviets a besoin de devises.

Le joaillier de la cour est lui aussi en danger de mort. Muni de faux papiers il se prépare à quitter la Russie pour toujours.

« Que la vie est étrange, il y a plus de 200 ans mes ancêtres ont fui la France parce qu’ils étaient Huguenots (son grand-père, Gustave Fabrier) et maintenant je m’enfuis dans le sens inverse vers l’Allemagne où mon père était orfèvre. La vie que je laisse dernière moi en Russie m’apparaît comme un roman, une grande aventure et de mon destin, longtemps lié à celui de la famille impériale et de  la Russie, il ne me reste que des photographies : mes parents, St Pétesbourg où je suis né et où j’ai connu mes premier succès professionnels, ma boutique et ma maison, les pièces du magasin, la filiale de Moscou, j’ignore ce qu’est devenu le personnel, moi au travail, j’avais plus de 500 employés, Paris l’exposition universelle et tous ces succès que j’ai remporté… Je n’aurais imaginé tout cela. A commencer par la première commande du Tsar Alexandre III. Un cadeau de Pâques hors du commun pour son épouse Marie Fiodorovna, le 1er œuf. 1885. Inoubliable cette audience auprès du Tsar, maître du gigantesque empire Russe, moi qui n’avais pas encore 40 ans, et lui, un puissant, un imposant personnage barbu à l’autorité tranchante… ».

Karl Peter Fabergé avait effectivement plus de 500 orfèvres qui travaillaient dans ses ateliers, à l’époque la main d’œuvre ne coûtait pas très cher, c’était la plus grande entreprise dans son genre. On y fabriquait des dizaines de milliers de bijoux par jour. Karl Fabergé  se classait dans la haute joaillerie artistique, la légende rapporte qu’il classait des bijoutiers comme Tiffany, Boucheron ou Cartier de « bijoutiers de commerce ».

Chaque objet de Fabergé avait un langage, une signification et une originalité unique en Europe, c’était des objets d’art. Il était très perfectionniste, on dit que tout objet non vendu était détruit… On dit aussi que lorsqu’on lui présentait un objet qu’il ne retenait pas, l’objet était brûlé… Il fabriquait toute sorte d’objets, et utilisait tous matériaux, même le bois, le bronze, la brique, le liège… Ces objets étaient destinés à faire des cadeaux, pour faire plaisir, certains étaient humoristiques ! Il a vendu des objets dans toutes les cours d’Europe.

Les bolcheviques ont tout cassé, détruit pour en retirer l’argent et l’or pour en faire des roubles. Les pierres précieuses étaient pour la plupart broyées, ou à la rigueur vendues à l’étranger…

L’œuf à la poule. Une grande  tendresse réunit le Tsar Alexandre II et Maria Fiodorovna, née princesse Dagmar de Danemark. Dans l’intimité les époux s’appellent l’un l’autre « Minnie » et «Sacha ». C’est pour elle que ce premier œuf de pâques a été conçu. A l’extérieur de l’émail blanc, à l’intérieur de l’or. Le jaune de l’œuf renferme une petite poule en or et platine aux yeux de rubis, à l’origine la poule dissimulait une minuscule couronne impériale et un pendentif en rubis. La Tsarine a été si ravie, que le Tsar décide de lui offrir chaque année un œuf de pâques. Et lorsqu’il  demandait a Karl Fabergé comment serait le prochain, il lui suffisait de lui répondre : « votre majesté en sera enchanté ». C’était le début des plus belles années de Karl Peter Fabergé.

Le couple que forme Alexandre III et Maria Fiodorovna est considéré comme le plus heureux de la dynastie Romanov. Ils ont 6 enfants dont le futur dernier Tsar de Russie Nicolas II.

 

L’œuf au palais danois . Pour la Tsarine Fabergé créé l’œuf au palais danois. Un œuf en émail rose recouvert d’or et de roses en diamants. La surprise qu’elle contient est un ensemble de miniatures pliées en accordéon représentant les palais du couple royal mais aussi diverses résidences au Danemark et en en Russie. Celles où la Tsarine aimait particulièrement séjourner.

