9.01.2012 - Classissisme...
VOIR ICI QUELQUES OEUVRES DE JEAN-DOMINIQUE INGRES Ingres le dernier peintre classique.Ses œuvres, «La Grande Odalisque» et le «Bain Turc» ont fait le tour du monde. Il a été confronté tout jeune à la peinture, une passion qui ne l’a jamais quittée. Il voulait exceller dans la peinture d’histoire mais il s’est révélé un portraitiste hors pair. Couvert d’honneur toute sa vie, il est mort vieux. Adulé et détesté, il a été une source inépuisable des artistes modernes. Reçu par les rois et violoniste amateur il doit à sa grande renommée d’être passé dans le langage commun : ne dit-on pas «Violon d’Ingres» ! Jean-Auguste-Dominique Ingres est né à Montauban le 29 août 1780, son père était peintre et sculpteur ornemaniste et également musicien.
Très tôt il est initié au dessin et à la musique. Il entre au collège des frères des écoles chrétiennes de où il reçoit une éducation presque exclusivement religieuse. Son père lui donne des leçons de dessin, de musique et de chant. « J’ai été élevé dans le crayon rouge » dit-il plus tard. Son père lui donnait à copier sa collection d’estampes de Raphaël, de Rubens ou de Watteau.Jean-Dominique est attentif et dès l’âge de 9 ans on remarque sa grande précocité, il signe un dessin réalisé d’après un moulage antique. C’est la première œuvre connue de lui.Il entre à l’âge de 11 ans à l’Académie de Toulouse et devient l’élève du sculpteur Vigan et du peintre Roques qui lui communique sa passion pour Raphaël. A 12 ans il reçoit le troisième prix pour la copie de l’antique et l’année suivante le premier prix de figure en ronde bosse.Tout en fréquentant aussi l’atelier du paysagiste Briant, il devient un violoniste accompli jouant comme second violon à l’orchestre du Capitole. En 1796, à 16 ans, après avoir obtenu le premier prix de dessin d’après nature, il se rend à Paris pour étudier sous la direction de David . Il se révèle d’emblée très studieux et de ce fait deux ans après il est admis au cours de peinture que David donne à l’Ecole des Beaux Arts de Paris et il y reçoit le premier prix du torse et entre en course pour le prix de Rome où il reçoit la deuxième récompense en 1799.
En 1800 il est exempté du service militaire par Bonaparte. Jean-Dominique Ingres, après s’être représenté, obtient le prix de Rome en 1801 (21 ans) avec les « Ambassadeurs d’Agamemnon », mais il doit attendre 5 ans avant de pouvoir rejoindre Rome, l’état n’ayant pas les fonds nécessaire pour financer son séjour.
On lui propose, en contrepartie, d’installer son atelier au coupent des Capucines. Il n’est pas le seul peindre : Gros, Girodet, Granet ainsi que le sculpteur Bartolini sont ses voisins.En 1802 il expose au Salon un portrait de femme (qui n’a jamais été identifié) et reçoit ses premières commandes officielles : un portrait de Bonaparte, puis de Napoléon devenu Empereur.Il a une fiancée : Marie-Anne-Julie Forestier, elle-même peintre, musicienne et aussi élève de Jacques-Louis David. En 1806 l’Etat peut envoyer ses artistes à Rome. Ingres obtient du Directeur de la Villa Médicis un petit atelier à San Gaetano, sur le Pincio.
