LE SIEGE DE BEAUCAIRE |
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Le Siège de Beaucaire. La Culturothèque Le 7 janvier 2014 Michèle Le Siège de Beaucaire est un des évènements historiques de la « Croisade des Albigeois » (appelée aussi « Croisade des Barons ») qui s’est déroulée entre 1208-1229. Les Albigeois étaient les Cathares installés dans le Languedoc et plus particulièrement dans le comté toulousain. Les évènements de la Croisade sont décrits dans une chanson de geste de 9578 vers composé en occitan. Une première partie écrite par Guillaume de Tudèle, troubadour navarrais installé à Montauban qui commence son récit en 1210 et le termine en 1214, il est favorable aux croisés. Son continuateur est resté anonyme (on l’appelle d’ailleurs souvent « l’Anonyme »), lui est adversaire des croisés. Il retrace les grands épisodes de 1213 à 1218 et particulièrement le siège de Beaucaire (style éloquent et passionné, qualité poétique incontestée). Ce mouvement religieux était apparu au cours du XIIe siècle et s’était développé tout d’abord dans les classes inférieures de la Population pour gagner les hautes sociétés. Cette religion n’avait pas eu de mal à se développer face à un clergé chrétien riche (parfois même corrompu). Elle avait beaucoup de facilité à s’installer dans le Sud de la France, contrairement aux difficultés d’implantation, plus tôt, du catholicisme qui avait du mal dans une civilisation matriarcale (la femme est l’égale de l’homme). Aussi, indépendamment de différence de doctrine (les cathares considéraient qu’il existait deux principes supérieurs Dieu (le bon) et Satan (le mal)) ils prônaient une vie de pauvreté et de renoncement pour atteindre une perfection spirituelle. Entre eux ils s’appelaient « Bons Hommes » ou « Bonnes Dames » mais l’église les appelaient « Parfaits » ou « Parfaites » ce qui signifiait «parfaits hérétiques ». A l’époque, on les appelait les Albigeois car le peuple de la région d’Albi s’était révolté pour en sauver quelques uns de l’échafaud. Le nom de Cathare a été donné bien plus tard. Le développement de cette religion est très préoccupant pour l’Eglise. Déjà dénoncés par le Pape Calixte II en 1119, en 1194 lorsque Raymond VI succède à son père l’hérésie est si bien implantée qu’il ne peut rien faire contre eux sans susciter des révoltes au sein du pays, d’autant que la classe dirigeante est pratiquement convertie au catharisme. Au début de son pontificat Innocent III s’inquiète de cette influence en Languedoc et envoie des prêtres, notamment Dominique de Guzmàn, pour prêcher le retour au catholicisme. Les conversions sont inexistantes même après la création de l’Ordre des prêcheurs (Dominicains) qui prend modèle sur la prédication itinérante de Jésus, ou… sur les Bons Hommes ou Bonnes Dames. Inquiet de la situation le Pape Innocent III va déléguer Pierre de Castelnau pour inciter la noblesse et le haut-clergé languedocien à prendre des mesures contre les Cathares. Pierre de Castelnau s’entretient plusieurs fois avec Raymond VI, et le mettant en cause du fait de tolérer les hérétiques sur son territoire il va l’excommunier début janvier 1208. Juste après, le 14 janvier 1208, Pierre de Castelnau est assassiné à Trinquetaille alors qu’il quitte St Gilles pour rejoindre le Pape. L’Eglise va accuser Raymond VI de cet assassinat. C’est avéré, cet évènement sera le prétexte de la Croisade des Albigeois qui sera proclamée par Innocent III le 10 mars 1208 : les combattants auront les mêmes indulgences et faveurs que ceux qui combattaient en Terre Sainte. On assiste ici à une révolution dans l’esprit des « croisades » qui étaient des expéditions pour défendre la Terre Sainte, hors ici on combat les ennemis de la Papauté. Les légats du Pape vont parcourir le royaume de France pour inciter les barons à participer à cette Croisade, l’un d’eux est assez virulent et persuasif : Arnaud Amaury. Il n’arrive pas à persuader le Roi de France