 

L’œuf au palais de Gatchina. A l’origine Alexandre n’est pas destiné à devenir Tsar, mais ce n’est pas à lui que la princesse Dagmar de Danemark est promise, mais à son frère aîné. Mais celui-ci décède avant le mariage. Alexandre hérite alors de la couronne et de la fiancée de son frère, bien qu’il soit épris d’une autre femme. Par bonheur, cependant, ils se plaisent dès leur première rencontre. Alexandre III écrit dans son journal : « mon cœur battait  à tout rompre quand je pensais que mon cher frère me léguait le trône et une si merveilleuse épouse, jamais je n’aurais songé qu’elle puisse devenir « ma » femme ».

Cet œuf évoque le palais de Gatchina, une résidence impériale aux environs de St Pétesbourg et comportant 900 pièces et  un immense parc. Un endroit où les enfants  de la couronne passent une jeunesse dorée.  Le Tsar Alexandre III est un père de famille attentionné. Quand la cloche du palais retentit, les enfants en connaissent la signification : il a le temps de faire une promenade avec eux.  Le palais de Gatchina est la résidence préférée des souverains. Ils s’y sentent bien et surtout en sécurité. Le parc du palais abrite des  secrets. C’est ici que le Tsarévitch Nicolas rencontre pour la première fois la princesse Alix de Hesse-Darmstadt. Il en tombe aussitôt amoureux mais n’ose pas lui avouer. Il préfère écrire une lettre au frère de la princesse pour la revoir. « Cher Herni, si tu n’as rien d’autre à faire, vient donc me rendre visite avec  Alix, nous irons nous promener en barque sur l’étang et nous baignerons ensemble. Adieu, bien à toi, Nicky. ». Dix ans plus tard Alix deviendra son épouse, Alexandra.

 

L’œuf mémoire d’Azov. Pour préparer Nicolas à son rôle de futur souverain, ses parents l’envoient faire le tour du monde avec  son frère préféré Georges. Le prince et toute sa suite voyagent à bord du bateau « le mémoire d’Azov » des côtes de l’Egypte jusqu’à l’extrême Orient. Le temps de faire oublier à Nicolas une relation qu’il entretient avec une danseuse.

L’œuf de 1891 s’inspire de ce tour du monde. Il contient un modèle réduit du navire et sa coquille est tournée de vagues dorées en style rococo et de couronnes  d’écumes en diamant.

Suite à un incident arrivé au Japon, le Tsarévitch écrit à sa mère Marie « ma chère maman, je t’écris quelques lignes pour te raconter le  malencontreux accident qui nous est arrivé au Japon. Le pays qui m’attirait plus que les autres.  Le 29 avril nous sommes allés en pousse-pousse dans Nagasaki. Après avoir fait quelques pas un policier japonais s’est soudain mis à courir dans la rue  et a brandi son sabre à deux mains et m’a frappé  à la tête par derrière. Que se passe-t-il, ai-je crié en russe. Je me suis enfui en courant. Le policier m’a suivi. Heureusement Georges était derrière moi et a jeté le policier à terre. En raison de mes blessures et de la mauvaise santé de Georges nous avons décidé de prendre le chemin du retour et nous serons  donc rentrés plus tôt que prévu. »

 

Œuf du Caucase. Son jeune frère Georges souffre de la tuberculose. Le Caucase, l’Italie Russe, offre le climat idéal pour le soigner.  Ils s’installent dans la résidence de chasse d’Abbas Touman ou le Tsar et sa famille sont auprès de lui aussi souvent que possible pour lui tenir compagnie. C’est cette période qu’évoque l’œuf du Caucase.

Georges est un jeune homme brillant. Son frère lui dit souvent : le trône te conviendrait beaucoup mieux qu’à moi.  Georges meurt de la tuberculose à l’âge de 28 ans.

A partir du moment où Nicolas est monté sur le trône, chaque année, pour Pâques, Fabergé avait deux œufs précieux à confectionner. Un pour la mère du Tsar, la veuve Marie et l’autre pour la jeune Tsarine Alexandra.

Ces deux femmes n’avaient pas trop d’affinités mais elles avaient un point commun, la passion des fleurs.

