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Jean-Henri Fabre, l'Entomologiste Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
1er.03.2012 - L'autodidacte !

Jean-Henri Fabre, l’entomologiste.

Les Jeudis de La Culturothèque

Le 1er mars 2012                                                                                               

 


Jean-Henri Fabre est  connu dans le monde entier : il y a quelques années un article de la Dépêche du midi disait que si l’on demandait aux jeunes de  Tokyo qui est Jean-Henri Fabre ils connaissaient tous la réponse. Si l’on pose la question aux jeunes à Avignon, il y en a très peu qui s’aventurent à donner seulement une vague idée de ce scientifique !

En 2002 il y a eu la « Journée Jean-Henri Fabre » et aujourd’hui encore beaucoup d’entre nous ne le connaissent pas !

 

Qui est donc Jean-Henri Fabre ?

Il est né le 21 décembre 1823 dans un petit village de l’Aveyron : Saint Léons du Lévézou. Il passe ses premières années au Malaval, tout près de Saint-Léons, chez ses grands-parents. Depuis sa petite enfance il est fasciné par la nature et par les insectes qu’il ne se lasse pas d’observer et d’admirer. C’est le curé du village qui lui donne ses premières leçons de zoologie. Il revient à Saint-Léons à l’âge de 7 ans où il doit aller à l’école en compagnie de son frère Frédéric. Son instituteur est son parrain, Pierre Ricard, il apprend à lire dans une grange transformée en classe. Son père lui avait rapporté un abécédaire illustré d’animaux de la vile. Il lit ensuite tout ce qui peut être à sa portée…

En 1834 son père, Antoine, marié à Victoire Salgues, fille de l’huissier de Saint Léons, doit quitter sa maison  à cause de difficultés financières. Il s’installe à Rodez pour y tenir un café, mais sa situation financière ne s’arrange pas, au contraire, il va devoir ensuite s’installer à Aurillac, à Toulouse ou Jean-Henri Fabre entre au séminaire de l’Esquille, à Montpellier et enfin à Avignon où il finit par se fixer. L’enfance de Jean-Henri est donc bousculée.

A Montpellier il ne peut continuer l’école et doit gagner sa vie. Il vend des citrons, il viendra même en vendre à la foire de Beaucaire, il est aussi ouvrier des chemins de fer sur la ligne Nîmes-Beaucaire.

Il ne baisse pas les bras, il achète des manuels scolaires et continue à s’instruire. Il apprend le latin, le grec et se passionne pour les auteurs de l’Antiquité.

En 1840 il passe en candidat libre un concours pour l’obtention d’une bourse pour l’Ecole Normale Primaire d’Avignon. Il est reçu premier. A 17 ans il est enfin assuré d’avoir le gîte et le couvert.

Il continue pour passer à 19 ans son brevet supérieur. Il est nommé la même année au collège  annexe de Carpentras où il amène très souvent ses élèves suivre des cours d’histoire naturelle en pleine nature.  Il y reste 7 ans.

Il épouse Marie-Césarine Villard, institutrice originaire de Carpentras avec qui il a eu 7 enfants.

Etouffé par l’enseignement de l’époque qu’il qualifie de « prison », il encourage l’enseignement en plein air. Il consacre son temps libre à de nouveaux diplômes tout en menant des recherches, notamment en entomologie.

Il obtient son baccalauréat ès-lettres en  à Montpellier, le baccalauréat en mathématiques, la licence de sciences mathématiques et la licence de sciences physiques.

Pour faire face aux charges de sa famille il ne peut plus se contenter de son salaire, il postule à un poste de professeur de mathématique. Il n’est pas nommé à Tournon, ni a Avignon comme il le souhaitait, il obtient une nomination de professeur de physique à Ajaccio. Il y reste 4 ans.

Avec sa femme Marie, ils font de nombreuses excursions qui leur fait découvrir la richesse de la faune des mollusques (Conchyliologie de la Corse).

Ces  années seront déterminantes pour sa carrière.

Tout d’abord il rencontre le célèbe botaniste avignonnais Esprit Requien qui l’initiera à la botanique  (un projet commun « la flore Corse » ne voit jamais le jour à cause de la mort d’Esprit Requien).