Philippe Auguste qui refuse catégoriquement pour deux raisons. La première c’est qu’il est toujours en guerre contre le roi d’Angleterre Jean Sans Terre et la seconde est juridique car il n’y a que le Suzerain qui peut confisquer les fiefs à un seigneur. « Nous avons appris d’hommes éminents et instruits que vous n’avez pas le droite d’agir ainsi, tant que vous ne l’aurez pas condamné comme hérétique. Quand bien même il serait condamné, vous devriez nous en avertir, et nous demander d’exposer sa terre, car il la tient de nous ». Il interdit même aux barons de son royaume de prendre part à cette croisade, mais sûrement de guerre lasse face à la pression et sûrement ne voulant pas se mettre le Pape à dos en ces périodes de guerre, il finit par donner l’autorisation mais sans engager la Couronne et ni les légats ni les barons ne pourront obtenir de lui quoi que ce soit de plus. Arnaud Amaury est nommé par le Pape chef de la Croisade, et les croisés se retrouvent à Lyon. Raymond VI fait amende honorable le 18 juin 1209 à St Gilles où Pierre de Castelnau est inhumé dans la nouvelle crypte. Rejoignant donc la Croisade, de ce fait il ne peut être attaqué (mais il est bien avéré qu’il ne prêtera en rien et en aucun moment une aide aux Croisés). Pierre II d’Aragon est un roi puissant mais le catharisme est peu implanté dans ses états, on choisit de ne pas l’attaquer. C’est donc contre les fiefs de Raimond-Roger Trencavel vicomte de Béziers, de Carcassonne et d’Albi qui seront attaqués malgré… que Raimond-Roger Trencavel, ait aussi rejoint les croisés dans la vallée du Rhône pour offrir sa soumission aux Légats, car se soumettre c’était l’unique moyen d’éviter une guerre dans ses terres. On ne l’a pas écouté et Arnaud Amaury jugea même qu’une démonstration de force était nécessaire : le 22 juillet 1209 c’est le sac de Béziers, (lorsqu’on demande à Arnaud Amaury comment on pourrait distinguer les catholiques des hérétiques, l’abbé de Cîteaux répond « Massacrez-les, car le Seigneur connaît les siens ! », la phrase est restée dans l’histoire française légèrement modifiée : « Tuez-lez tous, Dieu reconnaîtra les siens »). Quelques jours plus tard, le 15 août Carcassonne capitule en garantissant la vie sauve aux habitants et Trencavel est pris en otage (il meurt dans sa cellule à l’âge de 24 ans). Le comté de Carcassone est confié à Simon IV de Montfort. A la fin de la quarantaine tous les barons « importants » abandonnent Simon de Monfort sauf le Duc de Bourgogne qui prend Fanjeaux, essaie de prendre Lastours, mais à son tour le Duc de Bourgogne abandonne Montfort qui arrive à prendre quand même Mirepoix, Pamiers, Saverdun puis reçoit l’hommage des habitants d’Albi et Preixan. Simon doit faire confirmer ses possessions par son Suzerain, notamment Pierre II d’Aragon qui refuse l’investiture. Simon avec les moyens qui s’amenuisent rapidement sait qu’il doit agir vite, il prend Bram, le château de Miramont, puis les Narbonnais lui proposent son aide et il peut assiéger la ville, Montréal se rend sans combattre mais il lui faudra 4 mois pour prendre le château de Termes. Pierre II d’Aragon essaie de négocier une paix, mais Simon arrive à se faire confirmer ses possessions et les légats exigent de Raymond VI la démilitarisation de ses états. Raymond refuse, est à nouveau excommunié mais réussit à monter une armée. De nouveaux croisés arrivent à la rescousse de Simon de Montfort car Raymond VI excommunié toute personne qui le désire peut s’emparer de ses biens, Castelnaudary est pris, puis c’est le siège de Toulouse. Il prend ensuite Muret et envoie un de ses alliés pour neutraliser le comte de Comminges. Les statuts de Pamiers sont signés pour convoquer les seigneurs dans le domaine de Simon de Montfort mais Raymond VI négocie une alliance avec Pierre II d’Aragon et arrive à décider le Pape de déclarer la fin de la guerre contre les hérétiques le 15 janvier 1213. Simon de Montfort ne l’entend