 

L’œuf à la rose est le premier cadeau de Pâques de Nicolas II à son épouse Alexandra. Nicolas a dû se battre pour ce mariage. Ni ses parents, ni la famille de la princesse de Hesse-Darmtadt n’étaient favorables à leur union.

Son premier présent évoque la force de cet amour qui surmonte la force de leur union. A la mort soudaine de son père, Alexandre III, Nicolas est appelé sur le  trône. Il a 26 ans. La tradition veut qu’il soit marié. Il saisit cette chance et fait venir aussitôt son amie Alexandra en Russie. Avant la fin de l’année, leur mariage est célébré.

L’œuf est de style Louis XVI, la coquille rouge est recouverte d’un émail si brillant qu’on le croirait transparent. En Russie, le rouge est le symbole de la beauté. Mais à l’intérieur l’œuf contient un bouton de rose jaune, la couleur la plus noble pour une rose pour le pays de la Tsarine. Le bouton s’ouvre en dévoilant sa surprise une petite couronne de Tsar en diamant et rubis et au sommet de l’œuf brille le portrait de Nicolas II.

 

Œufs aux figurines tournantes. La jeune Tsarine s’est d’abord sentie étrangère dans ce pays qu’elle connaissait si peu et son rôle de représentation lui était pénible. Pour la réconforter, Fabergé lui a conçu un œuf de pâques contenant 12 miniatures. Un mécanisme permet de les faire tourner comme les pages d’un livre. Il a employé une superbe émeraude pour le bouton qui l’actionne. Les tableaux représentent des lieux choisis de sa jeunesse en Allemagne où en Angleterre auprès de sa grand-mère, la reine Victoria ainsi que les palais où elle résidait à St Pétesbourg.

 

L’œuf aux muguets.  En Hiver la jeune Tsarine fait venir de Crimée des trains entiers de fleurs pour décorer les palais et en été elle aime prendre le thé sur la terrasse au milieu d’un océan de bouquets. Fabergé s’inspire de cette passion pour créer d’autres objets que des œufs, comme la corbeille de muguet. La Tsarine l’aime tellement qu’elle l’emporte dans tous ses voyages. Elle est faite de ses fleurs et bijoux préférés : des diamants et des perles.

Au fil des années les présents impériaux sont de plus en plus raffinés. Il faut appuyer sur un bouton pour que la surprise apparaisse. Les portraits du Tsar, Nicolas II et de ses deux premières filles. A l’exposition universelle de  1900 à Paris, cet œuf aux muguets fait sensation. Fabergé y est décoré de l’ordre de la Légion d’Honneur.

 

L’œuf aux trèfles. Fabergé, le joaillier de la couronne est un perfectionniste. L’œuf aux trèfle en témoigne.

La particularité des créations de Fabergé résident dans son émail. Son secret de fabrication jalousement protégé. Il en avait appris la technique lors de ses études à Paris et il l’a perfectionnée. Il faut porter un mélange de verre pilé et d’oxydes de métaux  à 800° jusqu’à ce qu’il se liquéfie et d’appliquer alors sur une plaque d’argent ou d’or  que l’on cuit à plusieurs reprises.

Un travail particulièrement réussi dans l’œuf aux  fleurs de printemps.

Fabergé sait créer des œuvres prestigieuses même sans l’éclat des pierres précieuses.

 

L’œuf de l’hiver est constitué de deux blocs de cristal de roche sertis de fins diamants. A l’intérieur une corbeille d’edelweiss.

 

L’œuf au treillis de rose est considéré comme une des pièces maîtresses de son art. Quand la Tsarine Alexandra a mis au monde l’héritier tant attendu, il a décidé de créer pour elle l’œuf au treillis de rose. Des entrelacs de diamants sur un parterre d’émail vert et au cœur de chaque croisillon s’épanouit une rose. Un bijou, mais aussi un symbole pour l’avenir du Tsarévitch.

 

L’œuf renaissance. Fabergé à grandi à Dresde et dans la voûte verte de la résidence il y a un œuf décoré qui l’a fasciné. Il a rêvé de créer un jour, lui aussi, un chef d’œuvre pareil.

