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SOLIMAN LE MAGNIFIQUE Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
29.04.2.14 - amitié franco-turque.

Avec son sultan  Soliman Le Magnifique l’Empire Ottoman et l’Islam a étendu ses pouvoirs jusqu’aux portes de l’Europe au XVIe siècle.

Durant quelques décennies grandioses, l’empire Ottoman va s’arroger puissance, conquêtes et forune.

Les Ottomans à l’origine étaient des nomades qui vivaient dans les steppes qui bordent les mers d’Aral. Pendant des siècles ils ont parcouru la Turquie actuelle à la recherche de nouveaux pâturages.

Ils ont souvent été enrôlés par les Sultans musulmans comme mercenaires pour combattre les hordes mongoles mais les dommages qu’occasionnaient ces hordes mongoles encouragent les Ottomans à revendiquer leur propre territoire, à leur tête le chef militaire Osman Bey qui aurait fait un rêve surprenant : « un arbre magique dont les nombreuses branches allaient engendrer une puissante descendance ». Une belle légende mais… une dynastie extraordinaire sera engendrée par Osman Bey. En effet, cette dynastie va régner sur trois continents : l’Asie, l’Europe et l’Afrique.

Les partisans Turcs d’Osman Bey sont appelés les Ottomans. Ils sont des guerriers religieux ou Gasi dont la mission est d’introduire l’Islam dans le monde entier. Ce sont des hommes courageux qui s’exposent aux pires dangers et ils pénètrent sans craintes dans des contrées inexplorées ce qui contribue à leur réputation de témérité. Que ce soit  par simple idéologie, ou théologie ou seulement leur pouvoir de conquêtes, les ottomans vont élargir les frontières de l’Empire. Dans l’esprit des premiers ottomans l’expansion ne peut s’accomplir que vers l’ouest car à l’Est les terre sont sous le contrôle de leurs frères, les émirs Turquemans musulmans et… les musulmans ne sont pas censés se battre entre eux. Donc,  les possibles extensions sont les territoires chrétiens de l’Ouest. C’est donc vers le nord et l’ouest  qu’ils  pénètrent un territoire traditionnellement dominé par les chrétiens : l’Empire Byzantin qui est déjà sur le déclin.

A l’époque d’Osman l’Empire Byzantin se limite à un bastion isolé en Eurasie. Les croisés ont dévastés la région pour se rendre  à Jérusalem, ils ont pillé la capitale et ont contribué à réduire cet empire autrefois si fier à quelques petits états  en conflits.  En 1326 Ils s’emparent de Bursa une puissante ville Byzantine : cette victoire va changer les coutumes des Turcs Ottomans pour toujours.

Osman établit le siège  à Bursa (Broussa) de son gouvernement et les impétueux nomades des steppes vont pouvoir s’établir et construire un empire : c’est une révolution car on passe d’un mode de vie nomade à un mode de vie sédentaire et à Bursa ils s’établissent comme porte drapeau légitime de la civilisation musulmane.

Les Ottomans ont maintenant l’intention d’administrer les vastes régions sous leur contrôle. Avec les employés de bureau Byzantins qu’ils laissent en place, ils entreprennent d’organiseur leur nouvel empire : la levée des impôts et la tenue d’archives.  De nos jours le concept de bureaucratie n’a plus rien de noble, mais pour l’époque c’est  une innovation formidable et ambitieuse.

Les ottomans sont connus pour réunir et absorber les territoires culturels qu’ils dominent. Ils créent des structures qui permettent aux autochtones de garder leur culture et de pratiquer leur croyance en toute liberté. Il faut souligner qu’ils ont moins de problème avec les chrétiens qu’avec les autres musulmans qui tentent de défier les nouvelles lois. Cela vient du fait que les musulmans sont encore organisés en royaumes primitifs avec d’anciennes rancunes tenaces avec des clans qui ont gardé certaines prétentions de lois dynastiques.

Les ottomans ont peur de ces familles, ils ont peur qu’elles se soulèvent et créent une rébellion et, à juste titre, craignent d’intégrer cette population dans leur armée.   

Ils décident donc  de recruter des enfants qui ne sont apparentés à aucune famille musulmane : ils vont dans les Balkans et enrôlent des enfants chrétiens (sous forme d’impôts !).  Cette coutume porte le nom de devshirme (déchirmé). En théorie les jeunes enfants sont les esclaves du sultan mais… on ne les traite pas comme tels, on les convertit à la foi musulmane, on leur enseigne les rituels de la toilette et de la prière ainsi que les langues ottomanes et arabes. Cette pratique sert la politique et la religion. Le devshirme  permet aux ottomans de constituer une caste nouvelle sans trahir d’autres tribus. Ces enfants ont avenir très brillant. Ce statut est unique car les enfants ne font allégeance qu’au Sultan, il n’y a plus de notion de pays, de famille ou de tribu… On offre à ces enfants le meilleur enseignement possible et, ils peuvent prétendre aux positions les plus élevées de l’Empire. Ceux qui sont doués vont dans les écoles du Palais et accèdent à de hauts grades de fonctionnaires : ils sont Vizir ou Gouverneurs et certains même seront Grand Vizir.