pas comme ça, il réunit toutes ses forces qui vont faire subir une cuisante défaite aux alliés de Raymond VI et notamment le Roi d’Aragon, Pierre II, sera tué à cette fameuse bataille de Muret, le 12 septembre 1213. Les comtés de Foix, Narbonne et Comminges tombent de ce fait dans les possessions de Simon de Monfort qui commence à s’occuper des possessions provençales du comte de Toulouse. Raymond VI par tous les moyens essaie de chasser les « barons » de ses terres ou des terres de ses suzerains. Il s’allie aux Anglais pendant que Simon essaie de pacifier ses possessions. En avril 1214 l’Eglise proclame une paix que les hommes de Raymond VI acceptent en attendant le concile qui doit décider du sort de leur comte. En France a lieu la bataille de Bouvines ( 27 juillet 1214) qui fait perdre tout espoir aux Toulousains qui doivent rendre compte à Simon de Montfort mais le Pape donne le marquisat de Provence à Guillaume des Baux, le duché de Narbonne à Arnaud Amaury et le reste à Simon de Montfort le 4 février 1215. Quelques jours après le prince Louis fait un voyage au sud de la France pour demander la soumission Toulouse en faveur de Simon de Montfort. Du 11 au 30 novembre 1215 un concile se réunit à Latran et décide d’attribuer le marquisat de Provence à Raymond VII de Toulouse (fils de Raymond VI). Simon de Montfot quitte alors le Languedoc pour retourner dans son pays d’Ile de France et rendre hommage au roi Philippe Auguste pour ses nouveaux domaines. Raymond VI après le Concile de Latran se réfugie à Gênes pendant que son fils Raymond VII parcours la Provence pour lever une armée de partisans pour rejoindre les chevaliers « faydits »[1]. Raymond VII commence à revendiquer Beaucaire. Simon de Montfort avait installé dans la ville une garnison commandée par le premier sénéchal du Languedoc Lambert de Limoux (de Thury) mais, lors du concile de Latran le pape Innocent III n’avait pas mentionné cette ville et donc n’a pas indiqué à qui elle était attribuée. Beaucaire est stratégiquement une ville importante car elle garde la rive française du Rhône face à Tarascon, cité impériale. Beaucaire c’est la ville de Raymond VII, c’est là qu’il est né et tous les Beaucairois le reconnaissent comme leur seigneur et l’appellent familièrement « Raimondet ». C’est donc acclamé par les Beaucairois qu’il entre dans la ville lorsque les notables lui ouvrent les portes et lui donnent les clés en mai 1216. Raimond VII est soutenu par une armée d’Avignonnais et de Tarasconnais. Lambert de Thury (Limoux), bien sûr, essaie de l’en empêcher mais il est obligé de se retrancher dans le château de Beaucaire avec sa garnison. Aussitôt les Beaucairois assiègent le château. Il a cependant eu le temps d’envoyer un message à Simon de Montfort qui s’en retourne d’ Île de France(où il vient de prêter hommage au Roi pour ses possessions en Languedoc) et un autre à son frère Guy de Montfort qui se trouve à Toulouse. Guy aussitôt bat le rappel de ses troupes et marche sur Beaucaire. Il arrive à Nîmes le 3 juin mais file sur Bellegarde car il a appris que la ville a ouvert ses portes aux troupes de Raymond VII. Il prend le village pour supprimer une base pouvant le prendre à revers. Raymond VII sort de Beaucaire pour essayer de le stopper mais il n’a pas assez de soldats pour engager une bataille. Le lendemain c’est Simon de Montfort qui arrive sur les lieux. Raymond VII se retranche dans Beaucaire avec qui il a organisé le ravitaillement et arrosée par le Rhône, l’eau ne risque pas de manquer et surtout les Beaucairois sont pleins d’entrain et de courage. Ce qui n’est pas le cas des hommes de la garnison retranchée dans le château. La Cavalerie Provençale se tient en rang pour protéger les murailles. Le premier combat fait des blessés et des prisonniers dans les deux camps mais chacun revient sur ses positions. Simon de Montfort se voit contraint de se préparer à tenir un siège mais il a vite conscience de sa