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QUI EST ANTOINE DE SAINT EXUPERY Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
25.11.2014 - Il y a 70 ans, il n'y eut plus d'espoir qu'il soit encore en vol !

QUI EST ANTOINE DE ST EXUPERY ?

La Culturothèque

25 novembre 2014 - Michèle

Héros, Icare des temps modernes, son visage s’affiche sur les timbres, les billets de banque, les frontons des aéroports et des écoles, « Saint-Ex » comme l’appelaient les pilotes reste dans la mémoire collective. Il a disparu, en vol,  il y a 70 ans, le 31 juillet 1944.

Né le 29 juin 1900 à Lyon dans une famille noble désargentée, son père, Jean de Saint-Exupéry abandonne son régiment de dragons pour une situation plus rentable : inspecteur d’Assurances.

A sa mort, jeune, à l’âge de 41 ans, sa mère, Marie de Fonscolombe va vivre avec ses enfants chez « tante Gabrielle » partageant son temps entre le château de la Môle dans le Var, Lyon et Saint-Maurice-de-Rémens dans l’ain. Antoine de Saint-Exupéry a 3 sœurs et 1 frère, il est le 3ème.

La propriété de Saint-Maurice, le « château » va devenir pour les enfants un inépuisable terrain de jeux et pour Antoine de Saint-Exupéry il restera à jamais le paradis perdu de l’Enfance. « Ah ! Le merveilleux d’une maison, ce n’est point qu’elle vous abrite ou vous réchauffe, ni qu’on en possède les murs, mais bien qu’elle ait déposé en nous, lentement, ses provisions de douceurs, qu’elle forme, dans le fond du cœur, ce massif obscur, d’où naissent, comme des eaux de sources, les songes » écrit-il dans Terre des Hommes.

Dans le Château il est libre, comme son frère et ses sœurs ainsi que ses cousins. Ils apprennent à faire du vélo à capturer des oiseaux, à mettre en scène des petites pièces de théâtre, à écrire des comptines et à imaginer et jouer aux Chevaliers.

Dans « Pilote de guerre » Antoine de Saint-Exupéry dit ceci « Il se jouait les jours de grands orages, quand, après les premiers éclairs, nous sentions, à l’odeur des choses et au brusque tremblement des feuilles, que le nuage était près de crever (…) Nous partions de l’extrême du fond du parc en direction de la maison, au large des pelouses, à perdre haleine. Les premières gouttes des averses d’orage sont lourdes et espacées. Le premier touché s’avouait vaincu. Puis le second. Puis le troisième. Puis les autres. Le dernier survivant se révélait ainsi le protégé des dieux, l’invulnérable ! Il avait droit, jusqu’au prochain orage, de s’appeler « le chevalier Aklin ».

Le château de Saint-Maurice-de-Rémens était pour les enfants La Maison dans laquelle les couloirs servaient de piste de glisse, les escaliers de rampes de lancements, les meubles de murs d’escalade.  Cette maison les fascinaient, de la salle de billard à la bibliothèque vitrée, du salon où les grands se retrouvaient pour jouer au bridge à la salle à manger habillée de boiseries où se rassemblaient ses oncles, cette maison est importante pour Antoine de St Exupéry.

Dans Pilote de Guerre il écrit encore « il était au rez-de-chaussée de cette maison de campagne un vestibule qui me paraissait immense et sur lequel donnait la pièce chaude où nous, les enfants, nous dînions. J’avais toujours craint ce vestibule à cause peut-être de la faible lampe qui, vers le centre, le tirait à peine hors de sa nuit, un signal plutôt qu’une lampe, à cause des hautes boiseries qui craquaient dans le silence à cause aussi du froid…Car on y débouchait de pièces lumineuses et chaudes, comme dans une caverne ».

Antoine de Saint-Exupéry lit beaucoup. Dans ses Ecrits de Guerre il dit : « A quatre ans et demi, je brûlais du désir de lire un vrai livre. J’avais trouvé, au fond d’un vieux coffre en bois rempli de catalogues et de prospectus jaunis, une brochure sur la fabrication du vin ; et toute incompréhensible qu’elle me fût je la lus de la première à la dernière page : chaque mot me captivait. Ce fut là mon tout premier livre ».

Mais il ne faisait pas que lire. Il était aussi très intrépide et avait déjà l’idée de voler. Il fabrique une bicyclette « à voile » aidé d’un artisan mais elle ne volera pas.

Adolescent il va souvent à la ville d’Ambérieu, à vélo, pour rejoindre les hangars d’un petit aérodrome. A 12 ans il arriver à persuader des pilotes, les frères Wroblewski, de le prendre à bord d’un avion de leur fabrication. Il réalise ainsi son baptême de l’air. Les deux frères trouveront la mort un an plus tard dans la chute d’un de leurs appareils.

