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05.01.2016 - de l'Antiquité aux temps modernes.

L’HISTOIRE DU PARFUM

05 janvier 2016  - Michèle

Aujourd’hui le parfum fait partie de notre vie… Mais a-t-il toujours existé ?

Oui, pratiquement, et étudier l’histoire du parfum, c’est étudier l’histoire de l’humanité…

En effet, dans l’antiquité le parfum existait mais pas comme aujourd’hui. Il n’était pas obtenu avec de l’alcool ni distillation…. Et le mot « parfum » n’existait pas non plus. Il est apparu tardivement dans la langue française, on ne le trouve pas avant 1528 et il évoquait plutôt des substances odoriférantes qui se brûlaient avant de prendre son sens actuel au XVIIe siècle…

Le mot « parfum » est formé à partir de deux termes latins : le préfixe  « per » qui signifie « à travers » et le verbe « fumare » qui signifie  « fumer ». Donc d’après son étymologie le mot « parfum » signifie « ce qui se répand à travers (un espace) comme de la fumée ».

Donc le parfum existe depuis très longtemps, pratiquement depuis que l’homme existe car on sait que les peuples protohistoriques, déjà, brûlaient des branches, des gommes ou des résines d’une ou plusieurs compositions aromatiques pour leur parfum.

Les ingrédients de ces compositions ne sont pas connues mais on sait que les Egyptiens brûlaient des aromates pour le dieu du soleil (Râ) pour son lever, lorsqu’il était au zénith et pour son coucher.

Des Papyrus et bas-reliefs Egyptiens témoignent de la fabrication de parfums qui étaient  liée à la religion et qui étaient plus particulièrement des fumées purificatrice, à la gloire des Dieux.

On trouve sur le temple d’Edfou, en caractères hiéroglyphiques, sur les murs, la formule  du « kyphi », un parfum à l’odeur florale et sucrée comprenant un mélange de miel, de raisin, de vin, de myrrhe, de genêt, de safran et de genièvre. Cette découverte a fait penser que l’élaboration des parfums égyptiens était  probablement réservée aux prêtres qui avaient leur laboratoire dans les temples…  Ils fabriquaient surtout des onguents pour la toilette des statues, pour la momification des grands personnages.  En effet, en empêchant la putréfaction du défunt et en lui communiquant une bonne odeur on faisait de lui un « Parfumé », un dieu en quelque sorte !

Des baumes, des onguents à base de graisse ou d’huiles saturées de fleurs ou d’épices ont aussi été adoptés par les Egyptiens et il était un raffinement suprême de poser sur sa tête un petit cône[1] d’essence balsamique qui, en fondant, parfumait le visage.

Pour la petite histoire,  Néfertiti[2] se baignait dans de l’eau de jasmin avant de s’oindre de santal, d’ambre et d’extraits de fleurs rares, ce qui vous en convenez est un raffinement de toilette, et… de séduction mais ses bains avaient aussi des fonctions sanitaires et thérapeutiques, d’ailleurs les sages disaient «  achète des parfums à ta femme, ce sont les meilleurs soins pour son corps », ils voulaient dire « meilleurs soins de la beauté mais aussi de la santé ! ».

Le fameux Kyphi, qui servait à honorer les dieux était aussi très utilisé pour soigner les maladies hépatiques, intestinales et pulmonaires. Il servait aussi à détendre et à euphoriser (comme le fait l’alcool mais sans les effets négatifs). C’est sûrement le premier parfum aromachologique qui avait un effet sur les mesures et le comportement. (Aujourd’hui l’aromachologie[3] est une science et de nombreux laboratoires travaillent à lancer des parfums vivifiants, euphorisants, déstressants)…

Mais, le parfum n’était pas utilisé seulement en Egypte, sur les tablettes d’argile sumériennes (Mésopotamie) on pouvait lire que les cérémonies religieuses utilisaient des combustions de plantes odorantes qui servaient à purifier les sanctuaires. D’ailleurs les temples étaient construits en bois odoriférants et on y faisait des offrandes d’aromates aux dieux et aux morts. Par exemple on apportait du myrte, de l’acore[4], du cèdre… Dans la vie courante, le mari devait tout au long de leur vie commune, fournir du parfum à sa femme. C’était une marque d’amour mais… également un rite de purification.

