12.01.2012 : Une histoire de pie !
LA CHASSE AUX SORCIERES Si nous croyons qu’un sorcier est une personne qui a une liaison avec le démon et, à ce titre, a des pouvoirs magiques démoniaques, la définition est plus simple : un sorcier ou une sorcière est une personne qui pratique la sorcellerie.La sorcellerie ? La sorcellerie désigne souvent la pratique d’une forme de magie. La sorcellerie est complexe. Suivant le contexte et le milieu culturel, ce mot désigne des idées différentes, voire opposées. Chaque société possède ses propres conceptions en matière de croyance, de religion, de rites, de rapport à l’au-delà et à la mort et aux esprits.Chaque culture a ses propres rituels aux pratiques de la sorcellerie, qu’elle considère avec des degrés variables d’hostilité, parfois même bonne.Si dans certaines sociétés, les chamans , les griots sont bien acceptés en tant que praticiens de rituels traditionnels et placés en positions dominantes, des doctrines religieuses ont considéré toute forme de magie comme de la sorcellerie en la proscrivant et la plaçant au rang de la superstition : elles opposent le caractère sacré de leurs propres rituels aux pratiques de la sorcellerie…Les personnes qui pratiquent la magie ou font usage de moyens surnaturels, se retrouvent de façon péjorative accusé de sorcellerie approuvé par une majorité des sociétés humaines. Ces personnes ont fait l’objet d’accusation qui a mené à ce que l’on appelle « La chasse aux sorcières ».Pour des religions comme le christianisme, l’islam, la sorcellerie a été, et est, très souvent condamnée et considérée comme une hérésie.C’est à la fin du moyen âge que la sorcellerie est progressivement assimilée à une forme de culte du Diable et des accusations de sorcellerie ont été alors associées à des accusations d’hérésie contre des religions comme les Cathares ou les Vaudois par exemple. En France, les mots « sorcier », « sorcière » dérivent du latin « sortarius » qui veut dire « diseur de sorts ». En latin, « sors », « sortis » désigne d’abord un procédé de divination puis la « destinée », « le sort ».
L’origine des « sorciers » et « sorcières » sont associés au culte de la « déesse mère » ou « grande déesse » et font références à divers cultes qui auraient été rendus à une « mère universelle » du paléolithique à aujourd’hui.Plus précisément ces cultes renvoient à un culte primitif de la fertilité. La fertilité aurait été associée à la femme et revêtait une dimension sacrée, on peut le comprendre, qui consistait en une vénération de la Terre, de la fertilité et de la fécondité.Durant l’Antiquité, la mythologie vénéraient diverses déesses, certaines de manière plus prononcées que les autres : Isis, Cybèle, Diane ou Gaïa… Vénus, par exemple était la mère du peuple romain.Dans la Grèce antique, les sorcières étaient célèbres et à l’époque impériale la sorcellerie était très répandue et déjà… réprimée par les lois. Les Sibylles étaient des voyantes et existaient encore au début du christianisme à Rome.Les « déesses-mères » léguées par la préhistoire se retrouvent avec la nature dans les cultes agraires sur lesquels viennent se greffer des rites sacrifices (culte dionysiaque, orphique, Ménades) qui viendront se lier au folklore des divers pays d’Europe. L’art pariétal nous donne la conviction que les grottes étaient des lieux de culte où se pratiquaient des formes de magie. On s’y livrait à des envoûtements sur le gibier pour stimuler sa reproduction ou favoriser le succès de la chasse. Certains vont dire que l’on peut attribuer à l’art pariétal un simple aspect utilitaire. Les dessins dévoilent une vie culturelle fertile, lourde de symboles nous laissant deviner que l’homme du paléolithique avait une vie sociale, spirituelle et mystique très active.