Le château de Saint-Maurice-de-Rèmens est la maison des vacances. Antoine de Saint-Exupéry et son frère sont internes au collège jésuite Notre-Dame-de-Sainte-Croix au Mans où sa mère s’est installée avec son beau-père. Les filles restent à Lyon chez Tante Gabrielle. Antoine de Saint-Exupéry est un élève très dissipé, plus motivé par la Poésie que ses résultats scolaires. Il concocte un journal avec ses camarades « L’Echo de troisième ».

La guerre va bouleverser la vie, déjà bien compliquée de la famille.  L’oncle Roger tuteur de la famille est tué au front dès le début du conflit.  Marie revient à St Maurice et s’engage comme infirmière à l’hôpital installé dans la gare d’Ambérieu.  Ses fils fréquentent l’école de Villefranche-sur-Saône puis dès 1915 sont placés en pension à la Villa Saint-Jean, collège tenu par des frères marianiste à Fribourg en Suisse.

Tant bien que mal, Antoine de Saint-Exupéry réussit à décrocher son bac.  Il a l’idée de s’engager dans une carrière militaire mais est recalé à l’oral de l’Ecole navale.

Il s’inscrit donc en 1920 aux Beaux Arts en Architecture, mais il préfère le salon de littérature de sa cousine Yvonne de Lestrange aux cours.

Trois ans plus tôt son frère François était mort à l’âge de 15 ans victime d’un rhumatisme articulaire qui a atteint son cœur. Antoine de Saint-Exupéry évoque dans Pilote de guerre, le testament que son frère lui a laissé « un moteur à vapeur, une bicyclette et une carabine ». Avec la disparition de son frère c’est la fin de la vie insouciante d’Antoine de Saint-Exupéry mais sa vocation s’affirme.

A l’âge du service militaire il choisir l’aviation. Pour pouvoir être pilote dans l’armée il faut avoir son brevet civil. Il est donc engagé comme rampant. Mais, il bénéficie de l’aide de Robert Aeby de la compagnie transaérienne de l’Est pour l’initier sur un Farman 40. Toutefois l’heure de pilotage coûte cher et sa mère l’aide à payer les cours. Après seulement deux semaines de leçon et 41 tours de pistes et deux heures et demie inscrites sur son carnet de vol, il est lâché « J’étais follement bien là-haut tout seul pour la première fois. Je  crois bien que si j’avais eu assez d’essence j’y serais encore ».

Heureusement il a la possibilité de cumuler des heures de vol avant la classe. Il ne va pas s’en priver et il est le premier levé pour en profiter entre 6 h et 8 h du matin.

Il n’est pas si intéressé par les cours et il est souvent remis à l’ordre par ses instructeurs.

De plus Antoine de Saint-Exupéry est étourdi : il perd ses lunettes au cours d’une mission ou rate l’objectif qui lui était assigné parce qu’il a oublié son crayon. Il lâche aussi ses bombes (heureusement fictives) n’importe où. Ses camarades lui reprochent d’avoir « la tête dans les étoiles ».

Il est assez indiscipliné et, il va, un jour, embarquer un collègue dans un HD14, avion dont il n’a jamais eu de qualification pour le piloter, et perd le contrôle au décollage pour une erreur de pilotage impardonnable : son passager aura une fracture du crâne et lui, de multiples contusions. Il a acquis sa réputation de casseur d’avions. Il est démobilisé.

Il a une fiancée, Louise de Vilmorin, qui s’oppose à ce qu’il entre dans l’armée de l’air.

Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d’Entreprise.

En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise.

En 1924 il  avait travaillé dans l’Allier et la Creuse comme représentant de l’usine Saurer qui fabrique des camions mais n’en vendra qu’un seul en une année et demie. Il a donné sa démission.

Il commence à écrire « Manon danseuse » qui sera publié en 2007. Ce texte poétique peut se lire comme un témoignage de la jeunesse bohème d’Antoine de Saint-Exupéry à Paris dans les années 1920 quand il fréquentait Louise de Vilmorin et son entourage et d’autres milieux plus louches.

Plus tard, Didier Daurat, le mythique chef pilote de l’Aéropostale, qui est pourtant connu pour son jugement sur les pilotes va lui faire confiance.

En effet, pistonné par un de ses professeurs Antoine de Saint-Exupéry se présente à Daurat le 11 octobre 1926 avec… une heure de retard pour son entretien d’embauche.

« Mon incertitude au sujet de ses aptitudes professionnelles fut grande… Son attitude  empruntée, ses gestes maladroits fixèrent mon attention », mais surtout il oubliera son retard et retiendra chez Antoine « un besoin tellement aigu de réussir ».