faiblesse car le ravitaillement de son armée dans ce pays devenu subitement hostile, en effet les provençaux attaquent systématiquement tous les convois. Pour Raymond VII par contre le ravitaillement est toujours possible par le Rhône, autant pour les vivres que pour les armes et surtout des hommes maintenant envoyés par toutes les villes voisines : Bien sûr Avignon et Tarascon mais aussi Arles, Marseille. Simon de Montfort fait construire une catapulte, un chat et une tour roulante mais toutes ses attaques échouent. Dans le courant du mois d’août, Lambert de Limoux fait savoir à Simon de Montfort qu’il n’a plus de vivres et surtout plus d’eau et qu’il va capituler. Simon de Montfort tente un troisième assaut généralisé mais en vain. Il adresse un message à Dragonet de Mondragon qui est chargé de médiateur entre les deux cas : ce message stipule qu’il est d’accord de lever le siège mais à condition qu’on lui rende sains et saufs ses compagnons bloqués dans le château. Raymond VII accepte au grand soulagement de Simon de Montfort qui apprend dans ce même temps que Raymond VI s’agite et marche sur Toulouse avec une armée. Il quitte Beaucaire le 24 août 1216. L’annonce de cet échec de Simon de Montfort à Beaucaire marque le ralliement des languedociens au comte de Toulouse et son fils. Il y a aussi un fait important qui joue en faveur des Languedociens : la défaite de Beaucaire doit se payer sur la population pour le remboursement des lourdes dépenses occasionnées pour ce siège. Cette idée entraîne la colère des Toulousains qui n’hésitent pas à se soulever et seulement armés de haches, de faux, de bâtons, de couteaux de cuisine ils font front. Du côté de l’Eglise, le Pape Innocent III était mort le 6 juin 1216 et il n’était pas sûr qu’un nouveau concile confirmerait sa position par rapport aux terres de Raymond VI. Raymond VII lui, de son côté ne cesse pas d’étendre et de consolider son pouvoir en donnant des avantages aux seigneurs et surtout montre à tous que la dynastie raymondine est toujours debout et qu’il va falloir compter avec elle. L’auteur de la Canso, d’ailleurs, prend absolument parti pour le comte lorsqu’il parle du « seigneur postiche » et du « comte naturel » et raconte bien que l’opinion fait la part de « L’orgueil et la Fausseté » (Engan) du premier et de « Loyauté (Dreitura) et Parage ». Ce qui est sûr, c’est ce retour triomphal à Beaucaire qui donne de l’inquiétude à Simon de Montfort. Simon est contraint de se retrancher dans le Château Narbonnais et convoque les notables en assemblée. Ce n’était qu’une ruse de sa part car il les fait arrêter et ordonne rafle générale d’où s’en suit un pillage en règle. Peut-être ce qui est raconté dans la « Canso » est exagéré mais ce qui est sûr c’est que Simon de Montfort ait été obligé pendant un an de négocier dans tout le pays pour assurer son autorité jusqu’au 25 mars 1217 où il arrive à signer une trêve d’un an qui n’est pas respectée car le 22 septembre 1217 Guy de Montfort commence le siège de Toulouse et Simon de Montfort le rejoint. Le siège va durer 10 mois. Simon de Montfort et ses compagnons ont déployé lors de ce siège une obstination sans borne tant leur situation était défavorable, et si l’hiver a été calme au printemps Simon de Montfort reçoit des renforts du Roi et l’assaut des croisés a failli réussir d’autant qu’une pluie diluvienne vient aussi à son secours avec une crue si forte qu’un faubourg est inondé, dévasté et abandonné, et qu’il peut l’occuper mais malgré tout, il n’a pas pu pénétrer dans Toulouse. Le 23 juin Simon tient un conseil : il faut en finir. Le 24 juin il ordonne l’attaque généralisée avec tous les engins de guerre. Toute la journée flèches et boulets sont échangés mais à la fin de la journée les français n’avaient toujours pas emporté la bataille.. Le lendemain matin Simon de Montfort se jette lui-même dans la bataille avec son frère Guy qui reçoit un carreau d’arbalète, aussitôt Simon