L’histoire nous montre que l’importance de la magie n’a cessé de croître. Nous pouvons revenir à la mythologie pour mettre les bases de l’image de la sorcière…
La légende de Médée, par exemple… qui plonge dans un chaudron rempli d’un liquide bouillant de sa composition un vieux bélier qui en ressortira rajeuni, plein de vie et d’ardeur qui poussera le très vieux roi d’Iolcos de suivre le même traitement avec enthousiasme et qui en sortira à son tour rajeuni. Mais Médée… La cruelle qui a fait plonger Pélias par ses filles dans un chaudron d’eau bouillante et qui n’a obtenu qu’un immonde amas de chair bouillie ou… qui amoureuse de Jason lui prépare un onguent qui le rendait invincible pour surmonter les épreuves terribles qu’il avait à affronter pour reprendre la célèbre Toison d’Or. Mais, une fois l’époux de Médée il commet l’imprudence de la tromper, alors Médée n’hésite pas à égorger ses propres enfants pour donner à Jason un autre mal plus terrible que la mort.Circé qu’Ulysse rencontre dans son voyage et qui lui transforme sa troupe en lions, en loup… mais grâce à l’herbe de vie donnée par Hermès Ulysse échappe à la transformation. Circé stupéfaite et admirative tombe à ses pieds, libère ses compagnons. Ulysse deviendra son amant une année entière. Circé et Médée : les deux images opposées de la femme.
Cette dualité se retrouvera tout au long de l’histoire de la sorcellerie.Dans la société Celte le druide est une personnalité importante. Ils étaient devins et consultés pour toutes les conjonctures politiques importantes, les chefs, par exemple ne prenaient pas de décision grave sans leur avis. Ils avaient aussi le rôle d’arbitre et étaient sollicités pour tous les différents. Donc ils étaient les gardiens du savoir et de la morale. Leurs pouvoirs étaient nombreux. Ils pouvaient commander aux forces de la nature, provoquer les tempêtes et détourner les orages. Avant de rendre leurs oracles ils observaient les entrailles des animaux, le vol des oiseaux, la marche des étoiles…. Ils distribuaient toutes sortes de talismans pour préserver les Gaulois du mauvais sort et leur assurer la victoire dans les combats. Les druides connaissaient les secrets des plantes qui permettaient de guérir les maladies. En fait la médecine celte était essentiellement magique et basée sur l’utilisation des plantes dont la cueillette et la préparation donnaient lieu à des rites bien précis.Nos ancêtres les Gaulois ! Ce monde que nous appelons aujourd’hui « l’imaginaire » étend son ombre étrange, parfois merveilleuse, souvent inquiétante.
Les contes de notre enfance nous laissent des images de fées bienveillantes et de lutins facétieux mais… L’Histoire, impassible, nous livre des récits de tortures, de procès parsemés de condamnations, de magiciens et de sorcières nuisibles.Pourtant l’imaginaire n’existe pas. Mais… les dinosaures avec leurs mâchoires effarantes, leurs pattes griffues et disproportionnées et leur peau rugueuse ? Ne ressemblent-ils pas singulièrement aux dragons ?Que de présence pour un monde qui n’existe pas ? La déesse déchue, balais et incantations, procès et bûchers, antres sordides et chaudrons bouillonnants, poisons et mauvais sorts… Jetés en vrac ces mots ne livrent-ils pas une image. L’image de la Sorcière ?
La sorcière est présente depuis des siècles dans la mémoire collective. Cette femme, jamais respectée, connaît les bonnes ou mauvaises plantes. On la craint. On la regarde avec méfiance les années de mauvaises récoltes, on murmure dans son sillage des histoires de bêtes empoisonnées de granges brûlées ou de mauvais sorts lancés.Elle est jalousée, parfois même par les membres de sa famille, qui n’hésitent pas, à son procès, à témoigner contre elle.Car la sorcière, le plus souvent n’est pas une étrangère, ni une inconnue. Elle partage la vie quotidienne de chacun… jusqu’au jour où elle est persécutée.Au fil des saisons, des guérisons inattendues, des morts inexplicables : elle y est suspecte.D’où lui vient cette connaissance des secrets de la vie et de la mort ? Pourtant l’histoire commençait bien : une déesse Mère, symbole de la vie, de protection dont les représentations nous parviennent avec une image… qui se dégrade. Les bienfaits s’effacent devant les maléfices. Ainsi est la nature humaine !
Il reste le magicien qui s’approprie le côté fantasque mais rassurant et… les sorciers mais surtout la sorcière qui s’approprient les noirs desseins.