 Il ne va pas lui donner toutefois un avion de l’Aéropostale du jour au lendemain, il lui dit « Vous voulez voler, vous commencerez par démonter et nettoyer les moteurs. Après on verra ».

Antoine de Saint-Exupéry sera fidèle à sa tâche et le moteur d’un Breguet 14 n’aura plus de secret pour lui. Il profitera toutefois de faire la connaissance du plus talentueux pilote de l’Aéropostale de l’époque : Henri Guillaumet. Ils seront amis jusqu’à ce que la mort les sépare. Avec Henri il apprend tous les secrets des cartes et des pièges que peut dévoiler la ligne Toulouse-Alicante.  Antoine de Saint-Exupéry apprend et comprend combien ces renseignements lui seront nécessaires quand Daurat acceptera de le faire voler.

A partir de décembre 1926 Antoine de Saint-Exupéry va être « mis en ligne » « Vous connaissez la consigne. C’est très joli de naviguer à la boussole au-dessus d’une mer de nuages mais souvenez vous, au-dessous de la mer de nuages, c’est l’éternité ».

De ce jour il fera une moyenne de 4 000 km en 4 jours en plafonnant à 120 Km/heure et une autonomie de 500 à 600 km. Il survole tous les jours les Pyrénées où des mortels courants descendants guettent les pilotes.

Il racontera plus tard ses passages à travers les tempêtes de neige dans un habitacle ouvert à tous vents entre deux parois rocheuses qu’il devine plus qu’il ne les distingue avec le seul cap de sa boussole dont il n’est même pas sûr qu’elle soit précise.

Daurat disait « il n’avait ni la fièvre épique de Mermoz, ni les dons rares de Guillaumet, mais il devint l’un des pilotes les plus sûrs et les plus méthodiques de la  ligne » ce qui est loin de l’appréciation ses chefs dans l’armée.

Le 19 octobre 1927, il atterrit à Cap Juby (aujourd’hui Tarfaya au Maroc) où il a été nommé chef d'aéroplace pour 18 mois. L'escale est stratégique dans le transport du courrier entre Casablanca et Dakar. S’il n’a plus en charge l’acheminement du courrier, il doit, en échange, porter secours aux pilotes perdus dans le désert et négocier avec les chefs berbères la libération de ceux pris en otage (il avait appris leur langage). Il écrit à son beau-frère, Pierre d’Agay : « Je fais un métier d’aviateur, d’ambassadeur et d’explorateur ».

C’est pendant ces mois de solitude passés à Cap Juby, qu’il rédige son premier roman : Courrier Sud.

La compagnie retiendra même que « Saint Ex » a sauvé quatorze aviateurs en treize mois : il était devenu le Saint Bernard du désert en récupérant ses camarades perdus dans les sables après des pannes de moteur. Il se posait sur n’importe quel terrain au risque de capoter où de se faire tirer dessus simplement pour récupérer les précieux sacs de courrier.

Daurat va lui proposer de se qualifier sur hydravion pour assurer la liaison Sénégal-Brésil au-dessus de l’Atlantique, mais il va encore se distinguer « par ses étourderies et sa vive intelligence ». L’intelligence ne suffira pas, il est recalé à l’examen et c’est Mermoz qui fera la première traversée.

Mais Daurat a confiance en lui et il lui confie la mission d’ouvrir la ligne entre Buenos Aires et la Terre de Feu.

Le 12 octobre 1929, il arrive à Buenos Aires où il a été nommé chef d’exploitation de l’Aéropostale en Argentine.

Il a pour mission d’assurer le bon fonctionnement des lignes déjà existantes (vers Santiago du Chili, Asunción et Rio de Janeiro) et d’ouvrir une nouvelle ligne vers le Grand Sud. Il doit gérer le personnel et l’équipement, surveiller le bon état des aéroports et des pistes, recruter des pilotes et résoudre au mieux les problèmes liés à l’exploitation. Le 1er novembre 1929, il inaugure le 1er courrier Bahia Blanca–Comodoro Rivadavia. Antoine, avec des vents à 200 km/h,  invente un truc pour l’atterrissage : il descend plein pot avant d’arriver au sol face au vent à vitesse nulle. Des soldats argentins sont réquisitionnés pour glisser alors un chariot sous la queue de l’avion, tandis que d’autres, avec de longues perches accrochées aux ailes, les maintiennent à l’abri des rafales, dans son hangar. « Cela tenait de la pêche au harpon » disait Antoine. Le 20 mars 1930, Antoine de Saint-Exupéry couvre les 2 400 km qui séparent Buenos Aires de Rio Gallegos en 12 heures, ce qui est un record mondial. Le 31 mars, il inaugure la seconde extension de la ligne Comodoro Rivadavia-Rio Gallegos, avec comme escales intermédiaires Puerto Deseado, San Julian et Santa Cruz.  Le 16 avril, sont inaugurées des lignes auxiliaires vers Rio de Janeiro, Montevideo, Porto Alegre et Santos.