L’histoire hébraïque nous raconte que 2000 ans avant J.-C., les hébreux utilisaient déjà  les parfums. Il était sacré et précieux dans la vie quotidienne où ils utilisaient le henné dont les feuilles servaient à dorer les cheveux et à teindre en jaune orangé les pieds. Les fruits servaient pour la médecine et on utilisait les fleurs pour se parfumer. « Yahvé demande, un jour, à Moïse de fabriquer du parfum, d’en boire une partie et de mettre l’autre dans la tente où l’on se rencontrait pour prier »...

En Perse les filles à marier devaient se parfumer « Avant d’être présentée au roi de Perse Assuérus, Esther pendant 6 mois a dû rester quotidiennement de nombreuses heures dans des bains parfumés avant d’être massée à l’huile de myrrhe. Pendant les six mois suivants elle a été exposée aux fumigations de nard, de safran et d’oliban. Le jour de la présentation  elle a été abondamment aspergée de lait de benjoin et sa chevelure parfumée à l’huile de jasmin [5]».

C’est dans la Grèce Antique que l’on a inventé l’enfleurage : dans de grands vases en bronze remplis d’huile ou de graisse liquide les grecs laissaient macérer des fleurs sans cesse renouvelées, ceci pendant plusieurs semaines. Ils rajoutaient des épices, aux gommes, aux baumes et aux huiles parfumées aux fleurs. On a trouvé aussi des descriptions de techniques pour isoler par distillation l’essence des fleurs.

Vous connaissez sûrement l’histoire des grands sportifs, qui participaient aux jeux Olympiques, qui se badigeonnaient le corps d’huiles parfumées, c’était, comme pour les poètes, une manière de  prendre soin de leur corps. On conseillait aussi de « s’enduire les narines de parfums pour réjouir le cerveau».

Les fragrances comme l’encens, la myrrhe, la cannelle, la muscade, le nard, le safran, l’iris, l’anis, la sauge, la marjolaine, le lis et la rose parfumaient déjà les huiles mais les parfums d’origine animale comme l’ambre gris, le musc, la civette faisaient déjà leur apparition comme en témoignent des  indications sur des poteries de type « Aryballe Corinthe » du VIe siècle av. J.-C retrouvées par les Archéologues.

Bien sûr, les Romains, influencés par la civilisation grecque ont fait une consommation importante de parfums. On parle même d’  « orgie » de parfums : on « dînait sous des pluies d’essences de grande rareté et on consommait des asperges trempées dans des huiles parfumées, servies dans des coupes de bois odorants et que l’on buvait des vins aromatisés à la rose ou à la myrrhe. Entre chaque service les convives étaient aspergés d’eau de fleurs… ». Les illustrations des fameux banquets de Néron nous racontent également « que les plafonds pleuvaient de gouttelettes d’essences rares, des colombes aux plumages imprégnés de senteurs rafraîchissaient les convives à grands coups d’ailes… ». Bien sûr dans le monde romain, comme dans le monde oriental et grec des offrandes parfumées accompagnaient les rites religieux et funéraires. Par contre, les romains utilisaient des flacons en verre contrairement aux céramiques grecques (nombreuses découvertes d’Unguentaria dans les tombes romaines).

Dans la vie de tous les jours, une grande dame praticienne commençait sa toilette en ôtant son maquillage puis le remplaçait par un onguent de beauté. Elle se gargarisait ensuite au safran ou à la rose et mâchait de la gomme odorante puis glissait dans un bain de jasmin, de lavande ou de rose. Après un massage parfumé, une esclave vaporisait sur le corps de sa maîtresse une eau parfumée dont elle s’était au préalable emplie la bouche….