Et ainsi, au fil du temps, il ne reste plus que cette figure caricaturale, adoratrice du Diable, entraînant quelques honnêtes citoyens dans des clairières sordides, leur faisant bien sûr renier leur foi, bafouer l’ordre établi, bref, faire le mal.Car c’est de ça dont il est question : du mal ! Aujourd’hui on sourit. Mais si l’on sait que les accusateurs et les juges se partageaient sans vergogne les biens de ces dangereux sorciers ou sorcières, après leur avoir dûment « facturé » le séjour en prison et même les tortures bien consciencieusement chiffrées. « Gare aux récalcitrants qui refusaient d’avouer, la facture s’allongeait en même temps que leurs membres, ne parle-t-on pas de « douloureuse » !
Regardez-la bien, la maison maudite, la silhouette de guingois, les tuiles défoncées, la porte rongée qui grince… Masure chancelante, bannie des villages, enfouie dans les forêts, enlisée dans les marécages brumeux et malodorants : elle est le reflet de son hôte : sombre, douteuse, grinçante, repoussante. Son aspect trahit leurs espoirs malsains.
Défense d’entrer ! Ici, c’est le maître de maison. Il cherche. Dans l’atmosphère étrange d’un laboratoire, penché sur ses grimoires, il sonde les abîmes de l’inconnu, déchiffre les symboles transmis par ses prédécesseurs réservés aux seuls initiés, il se plonge dans l’univers merveilleux des métaux, avec l’espoir un peu fou de transmuter les plus communs, les plus vils, en or ou argent. Trouvera-t-il la « Pierre Philosophale », source de l’infinie connaissance. D’où lui vient cette curiosité dévorante ?Ce sont les chinois qui ont ouvert la voie de cette quête palpitante qui même le physique et le spirituel…En traversant les âges, les contrées (Grèce, Mésopotamie, Egypte…) cette science, enrichie par les travaux des Arabes, fascine tout le monde…Lui est peut-être désintéressé mais, celui qui finance ses travaux ? Celui qui espère bien en tirer un jour des espèces sonnantes et trébuchantes… ou peut-être c’est lui encore qui façonne des écus discrètement en utilisant à cette fin du charbon de bois et des métaux qui s’entassent chez lui ? Soupçons. Il est persécuté, il s’installe donc dans une semi clandestinité prudente.C’est vrai qu’il y en a qui frisent l’escroquerie, qui s’enrichissent sans vergogne de la crédulité et de la naïveté de leurs interlocuteurs.Mais, il y a des prodiges prêtés aux alchimistes. Ils ont aussi de solides connaissances du monde qui les entoure. Hommes de recherche, curieux, érudits, méticuleux ils ont pour beaucoup consignés leurs travaux dans d’innombrables documents qui nous sont restés, nous permettant de suivre leur évolution. Cette évolution qui donnera naissance à notre science moderne. Il y a un domaine où les sorciers et les sorcières ressemblent un peu aux hommes de bien : ils aiment s’entourer d’animaux. Pas de chien fidèle protecteur ou gardien, pas de nobles chevaux… leurs compagnons, bien nombreux, ne trouvent plus place dans nos foyers.