Le 7 avril 1930, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur au titre de l'aéronautique civile pour les services rendus à Cap Juby.

Du 13 au 18 juin 1930, Saint-Exupéry survole les Andes à la recherche d'Henri Guillaumet dont l'avion a été pris dans une tempête de neige entre Santiago de Chili et Mendoza. Avisé par télégramme du sauvetage de son ami, il part aussitôt à sa rencontre.

Le 19 juin, lorsqu’ils se retrouvent, Guillaumet prononce cette phrase que Saint-Exupéry rendra célèbre en la citant dans Terre des hommes : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ».

Lors d’une réception dans les salons de l’Alliance française de Buenos Aires, on lui présente une jeune femme.

Il l'a connu sur le bateau qui l’amenait en Amérique du Sud. Son nom est Consuelo Suncin, veuve à 26 ans de l'écrivain guatémaltèque Enrique Gomez Carrillo.

Antoine de Saint-Exupéry l’invite à faire un tour en avion avec tous ses amis présents à la réception. Pendant le vol, il lui aurait demandé de l’embrasser.

En février 1931, Antoine de Saint-Exupéry revient d’Argentine avec le manuscrit de Vol de nuit.

André Gide en prend connaissance et il lui propose d’écrire une préface.

Il accepte et en juin, il remet le manuscrit à son éditeur, avant de repartir au Maroc.

Le 12 avril, Antoine de Saint-Exupéry épouse Consuelo Gomez Carillo, née Suncin, à l'église d'Agay. La mariée est en noir et tient un bouquet d'œillets rouge.

Le 22 avril, le mariage civil est établit à la mairie de Nice.

Dans le scandale politico-financier lié à l’Aéropostale, Antoine de Saint-Exupéry prend le parti de Didier Daurat et de Beppo de Massimi. Après un congé sans solde, il reprend son travail de pilote, affecté au transport du courrier de Casablanca à Port-Etienne.

Le couple Saint-Exupéry s’installe à Casablanca. Au Maroc, ils font la connaissance de Jean-Gérard Fleury, Joseph Kessel et rencontrent le docteur Henri Comte qui habite Anfa.

Sorti en librairies en octobre, Vol de nuit se vend à plus de 150 000 exemplaires et fait partie de la pré-sélection pour les deux principaux prix littéraires français. Antoine de Saint-Exupéry obtient Le Femina et se rend à Paris pour recevoir son prix le 4 décembre.

Quand l’Aéropostale est mise en liquidation, c’est la Compagnie Air-France qui lui succède. Ce ne sont pas les performances proches de l’acrobatie qui sont attendues pour transporter maintenant des passagers à la place du courrier. Les atterrissages forcés dans le désert de l’Egypte parce qu’il a oublié de recaler son altimètre et qu’il a pris l’étoile polaire pour le phare d’Alexandrie… ou cette porte d’un Latécoère 350 qu’il a oublié de fermer et qui est tombée en vrille sur le sol… ou ce capotage d’un Laté 293, en baie de Saint-Raphaël, dont il est sorti par miracle alors qu’il avait oublié qu’il pilotait un hydravion et qu’il fallait faire un arrondi, nez de l’appareil relevé… vous en convenez ne sont pas les qualifications qu’Air France peut retenir !

Il est bien sûr limogé et, désargenté en dépit du succès de son livre Vol de nuit (dont des producteurs américains de cinéma ont acheté les droits), Antoine de Saint-Exupéry doit reprendre son travail.

Le 30 janvier 1932 il obtient  son brevet de pilote et en même temps il réussit à intégrer les EOR (élèves officiers de réserve d’Istres, puis de Avord dans le Cher) mais malheureusement il est affecté comme observateur et non comme pilote. En février 1932, il assure la liaison postale Marseille-Alger puis, en août, il est détaché à Casablanca. Il se rend compte cependant que sa présence dérange. De très nombreux pilotes – à l’exception de ses anciens amis qui lui restent fidèles – souhaitent son départ, appuyés pas la nouvelle direction.

Relevé de ses fonctions, il rentre à Paris et Il se laisse convaincre de donner à la presse des articles susceptibles d’améliorer ses finances catastrophiques.Saint-Exupéry écrit dans les deux premiers exemplaires tout nouvel hebdomadaire Marianne.