Il y rencontre également un des plus grands naturalistes de l’époque, Moquin-Tandon qui lui fera décider de se consacrer à sa véritable passion : l’étude de l’histoire naturelle et des insectes pour lesquels, depuis son enfance à Saint Léons, il a une grande passion. Albert Moquin-Tandon sera son maître et son intiateur et en même temps il lui apprend le Provençal « Laissez là vos mathématiques (…). Venez à la bête, à la plante et si vous avez comme il me semble, quelque ardeur dans les veines, vous trouverez qui vous écoutera ».

Des accès de paludisme, le fait  aussi que son poste pour des raisons économiques pouvait être supprimé, il demande son retour sur le continent. Il revient vers son frère et ses parents qui sont restés dans la banlieue d’Avignon en 1853 et est nommé « professeur, répétiteur de physique et chimie » au lycée impérial d’Avignon. Il occupera cette fonction pendant 18 ans tout en poursuivant, en autodidacte toujours, des études : il obtient une licence en sciences naturelle et un doctorat d’état en zoologie et en botanique en l’espace de deux ans.  

Il se consacre à l’étude de la garance (Rubia Tinctoria) pour en améliorer les rendements en garrancine ou alizarine qui est le colorant naturel. En 1860 il dépose trois brevets sur ses études.

En 1855 il avait publié ses premières études sur les insectes. En effet, bien qu’Enseignant de profession, sa passion le conduit toujours vers les animaux et les plantes

Il assure des cours du soir comme le lui avait demandé son ami, Ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy.  Ses leçons de botanique attirent un public attentif composé de jeunes villageoises,  d’agriculteurs mais aussi de Joseph Roumanille et le philosophe anglais John Stuart Mill.

Il écrit des ouvrages scolaires pour tous les niveaux et sur des sujets divers : la chimie agricole, la géologie, les insectes nuisibles, le ménage… A 40 ans il est nommé conservateur du Musée Réquien.

Malgré l’admiration que l’on peut avoir sur son travail, il subit quand même quelques « jalousies » : il doit quitter les cours du soir sous prétexte d’avoir parlé de la fécondation des plantes à des jeunes filles et il est aussi expulsé de son logement du fait d’une cabale montée par des moralisateurs.

Touché dans son amour propre il va quitter l’enseignement et va se retirer à Orange avec sa famille.

Il a plus de temps à lui pour ses observations entomologiques et botaniques.

Jean-Henri Fabre organise des excursions botaniques au Mont Ventoux. Il adore cela. Il y amène ses amis et notamment John Stuart-Mill avec qui il fondera le projet d’établir une « flore du Vaucluse » mais ce projet n’aboutira pas suite à la mort de John.

Il continue d’écrire et les succès remportés par deux livres destinés aux jeunes l’encouragent à continuer à poursuivre son œuvre pédagogique en composant des livres scolaires.

C’est son ami Charles Delagrave, éditeur qui le fait poursuivre dans cette voie ainsi que dans la bataille de l’œuvre d’une école républicaine et à une pédagogie universelle. Plusieurs générations  d’élèves ont étudié leurs matières scolaires avec ses textes à la fois scientifiques et littéraires.

Le décès de son fils, Jules, âgé de 16 ans avec qui il a partagé ses passions pour l’observation de la nature va l’affecter et il va lui dédier de nombreuses découvertes d’espèces de plantes qu’il découvrira toute sa vie.

En 1878 Jean-Henri Fabre écrit un essai sur les « Sphériacées du Vaucluse ». C’est un sujet sur la truffe dont on dit qu’il décrit si bien son odeur que les gourmets peuvent en retrouver tous les arômes.

C’est cette même année que les neufs volumes de son œuvre majeure « Souvenirs Entomologiques » paraissent.

Il obtient des titres scientifiques mais demeure toujours simple.

Grâce à son travail et à l’écriture de nombreux manuels scolaires il peut, en 1879, acheter la propriété de l’Harmas à Sérignan du Comtat où il va résider jusqu’à sa mort.

A l’Harmas, Jean-Henri Fabre va pouvoir se consacrer à toutes ses expériences et reflexions en toute quiétude comme il l’a toujours rêvé. Dans la maison il aménage son bureau, sa bibliothèque et aussi son jardin botanique.

Huit autres volumes de « Souvenirs entomologiques » vont suivre à un rythme régulier jusqu’en 1907.