le crapaud – On dit que si l’on ouvre le corps d’un sorcier ou d’une sorcière, on découvre un crapaud à la place du cœur.Dans le bestiaire du sorcier, le crapaud est roi. Pourquoi ? Il a la peau gluante parsemée de verrues hideuses. Mais, que seraient les brouets, les philtres et le bouillons divers sans sa bave ? Et que dire du poison précieux tiré de sa peau ? Bouilli, séché, réduit en poudre ou vivant, le crapaud est omniprésent dans la pharmacopée particulière des sorciers et des sorcières.Tiens, il y a des oiseaux. Le corbeau au croassement lugubre est le messager favori des forces du mal. Le Diable prend son apparence pour errer dans les cieux à la recherche d’âmes à voler. Il est corrompu, comme la pie. Elle est la messagère de mauvais sort.La poule noire qu’on égorge à minuit à la croisée des chemins et la chouette qui ne protège que si elle est clouée à la porte des granges.Ne reconnaît-on pas souvent les maisons des sorciers, ou des sorcières à leurs toiles d’araignées ? Ils cachent leurs coupables occupations au commun des mortels ces êtres peu scrupuleux, ils n’hésitent pas à envoûter ces insectes rebutants pour les soumettre à leur volonté et les utiliser, entretenant avec soin leurs toiles !Et le chat ? Neuf vies, il a neuf vies ! On le tolère car on apprécie sa faculté de chasser rats et souris mais il est le maître dans les masures sordides où se trament mauvais sorts et empoisonnements, surtout s’il est noir. D’ailleurs le chat ensorcelé se distingue car il a les yeux qui brillent d’une lumière maléfique dans le noir !Et la Chauve-souris ? Ne plane-t-elle pas dans les endroits les plus sombres, ne sort-elle pas que la nuit, ses cris stridents n’écorchent-ils pas les oreilles honnêtes ? Et puis elle dort la tête en bas. Telle bête ne peut être regardée qu’avec méfiance, sauf bien sûr par les sorciers et sorcières, peut-être parce ce que, enfants, ils ont été élevés par les chauve-souris et qu’ils partagent ainsi un amour suspect pour la nuit.Si on parle des dragons ? Il n’en a pas fallu beaucoup pour lancer les esprits sur les traces de ces créatures effrayantes que personne n’avait jamais vu : les squelettes de dinosaures fossilisés. Il suffit de broder autour de ces restes inquiétants aux propriétés inouïes, de méfaits probables et qui ont une vie… certaine.Ah ces Monstres contrefaits, peu sociables de nature, au corps immense, le cou reptilien, les ailes tantôt gigantesques et griffues tantôt minuscules mais puissantes, leurs naseaux fumants et leur gorge brûlante, prêts à cracher le feu et à semer les cendres et la désolation sur leur passage qui sont autant de… menaces, ils s’acoquinent bien avec les sorciers et les sorcières, ils acceptent les taches les plus diverses, ils chauffent même les bains douteux de leurs maîtres ou, pire encore allument des foyers maléfiques détruisant granges et maisons, leurs yeux perçants suffisent à terrasser les plus forts et les plus courageux et en plus ils sont les gardiens intraitables de leurs hôtes. Ces monstres sont les dragons. Ils ont inspirés les figures de proue des célèbres Drakkars. Ils sont bénéfiques en Extrême-Orient : leur apparition est un signe faste, d’ailleurs c’est la consécration suprême en Chine où l’Empereur est appelé « fils du Dragon ».On peut rejoindre ainsi le troupeau des sirènes, licornes et autres animaux mythiques. De tous temps, les plantes ont été utilisées par les mages et les sorciers.
Au début… les hommes chassaient et les femmes et les vieillards cueillaient les graines et les fruits qui complétaient l’alimentation du groupe.L’expérience leur permettait de connaître également la toxicité de certaines espèces et les effets que leur consommation pouvait avoir sur la santé et le comportement.Au cours des milliers d’années… la tradition orale a permit d’enrichir ce savoir car de nombreuses plantes ont été utilisées pour la capacité qu’elles avaient : soit de modifier le comportement humain, soit de provoquer des empoisonnements.Les sorcières et les sorciers se sont servis des effets des plantes toxiques pour exercer leurs pouvoirs sur les populations crédules… C’est souvent aussi l’importance de la cueillette qui détermine les plantes « magiques ». Celles cultivées au solstice d’été qui peuvent être considérées comme « positives ». Des fêtes étaient organisées pour ces cueillettes, elles donnaient naissances à des fêtes païennes qui ont été repoussées symboliquement