met pied à terre et « La pierre arriva tout droit où il fallait, si bien frappa le comte et son heaume d’acier… » dit le poète de la Canso. Il est donc tué d’un jet de pierre qui était organisé par des femmes. La mort de Simon et l’incompétence de son fils Amaury font que les seigneurs occitans se rallient aux comtes de Toulouse et reprennent les fiefs tenus par les croisés. Honorius III prêche une nouvelle croisade au début de l’année 1218 et Philippe Auguste décide d’envoyer son fils Louis aider Amaury VI de Montfort et vont ensemble assiéger Marmande le 2 juin 1219 en massacrant la population puis essaient de reprendre Toulouse mais abandonnent le siège après un mois et demi et le futur Louis VIII retourne dans le nord. C’est une véritable campagne qui s’installe en Languedoc entre Amaury VI et Raymond VII qui vont parcourir le pays afin de gagner chacun des partisans. Le 02 août 1222 Raymond VII succède à son père et tente de faire allégeance au roi : il le reconnaîtra comme vassal si l’Eglise en fait de même et Raymond VII va entamer des démarches en ce sens. Le 14 juillet 1223 Philippe Auguste meurt et un an plus tard Amaury VI va céder ses droits en Occitanie au roi Louis VIII sur les conseils de Blanche de Castille. Le son côté Raymond VII avec Roger-Bernard de Fois et Raimond II de Trencavel font le serment de purger leurs territoires de l’hérésie et de restituer les biens spoliés au clergé, en échange ils demandent bien sûr l’annulation de tous les actes de cession de Montfort. Ils sont confirmés dans leurs possessions par le Pape Honoriux III. Mais Blanche de Castille n’en reste pas là, elle veut annexer le sud et envoie une ambassade auprès du pape pour le faire revenir sur ses décisions. Un nouveau concile est réuni pour traiter de la question cathare et… Raymond VII est à nouveau excommunié le 28 janvier 1226 sur le prétexte qu’il n’a pas satisfait à toutes les exigences du pape. Le roi Louis VIII va s’engager personnellement dans la croisade contre les cathares. Il arrive à Lyon le 28 mai 1226, suit le Rhône pour arriver le 06 juin à Avignon. Les habitants lui refusent l’entrée dans la ville. Louis VIII assiège Avignon qui capitule au bout de 2 mois. Avignon doit abattre ses fortifications et céder au roi la ville de Beaucaire en plus d’amendes à payer au roi et à l’Eglise. Louis VIII reçoit la soumission du comte de Comminges privant Raymond VII de son principal allié et annexe les vicomtés de Trencavel. Il ne réussit pas à prendre Toulouse mais ayant réinstallé les compagnons des Montfort dans leurs anciens domaines il repart en passant par l’Auvergne. Il tombe malade à Montpensier le 29 octobre 1226 et meur le 8 novembre. Par la suite l’équilibre va se maintenir en Languedoc entre les fiefs des Croisés et ceux de Raymond VII qui ne ménage pas ses efforts pour reprendre possession des terres de son père. Les cathares vont regagner également du terrain…. Le Pape Honorius III meut le 18 mars 1227 et Grégoire IX ne peut enflammer à nouveau la poudre dans le Languedoc face aux problèmes de Blanche de Castille pour soumettre les seigneurs. Il envoie son légat Romain de Saint-Ange à Paris pour négocier une paix. L’accord va se conclure par la réunion de Meaux et le Traité de Paris qui est signé le 12 avril 1229 : Raymond VII fait pénitence devant Notre-Dame-de-Paris et est confirmé comte de Toulouse et s’engage bien sûr à lutter contre l’hérésie. Mais, important, il donne sa fille unique, Jeanne, en mariage à Alphonse de France frère du roi. Le comte de Toulouse va lutter très mollement contre les hérétiques : on ne les dénonce même pas contre récompense. L’église comprend qu’on ne peut pas s’employer uniquement à lutter contre l’hérésie et exercer son ministère et gérer les diocèses, elle va charger les Dominicains de débusquer les Cathares. Ils vont bientôt faire régner la terreur, brûler les cathares (et même déterrer les morts soupçonnés d’hérésie pour mettre