Il rompt ses fiançailles avec Julie. Sûrement l’éloignement…Ces années de travail sont les plus fécondes avec les nus, parmi lesquels La Baigneuse, des paysages, des dessins, des portraits et des compositions historiques. Et ses premières grandes toiles voient le jour mais elles sont mal accueillies à Paris. A Rome il est heureux car il peut admirer les œuvres de Raphaël et de Michel-Ange.Lorsqu’il doit rentrer à Paris en 1810, à la fin de son séjour à la Villa Médicis, il décide de rester à Rome. La chance commence à lui sourire : il rencontre Marcotte d’Argenteuil qui devient son ami et surtout son mécène. Il rencontre une jeune Danoise avec qui il veut se fiancer à nouveau… il a déjà 33 ans mais il se marie à Rome en décembre 1813 avec Madeleine Chapelle une jeune modiste de Guéret avec qui il a simplement correspondu par lettre. Au printemps suivant son père meurt et sa mère trois ans plus tard.La chute de Napoléon va l’entraîner dans de grandes difficultés financières et pour avoir de l’argent il va réaliser de nombreux portraits et accepter toutes les commandes. Il se rend souvent à Florence chez son ami Bertolini et s’y installe à partir de 1820. En 1824 Ingres et Madeleine quittent Florence pour Paris. Il présente au Salon « Le Vœu de Louis XIII », une commande du ministre de l’Intérieur qui reçoit un très bon accueil. A ce même Salon Delacroix présente « Les massacres de Scio ».
Le 15 janvier 1825 il reçoit la croix de la Légion d’Honneur des mains du roi Charles X en personne. Jean-Dominique et Madeleine s’installent au 49 quai des Grands Augustins et Ingres trouve un atelier tout près. Parmi ses élèves Chassérau et Hippolyte Flandrin.En 1826 il a l’occasion de retourner à Montauban où il a l’occasion de voir son œuvre « Le Vœu de Louis XIII » accroché à la Cathédrale.Il a beaucoup de commandes et travaille sans arrêt et avec succès. Il est nommé professeur à l’Ecole des Beaux-arts de Paris dont il deviendra 3 ans plus tard vice-président.Pendant les trois glorieuses, il est chargé de veiller sur les toiles du Louvre en compagnie de Delacroix.En 1833, nouvelle décoration, il est officier de la Légion d’Honneur puis Président de l’Ecole des Beaux Arts.Mais… des critiques commencent à se manifester. « Le Martyre de St Symphorien » présenté en 1834 est mal accueilli au Salon. Il n’y exposera jamais plus d’œuvre. Il veut retourner à Rome où il a reçu le poste de Directeur de l’Académie de France mais avant d’y arriver il fait de nombreuses escales : Milan, Bergame, Brescia, Vérone, Padoue, Venise puis Florence. Il arrive à Rome le 4 janvier 1835 avec Madeleine. Il y reçoit un accueil chaleureux et il retrouve à la Villa Médicis certains de ses élèves comme Flandrin.
Il ne peint pas beaucoup à cette époque, il préfère encore voyager à Sienne, Orvieto. Il réorganise l’Académie de France en y introduisant des cours d’Archéologie il enrichit les collections de la bibliothèque. Il se plaint que ses fonctions de directeur l’empêchent d’avoir du temps à lui…En 1837 une grande épidémie de choléra fait des ravages à Rome. Tous les élèves de la Villa Médicis sont assignés à Résidence. Une fois l’épidémie passée Ingres et sa femme reçoivent des invités : Viollet-le-Duc, Chassériau, Hébert, le musicien Gounot, Liszt, Saint-Beuve et Marie d’Agoult….Il continue aussi à voyager : Spolète, Spéllo et Ravenne le remplissent d’admiration par leur richesse de leurs vestiges. Il se rend aussi à Urbino sur les traces de Raphaël où il peut voir quelques œuvres de cet « homme divin ». En 1841 il se rend à Florence, Pise, embarque à Livourne : il retourne à Paris.