Ceux qui sont robustes rejoignent le corps des Janissaires qui représentent l’élite de l’infanterie du Sultan. Cette armée va imposer son modèle pendant des siècles. Ce sont de très bons soldats, bien entraînés, ils ne redoutent pas la mort et sont redoutables et ils n’ont d’amour que pour leur Sultan.  On les forme avec  la précision, la discipline et le grand apparat d’une armée moderne. Pour la première fois les guerriers portent l’uniforme et vont au combat au son d’une fanfare militaire. Les janissaires sont redoutés dans tout le monde occidental. Ils représentent une force digne de ce nouvel empire islamique et de ses ardents désirs de conquêtes (valeur mérite et non pour leur nom).

Vers la moitié du XVe siècle l’Empire Ottoman s’étend de l’Anatolie, la Turquie actuelle jusqu’au cœur des Balkans avec pourtant une exception de taille, qui devait exaspérer le sultan ottoman car, au beau milieu de ses possessions, jusqu’aux  frontières de l’Europe Occidentale subsiste le plus beau des trésors : la capitale Constantinople ! La ville la plus puissante, la plus noble, la plus riche du monde entier est encore entre les mains de l’empire Byzantin. En déclin certes, mais pas encore défunt. 

Aux yeux des Ottomans l’importance stratégique de Constantinople est considérable mais sa signification symbolique est encore plus forte. C’est cette ville qu’il leur faut, et pas une autre. S’ils veulent s’installer dans cette région ils doivent absolument posséder cette ville et de plus… une légende raconte que la capitulation de Constantinople est  ordonnée par Mohamed lui-même. Depuis Ossman Bey, chaque Sultan ottoman a voulu s’emparer de la ville mais les chrétiens l’ont toujours fermement tenue.

C’est alors qu’arrive au pouvoir un sultan dont les rêves de conquête sont évidents : l’histoire l’immortalisera sous le nom de Mehmed le Conquérant. Lors de l’arrivée au pouvoir de Mehmed II se traduit par un énorme changement politique dans la manière de diriger l’empire ottoman : il gouverne très énergiquement. Mehmed vise immédiatement le seul  et unique trésor qui soit à la hauteur  de ses ambitions : Constantinople.

L’empire ottoman était considéré comme une puissance majeure de  la Renaissance,  le dynamisme, la sophistication et le faste du Palais de Topkapi  (= Porte des Remparts – 70 ha –palais des Sultans depuis  1453) inspirait craintes et fascination au-delà de ses frontières.

 

C’est le 7 octobre 1520 que Soliman, fils du sultan Selim 1er, (Yavuz (yavous)  = le terrifiant ou le cruel)  devient le 10ème  Sultan de l’Empire Ottoman. Une charge bien lourde pour un jeune homme de 25 ans. Ce n’était pas un enfant ni un adolescent lorsqu’il accède au trône mais il n’était pas spécialement préparé à devenir Sultan et il était totalement différent de ce qu’était son père : il était pacifiste, doux, attiré par les arts, attirés par l’orfèvrerie. Il était grand, maigre certains disaient filiforme et comme le voulait la tradition il avait eu une formation dans les arts et dans les lettres. Soliman a partagé une grande partie de son enfance avec un jeune esclave Ibrahim Pacha capturé au cours d’un raid (jeune chrétien Grec). Ils ont le même âge et c’est évident qu’ils ont une forte influence l’un envers l’autre.

Lorsque Soliman apprend qu’il est nommé Sultan il se rend tout de suite à Istanbul et la première chose qu’il fait c’est se recueillir dans Sainte Sophie qui est devenue le symbole de la magnificence de l’Empire Ottoman, on peut dire que c’est le plus grand lieu de prières au monde. Ibrahim connait bien Istanbul et apprend à Soliman que la Coupole de Ste Sophie fait 31 m de diamètre et qu’elle culmine à 54 m au-dessus du sol… Mais Soliman est plus impressionné par ce que son destin lui réserve et après ce recueillement il se rend dans sa nouvelle résidence : le Palais TopKapi.

Juste après son intronisation, sous le grand dais, dans la 3ème cour il assiste à son premier conseil des Vizirs dans le cadre du Divan (ce mot divan a donné notre mot parce que l’ensemble des Vizirs étaient assis sur ces vastes canapés). Le divan est l’ensemble du conseil et la réunion des ministres et c’est là qu’on parle des affaires importantes de l’état, de la politique à suivre et aussi c’est là qu’on légifère… Soliman assistait personnellement aux séances du divan puis il a fait aménager une petite salle avec un espace grillagé et les membres du conseil ne pouvaient pas voir s’il était présent ou pas.  Les ministres sont sous la réserve : Soliman est jeune et son allure d’intellectuel met un doute sur son sérieux, mais il est le souverain légitime. Il va devoir faire ses preuves vis-à-vis de l’armée car dans la tradition Ottomane il est important que le Sultan soit un guerrier.

Ses preuves il les réalise rapidement par deux victoires sensationnelles : à peine un an après son accession au trône il marche sur Belgrade qui appartient alors au roi de Hongrie.  Belgrade c’est la clé de l’Occident et par conséquent  il y a une forte notion d’avancée sur le riche Occident dont les terres sont attrayantes et aussi… il y a la tentation de monter une guerre sainte contre la Chrétienté.