par l’Eglise le 24 juin, jour de la Saint-Jean. Sans être des sorcières nos grands-mères ramassaient les « herbes de la St Jean » : millepertuis, armoises, fougères, menthes, fenouil qui devaient donner force et bienfaits. Elles devaient aussi être cueillies avant le lever du soleil afin de conserver la précieuse rosée qui constituait une sorte « d’eau de longue vie »… Les feux de la Saint Jean sont encore aujourd’hui le rappel lointain de ces croyances…La famille des plantes toxiques la plus utilisée est celle des Solanacées.Les pommes de terre, les aubergines les tomates en font partie. Mais les propriétés intéressantes étaient tirées de plantes comme : La belladone, la mandragore, la jusquiame…La mandragore a toujours provoqué une fascination et a toujours été utilisée depuis la haute antiquité (on la retrouve dans les tombeaux de certains pharaons. Offrandes, pour purifier l’âme du mort ??). Elle est extrêmement toxique si elle est ingérée. Elle était surtout utilisée comme somnifère. Les sorciers l’ont toujours reconnue. Elle avait la réputation de provoquer la mort si on la déracinait, de se cacher à l’arrivée des hommes mais… on pouvait l’apprivoiser en l’arrosant d’urine ou de sang menstruel. Elle était aussi utilisée par l’Eglise, car si on la posait sur le corps d’un possédé, elle expulsait le démon qui était en lui… Dans les maisons où il y avait la mandragore on la traitait avec respect et on lui réservait une place dans une petite boite avec des tissus moelleux, des draps et des couvertures. D’autres la conservaient dans un sac de tissu noir pour lutter contre le mauvais œil et toutes sortes d’attaques. Ceux qui la possédaient pensaient qu’elle avait la possibilité de réaliser tous leurs désirs s’ils l’honoraient… Aujourd’hui encore elle est utilisée comme poupée protectrice ou simplement posée près du lit.Comme d’autres plantes, les romains utilisaient la mandragore comme plante hallucinogène.C’est une plante qui a toujours provoqué une fascination par rapport à la forme de ses racines qui évoquent la forme de cuisses humaines, ce qui est certainement beaucoup dans la réputation qui lui est faite.Les sorciers s’en servaient pour ses vertus aphrodisiaques, hallucinogènes et les druides comme les sorciers hindoux l’utilisaient pour procurer un sommeil profond. Les guérisseuses l’utilisaient contre la stérilité et pour éviter la peste. La belladone « Belle Dame » car les « belles dones » vénitiennes l’utilisaient pour dilater leurs pupilles et rentre leurs yeux brillants.On l’appelait aussi morelle furieuse, herbe du diable, empoisonneuse ou cerise empoisonnée. Elle était utilisée comme poison (à hautes doses) ou comme narcotique et servait à la confection de divers onguents.La jusquiame : narcotique et vénéneuse elle était un ingrédient courant des philtres et onguents.Le pavot(opium), le chanvre indien (cannabis) ont toujours été utilisés par les sorciers, sorcières mais aussi par tous les médecins. L’opium par exemple était le principal constituant de tout médicament jusqu’au jour où il a disparu du Codex : en 1908.Le datura a aussi des propriétés psychotropes : ce serait la prise de datura qui aurait conduit à voir la sorcière s’envoler sur son balai….Il y a d’autre plantes, de nombreuses plantes utilisées par les sorciers, les sorcières… Mais il y a aussi des dérivés des plantes comme l’ergot de seigle (champignon) par exemple. Si nous connaissons tous l’histoire de Pont St Esprit, nous connaissons moins celle d’autres grandes « épidémies » qui ont mené au bûcher de nombreux sorciers et sorcières… En effet, lorsque le soir tombe, entre « chien et loup », quand la fatigue du travail brouille le regard, que la faim affaiblit les esprits et quand le sommeil réclame son dû… alors on entend les échos de fêtes païennes, des murmures de rites inavouables, des tintements de repas sordides et des rythmes de danses sataniques. Bien sûr des scènes qui ne supporteraient pas la clarté du jour… Non aucune lumière ne doit pénétrer les clairières dissimulées aux regards honnêtes et seuls les reflets inquiétants de l’Enfer peuvent faire briller ces yeux lubriques, luire ces fourneaux bouillonnants et ces marmites fumantes. Dans ces décors des hommes et des femmes célèbrent des cultes inavouables. Acteurs fidèles d’un théâtre sans spectateur ou les trois coups sont donnés à minuit, pas un n’a ignoré l’appel du malin par ces nuits de pleine lune.