Il fait l’éloge de l’Aéropostale et de son personnel au moment même où les anciens dirigeants de celle-ci sont mis en cause dans un scandale politico-financier.

Deux autres articles racontent son séjour en Argentine.

À la fin de l’année 1932, il est engagé comme pilote d’essai par P-G Latécoère qui construit des hydravions dans les ateliers de Toulouse.

Envoyés à Saint-Laurent, en bordure de l'étang de Salses, les hydravions sont équipés de flotteurs et de tous les équipements, pour des essais. Saint-Exupéry teste une quarantaine d'hydravions torpilleurs destinés à la Marine pour un salaire de 5 000 F mensuel.En 1932 il demeure donc pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il fait des grands reportages pour des journaux comme Paris-soir.

Aux États-Unis, une adaptation cinématographique de Night Flight est réalisée en 1933 par Clarence Brown avec Clark Gable dans le rôle principal. Sorti en France en mars 1934, Vol de nuit reste dix semaines à l'affiche et permet à Saint-Exupéry d'être découvert par un large public.

Peu après, les frères Guerlain créent le parfum Vol de nuit présenté dans un flacon décoré d'hélices d'avion.

Il fait un voyage au Viêt Nam en 1934  pour le service de presse et retrouve sa sœur Simone qui est conservateur aux Archives et Bibliothèques de l’Indochine.

Il va ensuite à Alger pour le tournage d’un film publicitaire (Week end à Alger).

Le 15 décembre 1934, il dépose sa 1ère demande de brevet : un dispositif pour atterrissage d'avions basé sur l'émission d'un faisceau de rayons.

Il s'agit d'un Nouveau système de viseur permettant l'appréciation continue, la nuit ou dans la brume, de la distance du sol au-dessous d'un avion.

Le dit brevet est publié le 11 mars 1936.

Il fréquente les salons parisiens et revoit Louise de Vilmorin et Nelly de Vogüé.  Il retrouve Saint-Germain-des-Prés, les Deux Magots, le Café de Flore, et la Brasserie Lipp. Il tient des petits carnets dans lesquels il griffonne ses idées.

En avril 1935, il part en Union soviétique envoyé par Paris-Soir, journal faisant le plus gros tirage en France. Il arrive à Moscou le 29 avril, après avoir traversé la Pologne en train. Il écrit six articles qu'il dicte par téléphone. Le 17 mai, il est le premier pilote étranger admis à bord du plus gros avion du monde dans les années 1930 le Maxime Gorki, la veille de son accident.

À l'automne 1935, Raymond Bernard tourne Anne-Marie d'après le scénario de Saint-Exupéry. Grande séductrice du cinéma français, Annabella joue l'héroïne du film aux côtés de son époux Jean Murat et de Pierre Richard Willm. Sorti sur grand écran en 1936, le film connait un succès populaire.

Antoine de Saint-Exupéry, qui rêve depuis longtemps d’avoir son propre avion, achète un Simoun C 630. En novembre 1935, il est missionné par Air France pour réaliser une tournée de conférences promotionnelles. Aux commandes de son Simoun, il parcourt 11 000 km autour de la méditerranée avec Jean-Marie Conty comme copilote et André Prévot comme mécanicien. Ils sont reçus partout chaleureusement par un public venu écouter autant l’aviateur que l’écrivain. À Tripoli, Saint-Exupéry s'entretient avec le général Balbo. Le 29 décembre 1935, à cours d’argent,  il va tenter un raid Paris-Saïgon. Le Ministère de l’Air offre 150 000 francs si le raid est bouclé avant le 31 décembre à minuit. Saint Ex veut battre le record établi le même mois par André Japy mais il ne dispose que de deux semaines pour se préparer. Il prend finalement le départ du Bourget le 29 décembre au matin avec le mécanicien André Prévot à bord d’un Caudron-Renault Simoun. Dans la nuit du 31 décembre il est obligé de se poser en catastrophe dans le désert Libyque en Egypte. Il va connaître alors quatre jours d’errance sans eau ni vivres avant un  sauvetage inespéré par des bédouins le 2 janvier 1936. (Le manuscrit de 28 pages qui raconte cette aventure a été vendu aux enchères en 2009).

Avec la prime d’assurance destinée à le dédommager de la perte de son avion échoué dans le désert de Lybie, Antoine de Saint-Exupéry s’achète un deuxième Simoun, un C-635 immatriculé F-ANXK. En février, il survole l'Afrique Occidentale Française (AOF) à la sollicitation d’Air France pour établir l’itinéraire de nouvelles lignes aériennes. André Prévot est à ses côtés pour parcourir les quelques 9 000 km entre Casablanca, Tombouctou et Bamako.