Soliman réalise une campagne « éclair »  et à peine Belgrade prise Soliman se tourne vers l’île de Rhodes.

L’île de Rhodes est tenue par les chevaliers de l’Ordre de St Jean de Jérusalem qui  ont une position stratégique.  La prise de Rhodes n’a pas été facile pour Soliman malgré l’immense flotte et les hommes qui ont tenu le siège. Les assauts sont acharnés mais les Chevaliers Chrétiens ne cèdent pas et ils repoussent à plusieurs reprises les Turcs.  Soliman essaye une autre solution : la négociation. Contre un cesser le feu il propose aux Chevaliers de quitter l’île avec leur navire et leurs armes. Cette solution est une très habile manœuvre pour les monarques de l’Occident : Soliman a tenu la promesse qu’il avait faite aux Chevaliers de Rhodes et pour son pays il a gagné la place. Soliman devient un héros et c’est suite à ce fait de guerre qu’il devient vraiment Le Sultan.

De retour à Constantinople il  décide de remplacer son grand vizir et il va nommer son ami de toujours Ibrahim Pacha et, si cette nomination était l’affirmation de son affection à Ibrahim c’était aussi aux yeux de son pays une façon de s’affirmer au pouvoir : le patron c’est moi, l’Etat c’est moi,  je fais ce que je veux.

L’Empire Ottoman est appelé « La Sublime Porte ». C’est en référence aux nombreuses portes et passages qui conduisent le visiteur jusqu’à la demeure du Sultan et… de son Harem.

Passé la 3ème porte du Palais Topkapi, c’est la résidence privée du Sultan, cette partie est gardée par des Eunuques Blancs qui surveillent l’extérieur des harems  et des Eunuques Noirs sont chargés de l’intérieur des harems. Les Eunuques  étaient émasculés enfants et… pour arrêter l’hémorragie il fallait les enterrer jusqu’à mi-taille dans le sable.

Le mot Harem signifie sacré, secret. C’est un lieu vraiment préservé. Le Sultan est le seul homme « complet » à être admis à l’intérieur. Avant d’y accéder il y a un long couloir avec  une longue table tout du long où les eunuques blancs posent les plats destinés aux femmes du Harem.  Les nouvelles venues au Harem sont formées et c’est seulement petit à petit qu’elles vont gravir les échelons qui leur permettront, si elles ont de la chance, d’être remarquées par le Sultan et de passer au moins une nuit avec lui. Certaines de ces femmes sont offertes en cadeau, d’autres achetées au marché des esclaves. Au temps de Soliman elles sont environ 300 à vivre dans le Harem de Topkapi. C’est la mère de Soliman qui veille sur les femmes (Validé Sultane) et toutes les décisions, le choix des femmes ou…  de la femme qui doit passer une simple nuit avec Soliman passe par elle. C’est elle aussi qui choisit les épouses, et après le mariage, l’épouse du Sultan doit passer sous les ordres de sa belle-mère (Ce qui peut faire comprendre pourquoi les épouses font tout pour que leur fils succède au Sultan, car si le fils accède au trône, la mère a de ce fait des pouvoirs considérables).

Normalement, bien sûr, les épouses ne sont pas choisies parmi les femmes du harem. Mais Soliman va faire une exception pour une esclave qui venait de l’Ukraine actuelle,  fille d’un Pope, capturée  à  la suite d’un raid et introduite dans le harem, qui va jouer  un rôle très important dans sa vie.

L’esclavage est interdit par l’Islam, de ce fait la plupart des femmes du harem sont chrétiennes d’origines russes ou caucasiennes car on estime qu’elles sont les plus jolies.

Roxelane faisait partie d’un lot donné au Sultan, elle ne passe donc pas par le marché aux esclaves car elle arrive directement au palais. Là commence le plus humiliant : les examens hygiéniques par les médecins du Palais pour savoir si elles n’avaient pas les trois principales maladies : la lèpre, la peste et le choléra. Pour en avoir la certitude, on mettait un pou sur le cou et si le pou restait elles n’avaient pas ces maladies.

Ensuite un eunuque vérifiait son sommeil : il ne fallait pas qu’elle ait un sommeil trop lourd, ile fallait pas qu’elle ronfle.  Si elle ronflait, le prix qui avait été convenu était diminué, voire la jeune fille renvoyée. On vérifiait aussi qu’elle était bien vierge ( ?). Une fois admise, l’esclave commençait une nouvelle vie et pour cela on lui donnait un nouveau nom.

Pour Roxelane il en a été ainsi. Mais Roxelane était joyeuse, chantait ce qui lui donnait du charme. Son nom au Harem est  Hürrem  (ce qui veut dire la joyeuse) c’est les occidentaux qui l’appellent   Roxelane. Un harem ce n’était pas ce qu’on imagine souvent (lupanar ?), c’était plutôt un couvent de jeunes filles.  Si les filles sont choisies pour leur beauté, elles passent la plupart du temps à apprendre la morale, la religion et font des études d’art : danse, peinture, musique. Elles doivent devenir des jeunes files accomplies.  Quand la plupart de ses compagnes utilisent leur temps libre à entretenir leur beauté,  Hürrem  qui avait bien compris qu’être belle c’était une chose, mais avoir une tête bien pleine lui donnerait des atouts supplémentaires pour être choisie par la mère du Sultan, puis par le Sultan lui-même, elles deviennent alors « gözde » (œil).