Il s’en est peut être approché avec l’œuf renaissance. De l’onyx blanc et deux têtes de lions en or qui symbolisent l’immortalité et la résurrection. La pièce est d’un effet majestueux et solennel accentué par la statue du christ ressuscité qu’elle renferme. Quelle étonnante coïncidence que ce soit le dernier œuf que le Tsar Alexandre III ait commandé a Fabergé pour son épouse.

1895 aurait été l’année de son 60ème anniversaire mais il est mort subitement l’année précédente des suites d’un accident de train. Le train impérial avait déraillé et comme le toit du wagon restaurant menaçait de s’effondrer sur les passagers le Tsar l’a soutenu jusqu’à ce que tout le monde soit en sécurité. Un effort surhumain qui l’a entraîné vers la mort. Fabergé a créé un œuf commémoratif pour sa veuve Marie. L’émail du fond est bleu foncé comme son uniforme préféré. Il y a gravé par contraste les monogrammes du Tsar Alexandre III et de la Tsarine Maria Fiodorovna sertis de diamants et surmontés de la couronne impériale. Fabergé se souvient que le Tsar Nicolas II et son épouse ont tenu de régler à part égale la facture de cet objet. Un symbole de leur union. Le décès d’Alexandre III avait marqué la fin d’une époque. Avec sa forte personnalité il avait su assurer une stabilité dans le pays.

L’œuf au carrosse.  Après l’année de deuil habituel, Nicolas II est couronné Tsar en 1896. Fabergé réalise l’œuf au carrosse au couronnement orné de l’aigle à deux têtes, symbole de l’empire que portent tous les monarques russes depuis Catherine La Grande. L’œuf s’inspire du manteau du couronnement dans ses couleurs, ses matières et ses motifs. Quelle cérémonie. Nul ne pensait alors que le jeune Tsar ne serait pas à la hauteur des épreuves à venir….

A l’intérieur de l’œuf la copie du carrosse de Catherine La Grande qu’Alexandra a empruntée pour aller à la cérémonie. Comme le voulait l’usage, le Tsar s’était rendu à l’église à cheval suivi d’un long cortège. A la sortie de l’église que d’acclamations. Un proverbe dit que vivre le couronnement d’un Tsar « rend l’ouïe aux sourds et la vue aux aveugles ».

Mais Nicolas II se sentait mal préparé à ses fonctions de souverain. A Moscou, au cours de la célébration du couronnement de 1896, la distribution de petits cadeaux aux milliers de curieux venus pour l’occasion déclenche un mouvement de panique qui fait des morts et plus de mille blessés. En apprenant ce drame le Tsar veut renoncer à la fête donnée en son honneur donnée par l’Ambassade de France mais ses conseillers l’en dissuadent de crainte qu’il ne froisse ses seuls alliés. Ce soir là, et pour la toute première fois, le Kremlin et ses environs sont illuminés par les toutes nouvelles ampoules électriques.

 

Œuf au Transsibérien. La Russie se transformait. L’empire connaissait une réussite économique exceptionnelle. On a appelé cette période l’âge d’Argent. Le jeune Tsar Nicolas II encourageait le progrès. Lui-même était amateur d’automobile et en possédait un grand nombre.

Fabergé aussi commençait à introduire des innovations techniques dans ses créations. Il a dédié cet œuf à la plus grande réalisation russe de l’année : le transsibérien. Il a été mis en service en 1900. 9 ans auparavant Nicolas II avait posé à Vladivostok la première pierre du terminus est de la ligne.

Sur l’œuf d’argent est gravé le tracé de la ligne de chemin de fer de Moscou jusqu’à Vladivostok. Une fois remonté avec sa clé d’or, le train miniature qu’il renferme parcours quelques mètres. Fabergé était très fier de ce travail qui a fait sensation à Paris, même si tous les éloges devaient en revenir à la Russie d’avoir construit la plus longue voie ferrée du monde. Elle avait montré ainsi de quoi elle était capable. La miniature contenue dans l’œuf est rigoureusement fidèle à l’original. Cinq wagons portent  les inscriptions  1ère classe, 2ème classe, compartiment pour dames, fumeurs et non fumeurs. Dans l’un des wagons il y a même une chapelle. L’œuf est porté par les trois chimères des armoiries des Romanov et est surmonté de l’aigle impérial Russe.