En août 1936, L’Intransigeant dépêche Saint-Exupéry à Barcelone pour témoigner sur la guerre civile en Espagne. Il rédige une série de cinq articles regroupés sous le titre Espagne ensanglantée.

En juin 1937, il retourne en Espagne, cette fois-ci pour Paris-Soir.

Il a été un grand reporter et ses articles constituent une grande leçon d’éthique : pas de concession à la mode, aux idéologies mais un rapport au plus juste de la réalité. Il a beaucoup de style et ses articles ont beaucoup de puissance il écrit « On fusille ici comme on déboise ! ». Il n’est pas engagé politique, ce n’est pas un militant et on lui a reproché de n’avoir pas pris parti. En Espagne il a rapporté les atrocités des deux camps : franquiste et républicain. Il pense que l’homme soit milicien ou résistant c’est la même chose, on est pris dans l’engrenage de l’histoire à son insu. Il écrit que l’homme n’échappera  à sa perte que par la fraternité, ce que l’on pourrait traduire aujourd’hui : par la solidarité.

Le 14 février 1938, accompagné d'André Prévot, il prend le départ de New York à bord de son Simoun avec l’intention d’atteindre Punta Arenas, en Terre de Feu.

Il fait escale à Atlanta, Huston, Mexico et Veracruz.

Il se pose à Guatemala City le 16 février pour faire le plein de carburant. Il ignore ou peut-être oublie que le gallon guatémaltèque de 4,5 l est différent de celui américain qui ne fait que 3,8 l et charge trop ses réservoirs.

Trop lourd, l’avion ne parvient pas à décoller et s’écrase en bout de piste. Prévot s'en sort avec une jambe cassée. Plus sérieusement atteint, Saint-Exupéry est hospitalisé plusieurs semaines.

En convalescence à New York, il demande à Maximilien Becker d’être son agent littéraire. Il signe un contrat avec les éditeurs Eugene Reynal et Curtice Hitchcock pour son prochain livre. Lewis Galantière est engagé pour le traduire.

L’élaboration de Terre des hommes est basée sur un assemblage de plusieurs articles dont ceux parus dans la revue américaine The Atlantic en 1938.

Le 29 janvier 1939, Saint-Exupéry est nommé Officier de la Légion d'Honneur, au titre de ses qualités littéraires par le ministère de l’Education nationale. Son parrain est Henri Guillaumet.

Terre des hommes parait en mars aux éditions Gallimard et reçoit les faveurs des critiques. Son récit est récompensé par le Grand Prix du Roman de l’Académie française. Aux États-Unis Wind, Sand and Stars devient rapidement un best-seller consacré par l'American Booksellers Association, prix des libraires americains.

Antoine de Saint-Exupéry réussit à se faire « inviter » pour la 1ère traversée sans escale de l'Atlantique Nord sur le LATE 521 Lieutenant de Vaisseau Paris.

Le 14 juillet 1938, Henri Guillaumet décolle de New York et amerrit sur le lac de Biscarosse le 15 juillet, après avoir parcouru 5 875 km en 28 h 27. Quelques jours plus tard, du 26 au 31 juillet 1939, Saint-Exupéry embarque sur le Normandie pour rejoindre New York. Lors de la traversée, dans les airs, Guillaumet tourne autour du paquebot qui a allumé ses trois cheminées et les deux amis se saluent par radio.

Dès la déclaration de guerre, Antoine de Saint-Exupéry est mobilisé dans l'armée de l'Air.

En raison de son âge et des séquelles de ses multiples accidents, la commission médicale recommande une affectation au sol. Il multiplie les interventions auprès des autorités militaires pour être admis dans une unité combattante. Il est finalement affecté au groupe de reconnaissance 2/33. Il arrive le 3 décembre 1939 à l’escadrille de La Hache basé à Orconte, en Champagne - Ardenne. Il est instruit par le lieutenant René Gavoille qui lui apprend à piloter le Potez 63 et le Bloch 174. Il se lie d’amitié avec plusieurs aviateurs.

Refusant un poste au CNRS, Antoine de Saint-Exupéry reste intégré au groupe 2/33 à Orconte. Il retravaille le scénario de Igor et prend des notes pour une adaptation à l’écran de Terre des hommes. Dans ses carnets, il note de longues considérations sur la guerre, le destin de l’homme et les principes d’une économie politique juste et viable.

Le 10 mai 1940, l'armée allemande bombarde le terrain d’aviation d'Orconte et le groupe 2/33 se replie sur Orly.

Le 23 mai 1940, Saint-Exupéry effectue une mission sur Arras (Pas-de-Calais). Ce vol mémorable lui fournira la matière de son prochain livre : Pilote de guerre.