Les jeunes filles qui avaient passé une nuit avec le Sultan (ikbal =chanceuse) bénéficiaient d’un appartement privé avec une servante.  Et si elle a un fils du Sultan elle devient kadin (concubine officielle) et parmi les kadins, il y a la kadin grand Chef qui a donné le fils ainé, qui deviendra en principe le Sultan.

Roxelane apprend la danse qui… n’avait rien de commun avec la danse du ventre à moitié dénudée. Ces danses étaient très complexes et sophistiquées. C’est au cours d’une danse que Soliman remarque Roxelane. Soliman laisse tomber son mouchoir au pied de Roxelane, c’est ainsi qu’il la désigne comme l’élue. Roxelane une fois préparée et conduite dans la chambre du Sultan doit, comme le veut la coutume, ramper sous la couette vers lui qui est dans son lit. Roxelane éclate de rire de se voir dans cette situation. Soliman rit aussi et s’assied dans le lit pour la prendre dans ses bras… et il lui enlève sa jolie ceinture virginale qu’elle porte autour de la taille et ensuite il la déshabille. On dit qu’elle était très maladroite mais que chaque geste était ponctué par un éclat de rire…  C’est ainsi que Roxelane arrive à plaire au Sultan et elle n’aura de cesse de jouer de toute la palette de séduction pour le garder avec elle. Soliman avait déjà une favorite… qu’il oubliait de plus en plus, ainsi que les enfants qu’elle lui avait donné (3 mais dont deux étaient mort en bas âge de fièvres). Mahidevran sa favorite était toujours en pleurs lorsqu’il allait la trouver, ce qui le poussait à retrouver Roxelane avec qui c’étaient rires, joies et musique. Elle arrivait à faire toujours des réjouissances, lui montrait les poèmes qu’elle écrivait pour lui…  Soliman aimait la poésie et en Roxelane il voyait quelqu’un avec qui partager sa culture. Roxelane était capable de comprendre comment fonctionne son univers, quelles sont les règles et comment se servir de ces règles pour obtenir ce qu’on veut. Mahidevran comprend le danger que représente Roxelane et s’en prend à elle. Elle la gifle, la griffe et Roxelane se laisse complètement malmener… Plus elle saigne, plus elle est contente et les eunuques doivent intervenir pour qu’elle ne soit pas tuée. Mais… quand Soliman l’appelle pour passer la nuit, Roxelane refuse. Elle se cache mais Soliman voit qu’elle est blessée, et lorsqu’il comprend que c’est Mahidevran, elle lui avoue qu’elle attend un enfant et quand on porte la main sur une femme enceinte du Sultan c’est comme si on avait tenté de tuer le Sultan lui-même et c’est une peine punie de mort. Mahidvran (Goudbar)ne le savait pas, mais Roxelane oui. Mahidevran n’a pas été tuée mais envoyée en exil, du palais, avec son fils Mustapha.

Dans l’entourage de Soliman on ne comprenait pas qu’il soit si entiché de Roxelane, on disait que c’était une sorcière qui lui avait fait absorber des filtres et que c’était à cause de ça qu’il était sous la coupe de Roxelane.

Les historiens, pensent que c’était dans le caractère de Soliman d’être sous la coupe d’autres personnes.

Roxelane a un but : devenir la femme légitime de Soliman, ce qui en principe est interdit. D’abord elle se fait affranchir elle explique à Soliman que toutes les bonnes actions qu’elle fait ne seront pas comptées puisqu’elle est une esclave. Une fois affranchie, elle ne peut coucher avec lui car ils seraient dans le péché, pendant 3 nuit elle se refuse à lui et il cède, il consent à l’épouser. C’est le seul cas dans l’histoire où un Sultan épouse une esclave du harem.  C’est un cas exceptionnel.

A mesure que l’Empire s’agrandit, Soliman s’enrichit, c’est ainsi qu’au fil des années s’est constitué le fameux palais de Topkapi et, entre-autre, le fabuleux diamant à la cuillère, un énorme diamant de 86 carats. La légende raconte qu’il a été trouvé au XVIIe siècle dans une poubelle par un pêcheur Turc qui l’a vendu contre 3 cuillères, d’où son nom. Le Sultan l’aurait porté serti en bague… mais on imagine le poids, alors il est monté en aigrette pour orner son turban….

Soliman a l’ambition de faire d’Istanbul une des plus belles villes du monde pour cela il fait appel à un architecte de  génie : Mimar Sinan. Sinan a été le chef architecte des sultans pendant 50 ans sans interruption de 1538 jusqu’à sa mort en 1588. En un demi-siècle, sur les ordres de Soliman, Sinan va construire plus de 300 édifices à Istanbul mais il participe aussi à la réfection du dôme du rocher à Jérusalem  car Soliman se veut être le Gardien des lieux saints de l’Islam.

C’est Mimar Sinan qui construit la grande mosquée de Soliman.  Au départ Soliman voulait une immense mosquée très riche mais en s’entretenant avec  Sinan ils ont convenu qu’il valait mieux une décoration plus sobre et garderons une harmonie des proportions. Cette décision donne à la mosquée son allure très particulière, une combinaison de sobriété et de puissance, de masse et de légèreté.