Marie meurt en 1885 agée de 62 ans. En 1887 il épouse en secondes noces Marie-Josephe de 41 ans sa cadette qui va lui donner trois enfants.

Il fait du dessin, de l’aquarelle et nous lui devons de nombreuses et magnifiques planches sur les champignons. Frédéric Mistral qui les admiraient  a eu la proposition de les obtenir pour le musée Arlaten, mais devant la détresse financière d’Henri lui trouve un acheteur pour 10 000 Frs mais au dernier moment la vente ne se fait pas.

Depuis les lois de Jules Ferry la vente de ses ouvrages chute : ses livres sont considérés de support de l’autorité de l’Eglise pour les trop fréquentes allusions spritituelles qui s’y trouvent. Mais il est quand même  reconnu par ses pairs et obtient en 1887 le prix Dormoy doté de 10 000 Frs qui arrange ses finances et qui est un bon stimulant.

Il embauche en rempailleur de chaise, aveugle, qui en dépit de son handicap va l’aider dans l’appareillage dont il a besoin pour ses expériences et observations.

Ses recherches et observations sont connnues au plus haut niveau.  Le préfêt du Vaucluse Belleudy déclare publiquement être affligé de voir « un aussi gand esprit, un tel savant, un pareil maître de la littérature française aussi peu aidé ». Gaston Doumergue va lui accorder une allocation de 1000 F « sur le crédit des encouragements au gens de lettres ». Il obtiendra encore une autre rente de 500 f « en hommage public rendu à sa haute science et à son excessive modestie ».

Son ami le docteur Legros décide de le faire connaître dans le monde entier et va rédiger une première biographie de Jean-Henri Fabre, puis une deuxième traduite dans de nombreuses langues. Il va aussi avoir l’idée d’organiser son jubilé et réunir autour de lui des personnalités.

La déclaration de guerre va bouleverser à nouveau sa vie. Son fils Paul est sur le front et il apprendra avec joie qu’il est sain et sauf après la victoire de la Marne. Il devient à nouveau veuf et est à la charge de sa fille Aglaé. Il est contraint de garder le lit pour crises d’urémie et il s’éteint le 11 octobre 1915.

 

Il a été admiré par des grands de son époque. Charles Darwin notamment qui avait lu ses « Souvenirs Entomologiques » l’a qualifié « d’observateur inimitable » en raison de la précision de ses expériences, de ses découvertes sur la vie et les mœurs des insectes. Ils ont entretenu une courte amitié épistolière.

Tous ses contemporains l’ont admiré en tant que botaniste mais surtout en tant qu’être envoûté par la nature.

Il a reçu Pasteur chez lui.

Il entretient une relation amicale avec Edmond Rostand, Romain Rolland, Mallarmé, Roumanille et les félibres.

Napoléon III lui avait décerné la légion d’honneur, Raymond Poincaré, lors d’un déplacement, fera un détour pour le saluer et lui rendre hommage à l’Harmas « Ce n’est pas seulement par la patience de vos recherches et la consciencieuse exactitude de vos observations que vous avez donné à l’entomologie et à la science en général une gloire nouvelle. Vous avez mis dans les êtres les plus humbles une attention si passionnée, une pénétration si ardente, un enthousiasme si bienveillant et si compréhensible, que dans les plus petites choses, vous en avez fait voir de très grandes et qu’à chaque pas de votre œuvre nous éprouvons la sensation de nous pencher sur l’infini ».

Il nous a laissé aussi un recueil de poèmes « Oubreto Provençalo » et a été Majoral du Félibrige qu’on surnommait « Le Félibre du Tavan » qui veut dire « Poète des Hannetons ».

Il a aussi composé quelques chansons sur son harmonium.

Le cinéma lui a rendu hommage avec « Monsieur Fabre ».

Louis de Funès relisait régulièrement les « Souvenirs Entomologiques » dont il s’inspirait, disait-il pour la préparation de ses rôles...

 

Depuis quelques années les insectes nous sont devenus familiers :  certains membres de La Culturothèque ont découvert MICROPOLIS, la cité des insectes qui a été construit près de la maison natale d’Henri Fabre.

Le film MICROCOSMOS, le peuple de l’herbe a contribué  lui aussi a donner des images fantastiques sur les insectes.


 

 
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