Il accomplit trois autres missions le 31 mai, le 6 et le 9 juin. Pour ses exploits, il est cité à l'ordre de l'armée aérienne et reçoit la Croix de guerre avec palmes.

En raison de l’avancée de l’armée allemande, le 14 juin 1940, le groupe 2/33 est évacué à Bordeaux. De là, Saint-Exupéry décolle pour Oran et Alger à bord d’un Farman 220 chargé de pièces détachées, et transportant quelques passagers.

Le 3 juillet 1940, il rejoint Mers el-Kébir où se trouve le général Noguès, commandant en chef des Forces françaises en Afrique du Nord.

Le 31 juillet 1940, il est démobilisé et revient en France en bateau. Il débarque à Marseille où l'attend Henri Guillaumet. Il s’installe chez sa sœur Gabrielle à Agay où il travaille à son nouveau livre. Il se rend à Vichy et fait un bref séjour à Paris. Il revient en zone libre, prend l’avis de ses amis et décide de quitter la France.

Ayant son visa pour les États-Unis, Antoine de Saint-Exupéry se rend en Afrique du Nord puis à Lisbonne pour donner une conférence. De là, il embarque sur le Siboney et sympathise avec Jean Renoir. Il débarque à New York où il retrouve son ami Bernard Lamotte et ses éditeurs américains Reynald & Hitchcock.

Le 15 janvier 1941, à New York il reçoit le prix de l’American Booksellers Association pour Wind Sand and Stars.

Il travaille à son prochain livre sur la guerre, il ajoute des feuillets à un ouvrage de réflexions morales qu’il est en train de rédiger (Citadelle). L

e soir, sa table est ouverte et il croise la société française exilée mais il fréquente surtout le milieu de l’Institut français : Léon Wencelius, Pierre Brodin, les Claudel, les Lindbergh.

Antoine de Saint-Exupéry considère de Gaulle comme un imposteur et un dictateur en puissance. Il se tient à distance des factions ennemies de l’émigration.

En retour, celles-ci répandent à son égard les calomnies les plus farfelues.

Lorsqu'il apprend qu'il a été fait membre d’un comité d’écrivains par le Conseil national de Vichy, il dément avoir été consulté et dans un article du New York Timeset refuse l’offre. Les autorités américaines le regardent avec suspicion.

De Gaulle envoie des messagers pour essayer de le rallier à sa cause, sans succès, ce qui lui vaut le ressentiment tenace du général.

Invité par Jean Renoir, il se rend à Hollywood en août. Il a l'espoir de faire avancer l'adaptation pour le cinéma de Terre des hommes.

À Los Angeles, il subit une opération de la vésicule biliaire. Des complications postopératoires le clouent au lit. René Clair lui apporte des crayons gras, Annabella lui lit La Petite Sirène d’Andersen.

Puis, il rend visite à Pierre Lazareff, rencontre Jean Gabin, Marlène Dietrich et la colonie française établie à Hollywood. En novembre 1941, il retourne à New York.

Le 7 décembre 1941, Lazareff est chez Saint-Exupéry lorsque parvient la nouvelle du bombardement de Pearl Harbor.

Saint-Exupéry soutient l’entrée en guerre des États-Unis et prononce un Message aux jeunes Américains devant le corps des étudiants volontaires.

Dans cette « lettre » il expose ses principes humanistes bien au-delà des préoccupations du moment. Ce message sera publié le 25 mai 1942 dans The Sentier Scholastic.

Le public américain découvre Flight to Arras (Pilote de guerre) grâce à la revue The Atlantic, qui publie en trois volets le texte traduit par Lewis Galantière.

En février, l’ouvrage est publié simultanément en français par La Maison française, et en anglais par Reynal & Hitchcock avec des illustrations de Bernard Lamotte, à New York.

En novembre, Pilote de guerre est publié à Paris par les éditions Gallimard. La presse collaborationniste lui réserve un accueil haineux. Le livre est finalement interdit par les autorités d'occupation mais des éditions clandestines sont publiées à partir de 1943.

En mai 1942, sur commande de ses éditeurs Reynal et Hitchcock, il entame l’écriture d’un conte pour enfants.

Au début de l’été, il loue avec Consuelo une maison à Westport (Connecticut) avant de s’installer dans le manoir de Bevin House à Asharoken (Long Island).

À la mi-octobre, Le Petit Prince est rédigé mais Antoine de Saint-Exupéry qui a décidé d’illustrer lui-même son récit, peine avec les dessins qui ne sont pas prêts à temps pour une publication avant Noël.