On dit que Sinan est un proche de Roxelane. C’est lui qui a fait la petite niche dans la salle du divan où le Sultan se dissimule pour observer les réunions du conseil des ministres, elle a été faite à l’origine pour elle, à sa demande personnelle, en fait cela lui permettait d’assister à toutes les séances du gouvernement. Soliman s’en sert aussi quand il veut assister à une séance qu’il  ne préside pas.

Inspirée par l’architecture de Sainte Sophie la mosquée de Soliman va donner naissance à l’architecture de toutes les autres mosquées.  La plus célèbre d’Istanbul c’est la mosquée bleue construite plus d’un demi-siècle après la mort de Soliman. L’intérieur est décoré de 20 000 carreaux de céramiques artisanales d’Iznik dont plus de 50 modèles différents.

Soliman avait voulu faire réaliser les plus belles céramiques du monde qu’il comptait faire importer partout dans l’Occident.  Le secret est bien gardé sur la manière d’obtenir ces couleurs éclatantes qui émerveillent les cours occidentales.

Au temps de Soliman, les calligraphes ont le privilège de tracer le monogramme impérial qui authentifie les lettres ou les arrêts du Sultan.  Aujourd’hui des artistes perpétuent cette grande tradition à Istanbul et il leur faut de nombreuses heures pour reproduire la signature de Soliman…  Sa signature veut dire : Soliman shah, fils de Selim Shah et toujours victorieux.  Ce monogramme officialise les traités signés avec les puissances étrangères, mais aussi l’ensemble des lois, le code législatif unique que Soliman impose à l’Empire. En occident on l’appelle Soliman le Magnifique mais à Istanbul il est nommé Kanuni =  le législateur, car il a ébloui par sa magnificence les Européens mais il a surtout donné des lois à l’Empire Ottoman. Ces lois donnaient des droits justes et instauré une ère de modération et de justice.

Le premier acte du Sultan, le matin, est de s’habiller. Le palais de Topkapi a conservé quelques vêtements de cette époque soigneusement protégés dans des vitrines. Le Sultan portait un Caftan avec une longue chemise à l’intérieur, mais à l’intérieur du Palais il portait souvent une grande culotte, une grande chemise et une robe de chambre rebrodée de fil d’or.  Pendant les cérémonies il portait des bonnets recouverts de soie et décoré avec des diamants.  Roxelane portait des robes avec des caftans rebrodées d’or, sauf à la maison où le caftan était en velours.

En général après le lever, Soliman prenait son déjeuner en compagnie de ses proches ou seulement de Roxelane dans ses appartements.  Les historiens qui ont examinés les comptes du Palais du temps de Soliman ont été étonnés de tant de provisions  de toutes sortes, qui viennent de partout pour nourrir le Palais.

En général pour le déjeuner ils étaient assis sur des coussins avec à sa portée un grand plateau disposé comme une table et ils se recouvraient avec une très grande serviette de table. Avant de commencer à manger, on se lavait les mains avec de l’eau parfumée et à table on ne se servait que d’une cuillère. Ni couteau, ni fourchette. On se servait de la main droite pour manger, jamais de la main gauche qui elle était utilisée pour l’hygiène corporelle et on buvait une boisson qui s’apparente au sorbet (fruits).

On n’a pas de témoignage de Soliman à table, et ce qui nous est rapporté c’est seulement qu’il était frugal et certains ont même dit qu’il était anorexique.

Le fameux café turc parvient à Istanbul pendant le règne de Soliman, c’est sous son règne que sont ouverts les premiers cafés qui vont avoir un succès fou. Après le règne de Soliman certains sultans ont interdit les cafés parce que c’étaient des endroits où les gens se réunissaient et parlaient un peu trop.

Quand Soliman souhaitait se divertir il faisait venir au palais un Karagöz, c'est-à-dire un théâtre d’ombre. Ce sont des marionnettes qui sont fabriquées avec de la peau de chameau ou de bœuf qui sont des personnages qui représentent des scènes amusantes, un peu comme guignol. Ce sont des personnages du peuple, l’un est toujours Karagöz qui  le représente et  Hacivat  qui est le personnage éduqué. A côté de ces personnages il y a l’ivrogne, la femme… Le  même manipulateur de marionnettes fait toutes les voies.

Il invitait aussi quelque fois les membres d’une confrérie respectée, celle des derviches tourneurs. Soliman était pieux et il a sûrement assisté à un samā‘ (ou sema), c'est-à-dire à des danses des derviches tourneurs (ordre Mevlevi) qui ont une profonde signification mystique puisqu’il s’agit de réaliser l’union avec Dieu.  En fait, à force de tourner ils sont dans un état de transe particulière dans laquelle ils se sentent légers, dans un état d’extase, en dehors de soi-même. Les derviches déploient les bras, la main droite pour se tourner ver Allah, vers le ciel et la main gauche dirigée vers la terre pour répandre la grâce d’Allah.

Le règne de Soliman est un règne de conquêtes : c’est dans la salle du divan que se décide la guerre et la paix et quand l’armée est en campagne, Soliman est à sa tête.