 

L’œuf au Cygne.  est un cadeau offert par Nicolas II à sa mère en 1906. L’extérieur est lilas, la couleur en vogue à l’époque avec des incrustations de guirlandes de diamants. A l’intérieur on découvre une corbeille de nénuphars dans laquelle repose un cygne. Cet animal a paru idéal à Fabergé pour fêter le 40ème anniversaire de mariage à Marie. En Russie le cygne est le symbole de la vie à deux. Dans ces années là, Fabergé aimait réaliser des petits objets mécaniques. Ainsi ce cygne pouvait déployer et glisser d’un mouvement majestueux.

 

L’œuf au paon. Il a également dissimulé un petit automate dans une autre jolie pièce. Il s’agit cette fois-ci d’un paon, symbole de fidélité conjugale en Russie, que l’on aperçoit dans la transparence du cristal de roche. Quelques années auparavant il avait déjà essayé de réaliser un paon articulé, mais la précision mécanique de l’œuf au paon surpassait toutes ses tentatives précédentes.

 

L’œuf à l’oranger a été dessiné pour rappeler à Marie ses agréables séjours dans le palais de Livadia en Crimée. Des arbres couverts de fleurs et un printemps méridional plus vrai que nature. Lorsqu’on appuie sur une orange, dans le feuillage un oiseau apparaît sur la cime de l’arbre et se met à gazouiller. La mère du Tsar à laquelle Fabergé remet régulièrement ses œufs est sous le charme.

 

L’œuf de chantecler. Fabergé transforme aussi des objets utilitaires en œuvres d’art. L’œuf de chantecler, qui est aussi une pendule, un coq apparaît chaque heure. Tout le mécanisme repose sur un ressort en acier que l’on remonte à l’aide d’une clé.

 

L’œuf au trophée d’amour. Avec l’apparition de l’appareil photo portatif Kodak, la photographie devient le violon d’Ingres de toute la famille impériale. Le soir, ils regardaient les photos tous ensemble et les classaient. La Tsarine Alexandra n’avait d’yeux que pour sa famille et surtout pour le Tsarévitch Alexis. L’œuf au trophée d’amour illustre cette tendresse qui les unissait. Le Tsar Nicolas II avait fait un mariage d’amour, tout le monde le savait, quand après de longues années et la naissance de quatre filles, Alexis est enfin venu au monde, il est devenu le centre de toutes les attentions. En travaillant sur ce cadeau, Fabergé pensait sûrement aux épreuves qu’avaient traversées la Tsarine pour avoir un fils. Au milieu de la colonnade deux colombes représentent le couple impérial, les quatre anges dorés au pied du temple sont leurs filles, au sommet l’héritier Alexis sous les traits de cupidon.

 

L'œuf au Standaart.  Il représente le yacht impérial. Il évoque les plus beaux jours de l’année quand la famille impériale coule des heures paisibles au bord du navire. Dès le matin, le Tsarévitch en costume marin, partage les exercices avec les matelots. Le soir les grandes duchesses dansent avec les officiers. La Tsarine devise librement en brodant  et le jour tous se baignent sans se soucier du protocole. Pour que les enfants impériaux aient du lait frais tous les jours, une vache est à bord. Le bateau construit au Danemark peut aussi naviguer en haute mer. Même le grand empereur Guillaume II, grand amateur de navigation, envie son cousin Nicolas II d’avoir ce superbe navire. A l’époque c’est le plus grand yacht du monde. Le Stendaart miniature de Fabergé est en or et platine, ses canons sont articulés, sa coquille en cristal est maintenue à droite et à gauche par deux aigles desquels semblent couler une perle.