Mais… avant les romains, les Celtes aussi se parfumaient. On sait que dès la préhistoire on récoltait l’ambre sur les plages de la Baltique, puis importé vers les régions plus méridionales et orientales. Aux âges de fer ou à la période gauloise, l’ambre ornait des parures féminines sous forme de perles. On a découvert bracelets dans le tombeau de Vix dont je vous avais déjà parlé…. Les Gaulois réservaient la verveine pour les vierges sacrées et utilisaient les plantes aromatiques comme le thym, la menthe poivrée ou le basilic bien avant la conquête romaine et le musc, la résine, la térébenthine, le styrax et l’asphalte participaient à l’élaboration de parfums.  

Au moyen-âge, après la chute de l’empire romain, le parfum en Occident aurait décliné d’après tous les textes qui nous sont rapportés… C’est vrai que  pendant les périodes troubles des nombreux peuples qui envahissent l’Europe nous avons peu d’histoire sur le parfum. Mais je suis sûre que le parfum y était présent et d’ailleurs en allant chez mon père, récemment je me suis intéressée à une villa romaine[6] que j’allais « fouiller » lorsque j’étais au collège et j’ai trouvé un texte qui parle d’une « tombe wisigothique » dans laquelle on a retrouvé les restes d’une jeune femme et d’un mobilier funéraire comprenant : « une épingle à cheveux en bronze, deux boucles d’oreilles, deux fibules fondes ornées d’un cabochon de verre bleu et rouge, un petit couteau de fer, avec une bouterolle de bronze et les restes d’un fourreau d’écorce, un anneau de fil de bronze brisé ayant laissé échapper divers talismans dont une grosse perle d’ambre gris, cinq perles de verres, trois annelets de bronze, une pendeloque en os… ». Donc même si l’on a peu d’écrit sur cette période on sait que le parfum y avait toujours sa place. Aussi, c’est surtout que l’histoire est écrite par les chrétiens dont la religion condamne les orgies des parfums. Toutefois on trouve dans le Nouveau Testament que les femmes utilisent à de nombreuses reprises du parfum pour honorer Jésus. Verser du parfum sur la tête de son hôte était un geste d’hospitalité…. Et aujourd’hui encore les parfums sont encore utilisés dans la liturgie : L’encens lors des célébrations solennelles, les huiles parfumées pour le baptême, la confirmation ou la consécration d’un évêque, pour l’onction des malades aussi…

Mais il semblerait bien que pendant un certain temps l’utilisation des produits parfumés connaissent un déclin bien qu’on continue à cultiver des plantes aromatiques dans les jardins fermés sur les modèles de ceux mis en place par Benoit d’Aniane dans les abbayes… Comme ma petite violette par exemple qui n’était plus portée en couronne ou répandue dans les salles des banquets… Elle était cultivée comme « simple » et utilisée en médecine. Il ne faut pas oublier toutefois, que contrairement à une idée répandue, l’hygiène reste au moyen âge une préoccupation importante. Dans une maison très modeste, la maison bien tenue était parfumée d’herbes que l’on faisait brûler dans la cheminée… et puis on voit apparaître les « pomanders » qui étaient des boules remplies de produits parfumés dont l’odeur s’échappait des perforations, mais il faut l’avouer les fragrances connues dans l’antiquité sont oubliées…

Elles seront quand même « redécouvertes » à l’occasion des routes commerciales lors des grands voyages (comme celui de Marco Polo, par exemple) et l’intensification des échanges avec l’Orient (Croisades) avec par la suite les Chinois et les Arabes.

A l’occasion de son mariage avec Louis II d’Anjou, Yolande d’Aragon, la mère de notre « bon Roi René »  arrive à Arles en octobre 1400 après un voyage de plusieurs jours. La veille du mariage sa chambrière lui prépare l’eau de son bain et aide Yolande à se dévêtir. Quand la jeune princesse s’enfonce dans son bain on imagine qu’elle ferme les yeux et penche sa tête sur le drap de molleton qui doit retenir l’eau chaude… Elle se laisse laver, frictionner, masser, rincer, sécher puis envelopper d’un linge épais. Ensuite on peut penser qu’elle s’assied près de la cheminée… sa chambrière lui verse quelques gouttes d’huile de noyaux de pêches contenue dans une burette sur ses cheveux pour les rendre plus brillants, elle lui masse le visage avec une pommade adoucissante de sa préparation à base de crème chauffée au bain-marie dans laquelle elle a jeté des fleurs de nénuphar, de fèves et de pétales de roses séchées.