C’est à leur supériorité militaire que les Ottomans doivent leurs victoires, ils sont les premiers à se doter d’une armée mobilisée au centre de ce dispositif les Janissaires. Comme je vous l’ai dit, ils vont au combat au son d’une fanfare militaire et avant le combat ils crient leur cri de guerre et ils utilisent des cymbales pour effrayer leur ennemi.

Cette armée est toujours à disposition et de plus sous Soliman elle possède une impressionnante artillerie. Il avait en plus trouvé un système de « dosette » de poudre pour les canons, de ce fait il y avait une certaine régularité dans les tirs.

Au cours de son avancée vers la conquête de l’Ouest il va se trouver face à Charles Quint, l’empereur très chrétien. D’un côté une super puissance avec les Habsbourg et les rois d’Espagne et de l’autre côté les Ottomans, qui sont l’une et l’autre bien plus puissantes que la France ou l’Angleterre. Le conflit entre eux est donc inévitable. La première confrontation a lieu à Vienne (1529). C’est au début du printemps que l’armée de Soliman s’est mise en marche mais le mauvais temps joue contre elle, 1200 canons doivent rebrousser chemin. Les autrichiens organisent la défense et  toute l’Europe retient son souffle. L’armée Turque arrive en septembre. Les autorités autrichiennes qui reçoivent les émissaires Turcs refusant de se rendre, le lendemain les canons ouvrent le feu mais les plus gros ayant été abandonnés pendant le voyage, ceux qui restent ne sont pas suffisants. Soliman fait appliquer alors une autre tactique : il fait creuser des tunnels sous la ville pour la miner et le 5 octobre 2 barils de poudre explosent près des portes de la ville, les janissaires s’engouffrent dans la brèche mais ils sont repoussés  (récompense alors que leur foie était suffisante). Au début de l’automne les Turcs donnent des signes de faiblesse : la nourriture manque et ils souffrent du froid du fait d’un hiver précoce. Soliman lève donc le siège le 14 octobre après 4 tentatives infructueuses pour forcer les remparts de Vienne.  Soliman proclame qu’il reviendra mais dans le fond il a compris que Charles Quint est redoutable et pour le vaincre il va lui falloir trouver un allié.

Cet allié il va le trouver en France, par le roi, François 1er.

C’est vrai qu’à cette époque François 1er s’est engagé dans une lutte sans merci envers Charles Quint, mais le rapport de force ne lui est pas favorable : lui aussi a besoin d’un allié.

Quand François 1er fait appel à Soliman il est dans une situation dramatique, il a été vaincu à la célèbre bataille de Pavie, il est prisonnier, il n’a plus d’armée et il sait que Charles Quint et Henri VIII d’Angleterre ont l’intention de se partager la France. C’est dans ces circonstances qu’il fait appel à Soliman.

A Istanbul, la maison de France est la première ambassade étrangère et la première ambassade française dans le monde, elle a été construite sous Soliman.

C’est Louise de Savoie, mère de François 1er qui envoie deux émissaires à Soliman. Deux émissaires car le premier a été massacré en traversant la Bosnie. Sûrement pour s’approprier des bijoux qui étaient destinés à Soliman. Le deuxième émissaire, croate, Jean Frangipani, plus chanceux va arriver auprès de Soliman de qui il va obtenir une réponse.

Cette réponse est très célèbre. Elle est conservée à la Bibliothèque Nationale de France.

Cette lettre est favorable, compatissante et amicale. Elle commence, comme toujours par une invocation,  avec la Tughra qui est le monogramme Impérial et il s’adresse à François 1er en disant : « toi François tu dois être courageux » et il lui dit qu’il est prêt à l’aider dans les termes suivants « nuit et jour notre cheval est scellé et notre sabre est sain ». Cette réponse est étonnante, Soliman essaie de consoler François 1er en lui disant que ça arrivait (en parlant des déboires de François 1er), il lui demande d’avoir de la Patience mais… qu’il arrivait.

Pendant 4 ans François 1er et Soliman vont travailler à une alliance Franco-Turque  et de nombreuses lettres sont échangées avec une diplomatie secrète qui rivalise d’ingéniosité (une boîte est mise en place de chaque côté des pays et seul le détenteur de la boîte peut déchiffrer les messages côdés – cette boîte comprend des roulettes dont la clé majeure est dans une roulette plus grande). Ces messages sont indéchiffrables durant tout le temps de leurs échanges.

Il faut souligner tout de même que c’était particulier que le roi de France, chrétien, s’allie avec le sultan calife d’Istanbul, c’était vraiment contre-nature mais cette situation était aussi gênante pour l’un que pour l’autre et c’est la raison pour laquelle ils ne feront, ni l’un ni l’autre, une publicité extraordinaire de cette alliance mais…. Quand même un peu : pour inquiéter Charles Quint et son frère Ferdinand.

Ces tractations vont aboutir à un traité de commerce, un droit de pavillon, qui permet aux commerçants français de traiter librement et sans les taxes payées très chères à l’Empire Ottoman, c'est-à-dire une énorme surface économique et très riche. Pendant plusieurs siècles, la France sera l’alliée économique, privilégiée, de l’Empire Ottoman.