 

L’œuf en mosaïque.Pour l’œuf en mosaïque Karl Fabergé exécute un travail particulièrement minutieux. Il s’inspire pour l’engouement d’alors pour la broderie aux petits points. La Tsarine, en effet, incite ses filles à ne jamais rester inoccupées. Elles faisaient donc de la broderie ou d’autres ouvrages manuels. Fabergé réalise une mosaïque d’innombrables pierres étincellantes. La surprise cachée est un magnique médaillon sur pied avec les cinq enfants : Olga, Tatiana, Marie, Anasthasia et Alexis. Au verso, le prénom de chacun des enfants entourent  une corbeille de fleur. La simplicité du quotidien de la vie de famille des Romanov était en contradiction totale avec les fastes traditionnels des manifestations officielles. De grands événements s’annonçaient : la commémoration de Pierre Le Grand, le XVème anniversaire du règne du Tsar et les 300 ans de la dynastie des Romanov.

Autant de cadeaux spéciaux qui ont demandé à Fabergé jusqu’à 3 ans de travail.

Œuf de Pierre Le Grand. C’est au Tsar Pierre le Grand qu’est dédié le premier de la série des œufs commémoratifs. Il célèbre le bi-centenaire de la fondation de St Pétesbourg. Sous son couvercle, une réplique du monument qui se trouve sur les bords de la Neva. Pierre le Grand a créé St Pétesbourg là ou s’étendaient des marécages. Comme une fenêtre de la Russie sur l’Europe. Cette référence à l’illustre modèle reflète le penchant de Nicolas II à se rassurer dans le miroir de l’histoire. L’œuf comporte une riche décoration de style rococo. Les éléments végétaux rappellent l’assèchement des marais et le long chemin parcouru entre la construction de la première résidence et le giganstisme palais d’hiver aux mille pièces. Sur un ruban en émail, les dates de naissance des deux Tsars et l’année de l’accession au trône.  Au sommet de cet œuf majestueux, l’œuf impérial aux deux têtes.

 

Œuf en grisaille. Ou L’œuf en l’honneur de Catherine La Grande est aussi de style rococo. Fabergé s’est largement inspiré des stucs et des papiers peints des palais des Tsars. Cet objet marque l’anniversaire de la création de l’Académie des Sciences et des Arts, fondées par Catherine La Grande et placé désormais sous le haut patronage de Marie Fédorovna. Cette dernière écrit à sa sœur « un véritable chef d’œuvre d’émail rose ». Il reflète une chaise à porteur porté par deux maures à laquelle se trouve la Tsarine Catherine qui est même coiffée d’une minuscule couronne. Fabergé a eu le plaisir de voir la mère du Tsar découvrir l’œuf en sa présence. Enchantée elle s’est écriée « Monsieur Fabergé vous êtes un incomparable génie ». Ces paroles ont longtemps dû raisonner dans ses oreilles.

 

Œuf du quinzième anniversaire. En 1911 Nicolas II célèbre le quinzième anniversaire de son couronnement. Fabergé rappelle les grands moments de son règne : la grandiosité de son couronnement, le premier discours au Palais d’Hiver, la première conférence pour la Paix organisée à La Haye à l’initiative du Tsar et qui a amené à la création de la cour permanente d’arbitrage des conflits. Ici l’inauguration du pont Alexandre III à Paris et les portraits de la famille impériale.

 

Œuf napoléonien. Un an plus tard on célèbre un autre événement.  En 1912 le Tsar a commandé pour sa mère un œuf commémorant sa victoire sur Napoléon 100 ans plus tôt. A cette époque la Russie célébrait la succession de grands anniversaires qui visaient à raviver la ferveur patriotique dans la population. Une série de miniatures pliantes représentent l’armée du Tsar. Le 7 sept 1812 le village de Borodino fut le théâtre d’une bataille décisive entre la grande armée de Napoléon et l’armée russe du Général Koutouzov. Affaibli par de lourdes pertes, Napoléon ne réussit plus par la suite à battre les troupes russes. L’œuf porte le monogramme de la Tsarine mère. A l’occasion de cet anniversaire il y a eu à Borodino une reconstitution de la Bataille. Le Tsar a parcouru le champ de bataille à cheval au son de l’Hymne National. Pour rappeler l’époque napoléonienne l’œuf est de style empire, émaillé de vert avec des bordures rouges et des applications d’or.