A Paris il est reçu avec les honneurs : dîners officiels se succèdent. Berlioz donne un concert en son honneur et il est reçu par Louis-Philippe à Versailles. Les commandes de portraits ne cessent d’affluer. C’est la gloire !En 1844 le Conseil Municipal de Montauban décide de donner le nom d’Ingres à l’une des rues de la ville. L’année suivante il est fait commandeur de la Légion d’Honneur. En 1848 il est nommé, en même temps que Delacroix, membre de la commission des Beaux-arts. Il n’a pas oublié les critiques qui lui ont été adressées 20 ans plus tôt et il va se battre pour que chaque artiste soit admis au Salon et que le Jury soit supprimé : il n’y parviendra pas. En 1849 il perd Madeleine avec qui il avait connu une union heureuse. Il est très éprouvé.
Il déménage peu de temps après pour s’installer 27 rue Jacob puis quai Voltaire qui sera sa dernière demeure.En 1851 il fait don de plus de 50 toiles et œuvres à la ville de Montauban et remet sa démission de l’Ecole des Beaux-arts. L’année suivante se remarie avec une parente de son ami Marcotte : Delphine Ramel, de vingt ans plus jeune que lui. « A mon âge, peu de fortune, avec des goûts d’artiste, si retiré et uniquement attaché au foyer et à l’étude nécessaire de l’art dans mes derniers jours, sans autre ambition que l’amour unique de celle qui sera la compagne de ma vieillesse » écrit-il à Marcotte.
Ingres achète à Delphine une belle villa à Meung sur Loire dans le Loiret.Les commandes continuent d’affluer… Mais il est incapable de comprendre les mouvements artistiques de son temps : les romantiques et notamment Delacroix lui semblent en complète contradiction avec l’idéal classique qu’il défend.Lors de l’élection de Delacroix à l’Académie des Beaux-arts en 1856 il déclare : « Aujourd’hui, je veux rompre avec mon siècle tant je le trouve ignorant, stupide et brut qui n’encense plus que des idoles de Baal, et cela effrontément ».Il va aussi ignorer les mouvements artistiques à venir : notamment l’impressionnisme. Mais il a sa position sociale d’artiste parfaitement intégré dans son époque.En 1855 Napoléon lui remet la croix de grand officier de la Légion d’Honneur et en 1862 il est nommé sénateur.Le renouveau, le changement lui font horreur « qu’on ne me parle pas de cette absurdité. Il faut du nouveau, il faut suivre son siècle, tout change, tout est changé, Sophisme que tout cela ! ». A 86 ans (1866) il décide de rédiger son testament. Depuis 2 ans il peint énormément des œuvres qu’il donne à Delphine de façon à assurer son avenir. Il n’a pas eu d’enfant (Madeleine avait perdu un enfant en 1814).
Il lègue à la ville de Montauban 4000 dessins et ses collections d’œuvre d’art. Quelques legs encore pour ses amis, le reste à sa femme. Le 8 janvier 1867, l’après-midi il recopie une gravure de Giotto à la bibliothèque, le soir il donne une petite fête musicale et dans la nuit il prend froid et meurt quelques jours plus tard, le 14 janvier 1867, d’une pneumonie à 1 h du matin.
Il est enterré au cimetière du Père Lachaise le 17 janvier. Il laisse une œuvre considérable et diversifiée. Il n’est pas resté indifférent. Degas qui avait eu l’occasion de le rencontrer lui vouait une grande admiration et plus tard des peintres comme Matisse et Picasso se souviendront de son enseignement. Jean-Dominique Ingres attachait avant tout une grande importance au dessin « Une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte » disait-il.
La galerie de portraits réalistes qu’il laisse constitue aussi un miroir de la société bourgeoise de son temps et de l’esprit et des mœurs d’une classe à laquelle il appartenait et dont il traçait les vertus et les limites.Il s’est aussi intéressé à la texture des vêtements, des étoffes qu’il intègre dans ses œuvres de façon a ce que la classe sociale du personnage représenté soit mise en valeur.Il s’est inspiré de l’art classique et des techniques droites et raides de l’art grec avant d’évoluer vers des drapés réalistes. Il aimait tellement les courbes qu’il a rajouté quelques vertèbres à sa «Grande Odalisque ». |