Ces endroits maudits marqués par les stigmates de liturgies honteuses, les paysans les traversent avec angoisse, frémissent d’indignation et de colère et sont bien sûr prêts à punir mais sont craintifs devant ces pouvoirs qui leur sont inaccessibles et dont ils ne peuvent être que victimes.Pourquoi ces craintes ? Pour les comprendre, il faut avoir traversé des forêts sombres et brumeuses, vibrantes avec les claquements secs ou les bruissements diffus que fait naître le vent en jouant dans les branches. Et les marais putrides ? Ne font-ils pas trembler ? Il faut reconnaitre ces ambiances favorables aux mauvais sorts et aux malédictions ancestrales… Sûrement propice au « sabbat des sorcières» ou au « chabbat hébraïque » ?.
N’y a-t-il pas de « synagogue des sorcières » ou « synagogues du diable ». Seulement parce que les rites et usages des juifs étaient méconnus et mal considérés (antijudaïsme), surtout au moyen âge. Il n’en faut certainement pas plus à Heinrich Kramer, dit Heinrich Institoris (1436-1505), religieux dominicain pour écrire le « marteau des sorcières » ou le « malleus maleficarum ».
Déjà pour combattre l’hérésie, Saint Dominique en 1216 avait fondé « l’ordre des frères prêcheurs ». Cet ordre qui est devenu les dominicains a fourni l’essentiel des cadres de la Sainte Inquisition. Hérésie, Sorcellerie. De l’un à l’autre c’est facile de franchir le pas.En 1484, le pape Innocent VIII lance le signal de la chasse aux sorcières et élargit la mission de l’Inquisition aux « praticiens infernaux ». La persécution est véritablement lancée à grande échelle après la publication du « Malleus malificarum » en 1486. Ce « Malleus » connaît un véritable succès et a été réédité de nombreuses fois à de nombreux exemplaires : c’est le début de l’imprimerie. Il sert de référence à la justice séculière qui condamne les sorciers.En fait la « chasse aux sorcières » désigne « la recherche hystérique et la répression de personnes accusées de phénomènes magiques ». Ces chasses ont été tournées principalement vers les femmes. Elles ont fait un nombre considérable de victimes : plus de 200 000 mille procès et près de 100 000 exécutions ont été recensées entre 1580 et 1630 dans le monde chrétien (chiffre très élevé par rapport à la population de l’époque). La majorité des victimes des procès (femmes à 80%) appartiennent en majorité aux classes populaires avec un grand danger néanmoins pour les gens riches, leurs biens sont une tentation pour leurs accusateurs. Les condamnations pouvaient être étendues aux enfants, surtout les filles. Les juifs, homosexuels, marginaux, errants, pauvres hères, vagabonds, gens du voyage font partie des victimes (même des animaux ont été brulés pour sorcellerie). En France la persécution s’arrête pratiquement après 1680 par le Parlement de Paris qui nie toute réalité aux pactes sataniques et aux maléfices. Donc plus de poursuites. Il y a toutefois des arrestations pour les empoisonneurs. La dernière victime, officielle, accusée de sorcellerie, décapitée, est Anna Göldin à Glaris dans la Suisse protestante en 1782. Mais on trouve d’autres procès et d’autres condamnations en France et en Pologne plus tard. Cette pratique a encore lieu dans certains pays qui appliquent la Sharia (qui interdit la sorcellerie, la magie noire, ou la prédiction de l’avenir : ces pratiques sont considérées comme polythéistes).
La « chasse aux sorcières » désigne toujours la persécution de personnes au sein d’une société à raison de causes imaginaires ou.. de façon hystérique. Le plus connu est le « maccarthisme » aux Etats-unis qui dénonce la croisade anticommuniste du sénateur américain. Non le monde de l’imaginaire n’existe pas. Les sorcières non plus. Il faut se laisser emporter, ce n’est pas si désagréable de se faire peur ou de rêver…
Le passé réel, le futur et l’imaginaire savent bien trouver leur place. Mais, aucune religion, aucun principe moral qui fonde n’importe quelle société ne permet de justifier la « chasse aux sorcières » qui est une grave récession de la conscience humaine et religieuse. |