Cette amitié diplomatique ne se traduit qu’une seule fois en alliance militaire : quand la flotte Turque, en 1543 aide la France à assiéger la ville de Nice, une possession du duc de Savoie, allié de Charles Quint. Mais les Turcs reprochent vite à la France leur manque de discipline et aussi leur esprit… épicurien. Leur chef, Barberousse, aurait dit que les Français avaient embarqués sur leur bateau plus de vin que de munitions….  Effectivement ça ne s’est pas très bien passé mais ils arrivent toutefois à coopérer. François 1er demande aux Toulonnais de quitter leur ville pour que les soldats Turcs de Barberousse puissent y passer l’hiver avant de rentrer chez eux.

Et, oui, c’est peut-être difficile de penser qu’un Pirate, Barberousse qui était rentré dans l’armée Turque, à la tête de la flotte, ait sauvé la France en représentant une telle dangerosité pour Charles Quint  (Charles Quint avait André Doria).

A partir de là, beaucoup de choses vont se débloquer entre la France et la Turquie… Par exemple il faut savoir que dans la langue Turque il y a plus de 5000 mots français… Encore aujourd’hui il y a une alliance Franco-Turque.

Le grand Vizir Ibrahim Pacha devient à Istanbul un noble seigneur qui fait fortune et est considéré comme le deuxième sultan.  Son ambition augmente avec son influence… numéro 2 de l’Empire, pourquoi ne deviendrait-il pas le n° 1. C’est ce que craint Roxelane, ou peut-être craint-elle seulement qu’Ibrahim n’ait plus d’influence qu’elle ? Roxelane va instiller des soupçons dans l’esprit de son mari et par amour pour sa femme va-t-il arriver à sacrifier son meilleur ami ?

Le 15 février 1536 Ibrahim Pacha, au nom du Sultan, signe le premier accord avec la France. Un mois après Soliman ordonne l’exécution d’Ibrahim. Soliman a tendu un piège à son ami, il l’a invité au Palais et s’endorment chacun dans une chambre côte à côte. Ibrahim est étranglé par les Eunuques du Palais. Le lendemain Soliman pleure le meurtre de son ami. Comment l’expliquer.

La  1ère hypothèse c’est qu’Ibrahim « avait la grosse tête », c’est vrai qu’il disait parfois des choses assez énormes aux ambassadeurs autrichiens du genre que c’était lui qui décidait de tout, d’un air de dire qu’il menait le Sultan par le bout du nez.

La deuxième hypothèse, Ibrahim était devenu un obstacle pour les ambitions de Roxelane. Il est évident qu’elle était jalouse car c’était l’ami, le confident et le bras droit de Soliman. Ibrahim et Roxelane en vérité se détestaient. Une rumeur, dit que Roxelane aurait été la maîtresse d’Ibrahim avant de devenir celle de Soliman… et de ce fait Ibrahim devenait dangereux pour Roxelane.

De toute façon Ibrahim a complètement disparu de l’histoire après 1536 et le palais qu’il s’était fait construire est devenu une école pour les futurs pages du Sultan.

Ibrahim hors du circuit il est temps pour Roxelane de penser à la succession du Sultan. La loi chez les Ottomans est étrange et terrible : la loi du fratricide. Elle date de Mehmet II « il convient à qui revient le Sultana de tuer ses frères, la majorité des Oulémas  (théologiens) l’approuve, qu’il en soit fait ainsi».

Cela peut vous choquer. Mais en Europe aussi, l’histoire est faite d’assassinats politiques. Les intrigues de palais, d’empoisonnement et de lutte pour le pouvoir sont dans la nature de l’accession à la royauté…  Ce qui est choquant en Turquie c’est que cela soit légal.

Dans l’esprit Ottoman celui qui s’est imposé Sultan a l’appui de Dieu, il est le candidat de Dieu et d’une certaine façon l’exécution des frères, autres candidats potentiels, est d’une façon d’empêcher Dieu de se déjuger.

Le mieux placé dans la course est Mustapha, le fils de la première favorite. On imagine que Roxelane ne peut pas accepter que Mustapha devienne sultan.  Si Mustapha renverse son père, ou s’il lui succède après la mort de Soliman, il a le droit de se débarrasser de ses frères. Ors les frères de Mustapha sont les enfants de Roxelane. Bien sûr Roxelane elle-même serait déchue, exilée  et bien sûr elle aurait disparu du pouvoir politique qui était le sien jusque là.

Pour Roxelane il est donc tout à fait logique de se débarrasser de Mustapha.

La mosquée de Rüstem Pacha au-dessus du marché aux épices, encore une œuvre de Sinan, nous rappelle que Rüstem Pacha était un écuyer de Soliman, ambitieux et sans scrupule. Il devient le complice idéal pour Roxelane. A eux deux ils vont monter une cabale politique de faire craindre à Soliman la rébellion de Mustapha envers lui.  Mustapha était un grand guerrier, adoré des Janissaires,  un homme courageux, loyal. Tellement loyal envers son père que lorsqu’on l’a prévenu qu’il risquait d’être assassiné il n’a pas voulu croire que son père allait faire une chose pareille. Il a couru au contraire chez son père pour lui dire que jamais il n’avait fomenté une rébellion contre lui. Il adorait son père.