Oh combien elle a bien dormi ... puis au matin elle saute de son lit pour se frotter les dents avec de l’os de seiche broyé contenu dans une amulette (aumoslette), puis s’abandonne encore aux mains de sa chambrière qui  l’aide à s’habiller, coiffer avec un chignon retenu par un peigne en or… et qui lui tapote, ensuite, le visage avec quelques gouttes de fleurs d’oranger, et lui tend un petit coffre aux senteurs. Yolande après avoir senti le contenu de plusieurs ampoules, burettes, ausmolettes, barillets, pommes d’ambre, opte finalement pour son parfum préféré, un mélange savant de fleur d’oranger, de santal et d’ambre…

Petit à petit, en effet le parfum reprend sa place d’autant que les alchimistes d’Europe profitent de la mise au point de l’alambic et du serpentin, héritiers des Arabes. C’est l’ouverture de ces techniques modernes qui permet la création de « L’eau de la Reine de Hongrie » en 1370. Ce parfum a été créé pour l’épouse du roi Charles Robert de Hongrie, Elisabeth de Pologne, qui en a fait un usage intensif. Elle s’en est aspergée abondamment mais elle l’a aussi… bu ! La légende raconte que cette eau merveilleuse, qu’elle aurait reçue des mains d’un ange, qui l’a aidé à conserver sa beauté… et aussi, c’est grâce à ce parfum, qu’elle aurait été demandée en mariage par le Prince de Pologne à l’âge de 72 ans !...  Rassurez-vous, l’erreur vient du fait que c’est son fils, Louis de Hongrie qui est devenu roi de Pologne qui a simplement nommé sa mère régente de ce Pays.

Cette « Eau de la Reine Hongrie » était composé initialement de romarin macéré dans l’esprit de vin qui était appelé « alcoolat de romarin » a été conçue à Montpellier. Elle était d’ailleurs recommandée par les médecins Arnaud de Villeneuve et Raymond Lulle à la fin du XIIIème siècle. Plus tard, notamment pour « l’eau de la Reine de Hongrie », elle a été enrichie avec de l’essence de lavande, de la bergamote, du jasmin, du cirse et de l’ambre . Plus tard, Simon Barbe[7] écrit en 1693, « L’eau de la Reine de Hongrie ne peut se faire si bonne qu’à Montpellier parce qu’ils la font avec les fleurs de romarin qu’ils ont en abondance mais cependant celle que nous faisons avec les feuilles est fort bonne et a la même vertu ».

Aujourd’hui l’Eau de la Reine de Hongrie existe toujours, elle est élaborée et vendue par la maison Fragonard. Elle est restée très longtemps à la mode. On sait qu’elle était utilisée à la cour du roi Charles V au XIVème siècle, mais aussi au XVIIe siècle à la cour de Louis XIV. Elle a été plus particulièrement le parfum de Mme de Sévigné, Mme de Grignan (sa fille) et de Mme de Maintenon…  Pour une fois de plus on peut citer Mme de Sévigné qui avait un avis sur tout, elle écrivait «Elle est divine, je vous en remercie encore ; je m’en enivre tous les jours : j’en ai dans ma poche. C’est une folie comme le tabac : quand on y est accoutumée, on ne peut plus s’en passer. Je la trouve bonne contre la tristesse.... » (16 octobre 1675).  -  « … A force de me parler de torticolis, vous me l’avez donné. Je ne puis remuer le côté droit ; ce sont  ma chère enfant, de ces petits maux que personne ne plaint, quoiqu’on ne fasse que criailler… Votre eau de la Reine de Hongrie m’aura guérie avant que cette lettre ne soit à Paris… » (17 janvier 1676).