 

Œuf du tricentenaire des Romanov. 1913 été l’occasion de fêtes grandioses pour fêter les 300 ans du règne des Romanov. Le Tsarévitch était souffrant, il fallait le porter. Un funeste présage pour l’avenir du trône. Encadres d’aigles et de bustes impériaux, les médaillons de l’œuf du tricentenaire représentent  les 18 Tsars et Tsarines  de la dynastie Romanov. A l’intérieur un globe qui montre l’étendue de la Russie en 1613  et en 1913.

 

L’œuf bleu du Tsarévich. commandé par la Tsarine Alexandra en l’honneur de son unique fils, l’héritier au trône qui suit comme il convient son éducation militaire. Les motifs d’or qui ornent la coquille sont un hymne au jeune prince. Au cœur de l’œuf un portrait du Tsarévitch peint sur ivoire.  Mais Alexis est hémophile, sa maladie plonge dans l’angoisse et la détresse ses parents. La moindre blessure peut provoquer une grave hémorragie. Et quand cela se produit, la Tsarine appelle au chevet de son fils, Raspoutine le guérisseur très en vogue  mais aussi très controversé. Elle croit que lui seul peut conjurer la maladie, mais malheureusement cette confiance aveugle aura des conséquences néfastes.

La Russie entre dans une période sombre... l e début de la fin semble se profiler à l’horizon. Au siècle précédent la Russie avait dû se défendre contre Napoléon, aujourd’hui  c’était  contre l’Allemagne.

Le Tsar avait pourtant tout essayé pour l’éviter. Dans les ateliers, même dans ceux de Fabergé,  on fabriquait désormais des grenades et d’autres matériels  de guerre. Le malheur se profila avec la déclaration de guerre  du Kaiser Guillaume II. En tant que commandeur en chef  des armées, le Tsar était souvent au loin avec le Tsarévitch  au siège de l’état major ou sur le front.

 

Œuf militaire en acier. Cependant le Tsar n’a pas oublié de commander un cadeau de Pâques pour son épouse. Mais il s’agissait d’un œuf en acier. C’est le fils de Fabergé, Eugène qui a porté l’œuf impérial a été interpellé de la stupéfaction des enfants du palais devant ce morne présent. Comme pour adoucir les faits, l’œuf comporte toutefois à l’intérieur une miniature avec les portraits du Tsar et du Tsarévitch tout deux en uniforme, à l’état major général.

En l’absence du Tsar, la cour devient un nid d’intrigues, et sous l’influence de Raspoutine la Tsarine ne fait qu’aggraver la situation en s’immisçant dans les affaires. La situation devient critique.

La première guerre mondiale précipite la Russie dans le chaos…

 

L’œuf de la croix rouge. La famille impériale ouvre ses palais et installent des hôpitaux de fortune.

Alexandra et ses filles ainées apportent des soins aux blessés de guerre. En raison de ses origines allemandes, la population accuse néanmoins Alexandra d’être une espionne. Pour beaucoup de russes elle incarne le mal venu d’Allemagne. A la demande du Tsar, les œufs de pâques de ces années sont simples et modestes. La coquille sobrement émaillée de blanc porte une inscription en ancien caractère slave louant le sacrifice de soi comme la force suprême de l’amour. Les portraits en tenue d’infirmière de la Tsarine, des grandes duchesses Olga et Tatiana, de la sœur du Tsar et d’une cousine sont peints sur la nacre.

 

L’œuf à la Croix de St Georges. La mauvaise gestion du pays et les guerres répétées l’entraînent au bord de la catastrophe. Le dernier cadeau de pâque réalisé par Fabergé a été l’œuf à la Croix de St Georges. L’ordre avait été créé par Catherine la Grande 150 ans auparavant. Une distinction purement militaire pour récompenser le courage et la bravoure. Sur la Croix de l’ordre St Georges à cheval, symbole de la Russie et à terre le dragon, symbole des incroyants.

Fabergé a fabriqué cet œuf avec des matériaux sobres. Une pression du doigt sur le ruban permet de découvrir le portrait du Tsar, à l’arrière, sous une pièce apparaît celui d’Alexis. Le Tsar Nicolas II a d’abord refusé la croix de St Georges car il  ne participait pas personnellement au combat mais il finit par l’accepter et il la portera jusqu’à ses derniers instants. Avant d’être exécuté il l’a cachée dans un trou d’un mur  où elle a été retrouvée plus tard. L’œuf à le croix de St Georges  est le seul que la Tsarine mère a réussi à sauver des pillages de la révolution. Quant on a fouillé sa demeure on ne l’a pas trouvé, elle l’avait caché, avec d’autres bijoux sous une couverture de son lit. Lorsqu’elle fuit par la Crimée pour gagner le Danemark, l’œuf est avec elle.