Le 22 novembre 1942, il lance un appel à la radio « D’abord la France » repris le 29 novembre 1942 dans The New York Times Magazine sous le titre « An Open Letter To frenchmen Everywhere ». Il propose la mobilisation générale de tous les français sous un même drapeau.

Malgré le prestige de son auteur, l’appel ne suscite que des sarcasmes chez la plupart de ses compatriotes aux États-Unis.

Le 6 avril 1943, Le Petit Prince est publié en anglais et en français par Reynal & Hitchcock aux Etats-Unis. Le succès est immédiat. En France, le livre est publié en 1946 par Gallimard, deux ans après la mort d’Antoine qui ne connaitra jamais le destin de son ouvrage.

Le Petit Prince : est un conte poétique et philosophique, il est d’abord publié aux États-Unis en avril 1943 puis en France en 1946. Aujourd’hui phénomène éditorial, Le Petit Prince est l’ouvrage de littérature française le plus lu et le plus connu dans le monde. Il sert de fer de lance à la sauvegarde de dialectes et patois menacés d’extinction. Paradoxalement, il est aussi un des meilleurs messagers de la langue française.

Antoine de Saint-Exupéry entame l’écriture du Petit Prince en 1942 pendant son exil aux États-Unis. Il puise dans la richesse de ses expériences et de son imagination pour raconter une histoire singulière et universelle. Il décide de dessiner lui-même le portrait de son personnage et crée un univers à la fois unique et reconnaissable par tous.

En racontant l’histoire du petit Prince, Saint-Exupéry aborde des thèmes majeurs qu’il établit selon une dualité : visible et invisible, adulte et enfant, amour et amitié, voyage et sédentarité, espace et temps, danger et destruction, signes et significations, questions et réponses, bonheur et chagrin.

Le manuscrit original est conservé à New York, à la Pierpont Morgan Library qui conserve de nombreux documents originaux dédiés à la littérature jeunesse.

Lettre à un otage sort en librairies en juin 1943, alors qu'il a déjà quitté les États-Unis.

Antoine de Saint-Exupéry multiplie les interventions pour sa réintégration dans les Forces française libres.

En avril 1943, il obtient un ordre de mobilisation de la mission Béthouart et début mai il part pour l'Algérie et intègre le groupe 2/33 rattaché au 3rd Photographic Group commandé par Eliot Roosevelt. Il s'entraine sur le Lightning P-38 sans être rattaché à cette unité.

Le 25 juin 1943, il est promu commandant, le 29 il subit avec succès un test médical et suit son unité à La Marsa. Le 21 juillet 1943, il effectue sa première mission.

Au retour de la seconde, il casse l'avion et est suspendu de vol le 1er août.

A Alger, Saint-Exupéry s'installe chez le docteur Pélissier où loge également Max-Pol Fouchet. Il fréquente les artistes et hommes de lettres qui s’y trouvent dont André Maurois. Il retrouve André Gide, Philippe Soupault, Emmanuel Bove et Jean Amrouche. En septembre 1943, Léon Wencelius arrive de New York avec une belle valise de cuir contenant les notes de Citadelle que Consuelo lui fait parvenir suite à sa demande.

En février 1944, Lettre à un otage parait à Alger dans L’Arche n°1 revue dirigée par Jean Amrouche.

En France, le deuxième tirage clandestin de Pilote de guerre parait à Lille et en décembre 1944, les éditions Gallimard publient la Lettre à un otage.

Saint-Exupéry est de nouveau autorisé à voler par les américains. Il est affecté à la 31e escadre de bombardement, commandée par son ami Lionel Chassin, basée à Villacidro (Sardaigne). Le 16 mai, il obtient son détachement de la 31e escadre au 2/33 qu'il rejoint à Alghero. Il est accompagné de John Phillips, reporter au magazine Life. En juin, il effectue plusieurs vols de reconnaissance dans le Sud de la France.

Le17 juillet 1944, le groupe 2/33 est transféré à Borgo en Corse.

Le 31 juillet 1944 à 8 h 35, le commandant de Saint-Exupéry décolle à bord du Lightning P38 (F5B) N° 223 du terrain de Borgo pour effectuer une mission photographique dans la zone de Grenoble-Annecy.

À 13 h, il n'est pas rentré ; les appels radios sont restés sans réponse et les radars alertés le cherchèrent en vain.

« À 14 h 30 il n'y avait plus d'espoir qu'il fut encore en vol » indique le Journal de marche du 2/33.

Le 8 septembre 1944, Antoine de Saint-Exupéry est officiellement porté disparu. Le 3 novembre, il est cité à l'ordre de l'Armée Aérienne à titre posthume « pour ses plus belles qualités d'audace et d'adresse au cours des mois de juin et juillet 1944 ».

 

 

 
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