Mais la société a changé ! A la fin du Moyen Age on a peur de l’eau. Les étuves et les bains publics sont des lieux de promiscuité et la peste change les mentalités. « Bains et étuves publiques seront pour lors délaissés, pour ce qu’après les pores et petits soupiraux du cuir, par la chaleur d’icelle, sont ouverts plus aisément, alors l’air pestilent y entre ». (Traité de la peste, Nicolas Houel 1573).

La société va avoir recours de plus en plus fréquemment au parfum pour cacher les effluves corporelles. On se frotte avec du linge et on emploie des parfums forts et capiteux  comme l’ambre, le musc, le jasmin, la tubéreuse… On ramène de nouvelles senteurs d’Amérique et d’Inde comme le cacao, la vanille, le baume du Pérou, le poivre, le tabac, le girofle, la cardamone…. Les parfums étrangers s’installent à Paris et la mode des gants parfumés envahissent la France. C’est Catherine de Médicis qui a apporté cette mode de Toscane. Les parfums permettent de masquer l’odeur très désagréable des peaux mal tannées.  Au fil du temps, les eaux parfumées, les poudres, les fards vont battre le plein…

Cette mode va créer la création de « La corporation des gantiers parfumeurs » en France qui va obtenir le monopole de la distribution des parfums sous Louis XIV « Le Roi le plus fleurant du monde», ou le « Doux Fleurant » alors qu’auparavant c’étaient les apothicaires et les droguistes qui vendaient les parfums. C’est Colbert qui va encourager le développement de cette nouvelle industrie qui va permettre à la France de supplanter Gênes et Venise qui en contrôlaient jusqu’à la renaissance le monopole.

La ville de Grasse va devenir la capitale du parfum. C’est à Grasse qu’on y met au point de nouvelles techniques qui permettent de mieux recueillir l’essence des fleurs fragiles comme la rose, les œillets, la tubéreuse, la violette et le jasmin.

A la cour de Louis IV on parfume tout : les vêtements, les perruques, les éventails, les mouchoirs mais aussi le tabac souvent aromatisée à la fleur d’oranger, à la rose, au jasmin, au musc… à la civette et à l’ambre. Les courtisans s’amusent même à confectionner toute sorte de produits parfumés comme par exemple la maréchale d’Aumont qui met au point une poudre dite « à la Maréchale » à base d’iris, de coriandre, de girofle, de calamus et de souchet !

On sait maintenant combien cette mode a été catastrophique, notamment pour Louis IV qui a été allergique à tous les parfums, toutes les odeurs ne supportant plus que la fleur d’oranger. Saint Simon aurait dit que « jamais homme n’aima tant les odeurs et ne les craignit tant après, à force d’en avoir abusé ».

Mais le parfum est sensé cacher les odeurs des palais qui ignorent les latrines et il paraît aussi que les villes rétribuaient les « parfumeurs » en tant de peste tant l’idée que le parfum « désinfectait » les maisons contaminées auquel on y adjoignait souvent du souffre, de l’arsenic ou de la poudre à canon !

C’est au XIXe siècle seulement que les dynasties de parfumeurs se confirment  après l’installation de boutique de Jean-François Houbigant à Paris et par la suite de l’invention du vaporisateur, mais la grande étape dans l’histoire du parfum est la création de la revigorante  et discrètement parfumée  « eau de Cologne » très vite prisée par tous (Louis XV, Napoléon 1er…). Ce parfum a été créé par Jean Marie Farina aux alentours de 1720 grâce aux techniques de distillations des alcools obtenus par fermentation des fruits et céréales. L’alcool puissant, neutre au point de vue olfactif, rend soluble les fragrances et permet également de les stabiliser. Jean-Marie Farina s’était installé à Cologne pour travailler avec son frère dans un commerce de luxe où il en est devenu le « nez » et met ainsi au point l’Eau de Cologne qui connaît un grand succès à cette époque ou l’hygiène est principalement assurée par la « toilette sèche ». Jean-Marie Farina à vendu sa composition à Roger & Gallet qui produit encore l’eau de Cologne dite « extra vieille ».