 

L’œuf au bois de bouleau. Le dernier œuf réalisé par Fabergé est le cadeau de Pâques que Nicolas II réservait à sa mère.  Il n’a jamais été livré.  Il s’agissait d’un simple œuf en bois de bouleau. Les bois de la forêt de Carélie. Le matériau se voulait un symbole de modestie et de patriotisme  dans ces temps difficiles. Pour les fêtes de pâques de 1917 le Tsar et toute sa famille étaient en résidence surveillée et Kerensky le chef de gouvernement provisoire  n’a pas autorisé Fabergé à leur remettre l’œuf.

 

Fabergé est bien sûr très inquiet, il ne sait malheureusement pas le sort qui a été réservé à la famille impériale.

Fabergé doit fuir aussi. Pourtant il doit à la famille Romanov la vie exceptionnelle qu’il a vécue, mais Dieu seul sait comment cela va se terminer. Fabergé traverse l’Allemagne pour rejoindre la Suisse où il s’installe avec sa famille. Ses fils Alexandre et  reprennent la suite de l’entreprise à Paris.

Karl Peter Fabergé s’éteint en 1920. Il est enterré à Cannes.

 

Il laisse derrière lui un œuf mystérieux :  L’œuf constellation.  Sur un globe céleste, en verre bleu incrusté de diamants, se trouve inscrit la position des astres à l’heure de la naissance de l’héritier au trône Alexis. L’œuf est inachevé, comme la vie du Tsarévitch exécuté à l’âge de 14 ans.

 

Les bolcheviques qui ont pris le pouvoir en Russie scellent le destin  de la famille impériale en 1918. Les Tchéquistes reçoivent l’ordre d’abattre le Tsar et sa famille ainsi que les domestiques qui les accompagnent. Les corps sont ensevelis dans les bois. On ne les retrouvera que 80 ans plus tard et ils seront alors inhumés dans la crypte impériale de St Pétesbourg. Ils sont canonisés en l’an 2000 et leurs icônes sont aujourd’hui dans toutes les églises orthodoxes de Russie.

Au total, les Tsars Alexandre III et Nicolas II, ont offert 52 œufs de Pâques au Tsarines. 42 ont survécus à la révolution. Ils sont actuellement dispersés au 4 coins du monde.

Aujourd’hui, leurs mythes fascinent encore… Ils inspirent les scénaristes des films …

 

Le prix des œufs de Fabergé sont estimés aujourd’hui à plus de 50 millions d’Euros. Lorsque la famille Forbes a annoncé la vente de son importante collection d’œufs de Fabergé, la nouvelle a fait sensation. La maison anglaise Sotheby’s était chargée de la vente mais la vente n’a pas eue lieu. Le Russe Victor Vekselberg, a tout acheté pour plus de 100 millions  de dollars.

A Londres quelques années plus tard un autre œuf est mis en  vente chez Cristie’s, l’œuf chantecler,  Victor Vekselberg, l’achète pour 18.5 millions en 2002.

Il paraît qu’Elisabeth II d’Angleterre a une très grande collection d’objets de Fabergé, elle les laissait sur des meubles, ici et là dans ses palais jusqu’au jour où on lui a demandé de les prêter pour une exposition. Lorsqu’elle a vu le prix de l’Assurance elle a compris qu’elle laissait à la portée des domestiques qui en faisaient la poussière, un inestimable trésor… Depuis, bien sûr, ces objets sont bien protégés !

Aujourd’hui la maison Fabergé continue à vendre des bijoux, mais elle ne fabrique plus « d’objets de cadeaux »… Elle attend peut-être qu’un jour le fantôme de l’artiste Karl Peter Fabergé vienne à nouveau hanter les esprits de ses créateurs !

 

 

 

 

 
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