Mustapha se défait de ses armes pour entrer dans l’immense tente de son père,  il est assailli par de nombreux muets du sérail qui l’étranglent. Il ne fallait pas que le sang de la dynastie ottomane coule, c’est la raison pour laquelle on l’a étranglé avec un lacet de soie (ou on étouffait sous des coussins).  Pour aller au-delà de ce malheur Soliman ordonne qu’on tue aussi son petit fils le prince Mourad.

Il est complètement abattu et récite pour eux la prière des morts et on dit que dans les jours qui ont suivi il aurait vieilli de 10 ans.

Soliman d’une très grande moralité, d’une très grande force comment a-t-il pu en arriver là. On dit qu’il en a été très malheureux.

Pour Roxelane, la voie est libre, le Sultan sera un de ses fils. Mais lequel ? Bayezid ou Selim. Le système veut qu’à la mort de Soliman, l’un l’emporte et l’autre y perde la vie. Les deux fils vont entrer en compétition et cela va s’accélérer après 1558 date de la mort de Roxelane.

Un jour d’hiver 1558 Roxelane meurt subitement d’une maladie. Soliman est terriblement malheureux ordonne aussitôt à son architecte Sinan de lui construire un Mausolée dans sa propre mosquée que l’on peut voir dans le jardin qui jouxte la grande mosquée de Soliman.

Les épreuves de Soliman ne sont pas terminées : il a deux fils en vie, un seul pourra lui succéder.

Bayezid et Selim ont chacun une armée, que le meilleur gagne et le meilleur, pour son malheur, c’est Bayezid.

Selim est un ivrogne, déjà bouffi, il est trop gros pour monter à cheval, l’armée ne l’aime pas. Bayezid au contraire est dynamique, fringant jeune homme, plus instruit que son frère, poète. Soliman se reconnait en lui. Mais… comme il est le mieux placé, il est aussi le plus suspect aux yeux de son père : ne risque-t-il pas de tenter quelque chose contre lui. Soliman prend donc le parti de Selim, il lui envoie des troupes et des conseillers et l’affrontement entre les armées des deux frères ne tarde pas. Le 29 mai 1559 il y a une bataille dans laquelle Bayezid est battu qui en désespoir de cause  se réfugie chez le Chāh de Perse qui vient tout juste de conclure la paix avec l’Empire Ottoman. Le Chāh de Perse n’allait pas compromettre cette paix pour une histoire de succession entre princes ottomans. Il accepte bien sûr que l’on vienne se saisir de Bayezid sur son territoire où il sera étranglé. Toute sa famille sera tuée aussi, ainsi que les enfants tout petits, sauf peut-être un...

Selim a survécu, il est le meilleur, c’est lui que Dieu a choisi pour succéder au Sultan.

Soliman a agi au nom de la raison d’état, mais son cœur est meurtri, il cherche la consolation dans la poésie. Ses poèmes traduisent son désespoir… Il n’a plus qu’un désir c’est de rejoindre Roxelane là ou elle est.

Soliman est malade, il souffre peut-être de la goutte ou d’un cancer.

Pourtant, à la surprise générale, à l’âge de 71 ans il décide de prendre part à une nouvelle campagne militaire en Hongrie.

Pour les historiens c’était certainement une sortie digne de lui… devenir un martyr n’est-elle pas une belle fin ?

La bataille est gagnée mais Soliman tombe de son cheval et meurt quelques instants après.

Sa mort est un problème (la mort de tout sultan est un problème car le système veut qu’il n’y ait pas de vide politique et comme il meurt loin de son palais le vide qu’il crée avec sa mort ne peut pas être comblé immédiatement puisque il faut compter des jours pour prévenir son fils).

Donc son entourage va faire semblant qu’il est encore vivant. On va par exemple porter des requêtes à sa tante, attendre les réponses… on explique qu’il a très mal aux pieds pour se rendre à la prière du vendredi….

Son cadavre est parfumé mais pas embaumé car proscrit par l’islam. On le ramène donc ainsi, en voiture, à Belgrade près de son fils. La comédie continue : quelqu’un se cache derrière le corps et lui fait bouger la tête comme s’il saluait la population venue assister à son passage… le grand Vizir s’approche de la voiture pour le consulter… on va embaucher quelqu’un qui lui ressemble pour jouer son rôle….

Si c’est un secret de polichinelle, la comédie est un rituel dans lequel tout le monde se plie.

Quand sa mort est officialisée, il était mort depuis 48 jours.

Un second mausolée est construit pour Soliman qui a régné pendant 46 ans sur l’Empire et maintenant il repose pour l’éternité près de Roxelane la joyeuse.

Le peuple ottoman, lui est au désespoir : il se remémore les jours tranquilles et prospères coulés durant le règne de Soliman, sous la rigueur de sa justice et de sa clémence.

C’est sous le règne de Selim qu’a eue lieu la bataille de Lépante contre Charles Quint qui se solde par un désastre pour les ottomans qui marque le début du déclin qui durera plus de 3 siècle… ou l’on retrouvera le grand Mustafa Kemal Atatürk qui réveillera le pays de son long sommeil pour faire éclore la Turquie moderne…. Mais cela est une autre histoire !

 
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