En 1791 La Loi Le Chapelier proscrit la corporation des maîtres gantiers parfumeurs et favorise la naissance de la maison de parfum. Avec l’essor industriel et publicitaire les conséquences sur le parfum vont être considérables.  Un Corse, François Coty, va comprendre que le parfum, jusque là réservé à une élite, peut devenir un produit de grande consommation. Il est considéré comme le père de la parfumerie moderne. En 1904 il crée sa propre usine sur les bords de Seine, à Suresnes pour associer des essences naturelles à des produits de synthèse que la chimie permet désormais de produire à bon marché. Il crée ensuite d’autres usines pour les conditionnements dont il  comprend l’importance dans les techniques de vente. Il fait appel à un célèbre verrier René Lalique qui crée pour lui le flacon de l’Effleurt, puis celui d’Ambre Antique. Il fait aussi appel à Baccarat et au décorateur Léon Bakst. Sa publicité résume sa philosophie : « Donnez à une femme le meilleur produit que vous puissiez préparer, présentez le dans un flacon parfait d’une belle

Simplicité, mais de goût impeccable, faites le payer un prix raisonnable, et ce sera la naissance d’un grand commerce tel que le monde n’en a jamais vu».  Ses idées ne s’arrêtent pas là, les parfumeurs ne commercialisant que dans leurs propres boutiques, il décide de vendre ses parfums dans les grands magasins… malgré le refus de ceux-ci. Mais la légende raconte que Coty, refusé par le directeur des Magasins du Louvre pour commercialiser dans ses rayons son parfum La Rose Jacqueminot, en a jeté une bouteille en plein milieu du magasin bondé ce qui a provoqué une quasi émeute et la demande de plusieurs dizaines de clientes qui se précipitent pour savoir où elles pouvaient acheter ce parfum. Les Magasins du Louvre acceptent alors 500 flacons qui se sont vendus en quelques jours. Les autres magasins suivent, au bout de quatre mois, Coty est devenu millionnaire ! Plus tard, en 1918 il a encore une idée de génie : conditionner ses parfums en petite bouteilles ce qui fait le cadeau idéal que les soldats américains vont ramener à leur épouse ou leur petite amie….

En 1882 c’était le premier parfum avec produit de synthèse de Paul Parquet « Fougère Royale », Guerlain a suivi avec « Jicky » en 1889 … En 1911 Paul Poiret crée la marque « Les Parfums de Rosine » initiant la génération des couturiers parfumeurs. La parfumerie moderne est née !  Elle est française.

Elle connaît son âge d’or entre les années 1920 et 1960 s’imposant dans le monde entier jusqu’à l’arrivée de la concurrence sur le marché européen, notamment de la parfumerie américaine avec la publicité et le marketing sociostyle dont le  premier étant Charlie de Revlon en 1973 qui est récompensé en 1975 comme étant la première fragrance mondiale.

Depuis 1990 la Parfumerie se concentre dans quelques grands groupes internationaux.


 



[1] - Les cônes parfumés de 8 cm de haut sur 12 cm de diamètre à la base étaient faits de graisse de bœuf ou de poisson, cuite dans l'eau puis dans le vin et ensuite aromatisée par des huiles végétales. Ils fondaient lentement et parfumaient le visage en permanence. Thèbes, Égypte,1200 avant J.-C

[2] - Néfertiti (dont le nom signifie « la belle est venue » ou « la parfaite arrivée ») est la grande épouse royale d’Akhenaton, l’un des derniers rois de la XVIIIe dynastie. Elle a vécu aux environs de 1370 à 1334 av. J.-C.

[3] - L'aromachologie est la science des phénomènes liés aux odeurs, plus particulièrement l'influence des odeurs sur le comportement.

[4] - Acore odorant ou jonc odorant est une plante herbacée aquatique, pérenne, rhisomateuses de la famille des Acoracées. On l’appelle aussi roseau aromatique, acore vrai, canne aromatique, schoenante.

[5] - Catherine Donzel, Voyage en Asie.

[6] - à Valentine (31)

[7] - Barbe S. Le parfumeur français qui enseigne toutes les manières de tirer les odeurs des fleurs, & à faire toutes sortes de compositions de parfums.... Lyon : chez Thomas Amaulry, 1693

 
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