leur cadavre au bûcher !). Les seigneurs se révoltent, Raymond VII reste à l’écart du conflit et Blanche de Castille lui reproche de ne pas avoir répondu à l’appel du Sénéchal du Languedoc et doit à nouveau faire soumission le 12 mars 1241. Raymond VII va donner le change en assiégeant des places tenues par les seigneurs cathares, notamment en juillet 1241 le château de Montségur, mais il ne va pas l’attaquer. D’un autre côté, Raymond VII va répudier son épouse, Sancie d’Aragon, et va en chercher une autre pour essayer d’avoir un fils pour permettre que le comté ne revienne pas à Alphonse de Poitiers. Il va tout mettre en œuvre pour épouser Sancie de Provence mais ce mariage nécessite l’accord du Pape mais Célestin IV vient de mourir et l’élection du nouveau Pape traîne et lassé d’attendre (ou manœuvres de Blanche de Castille !) Raymond Bérenger IV de Provence donne sa ville à Richard de Cornouailles (fils de Jean Sans Terre). Il va aussi entreprendre des démarches pour épouser sa sœur héritière du comté de Provence ! En fait il va épouser Marguerite de Lusignan en 1243, monter un complot avec sa belle famille attachée aux Plantagenêts pour créer une alliance avec le roi d’Angleterre, le roi d’Aragon, mais le roi en est informé et prend des dispositions nécessaires avant que n’éclate la révolte, et le Pape va aussi annuler le mariage de Raymond VII et Marguerite pour raison de consanguinité. L’inquisition en Languedoc est toutefois très active, des inquisiteurs sont massacrés à Avignonnet le 28 mai 1242 qui encourrage une nouvelle révolte mais les alliés ne répondent pas à l’appel de Raymond VII et Raymond VII devra faire une nouvelle fois acte de soumission à Louis IX imité par ses partisans. Les Cathares se réfugient dans quelques châteaux (Montségur, Quéribus…) et en 1244 après un siège de 10 mois, les Parfaits s’étant réfugiés dans le château de Montségur refusant d’abjurer leur foi seront brûlés (3 pourront s’enfuir…) C’est après ce bûcher que l’on dit que l’église cathare est désorganisée, les cathares fuient le Languedoc vers l’Italie en grande majorité, avec le trésor des Cathares ou… peut-être caché et retrouvé par l’Abbé Saunière, peut-être ? L’histoire cathare raconte que le dernier Cathare, Guillaume Bélibaste, a été brûlé à Villerouge Termenès (1321) et que Jacques Fournier (qui deviendra Pape en Avignon sous le nom de Jean XXII) en aurait emmuré 510, dont l’archevêque cathare Amiel Aicard, en 1328 dans la grotte de Lombrives… Sur le plan religieux les efforts d’élimination du catharisme a créé l’Ordre des Prêcheurs (Dominicains) puis la création de l’Inquisition. Sur le plan politique le royaume de France car le comté toulousain entre dans ses possessions en 1271 à la mort d’Alphonse de Poitiers. La croisade marque aussi la séparation définitive entre le Languedoc au nord et les Catalans au Sud mais aussi d’autres modifications radicales de la politique du royaume de France qu’il serait trop long à énumérer… Et surtout Toulouse perd son rang de troisième ville d’Europe après Rome et Venise !!!! Et pour Beaucaire ? On attendra le règne de Louis XI où plusieurs députés présentent un texte et statuts de privilèges de leur ville à Montpellier pour reconnaissance de la Foire de Beaucaire. Ces privilèges auraient été accordés aux Beaucairois par Raymond VI pour avoir soutenu son fils lors du siège de Beaucaire. Cette charte de privilèges du 28 mars 1217 mentionne tout d’abord la création d’un corps consulaire et des avantages fiscaux et économiques, notamment des exemptions de péages et surtout… l’octroi d’une foire franche. En fait lors de la ratification des privilèges présentés en 1464 à Montpellier il semble que les Beaucairois ont présenté seulement « deux misérables feuillets à l’authenticité contestable » qui aurait permis de rétablir le droit ancien accordé par Raymond VI mais en fait c’est plutôt la légalisation d’une coutume créée par les Beaucairois eux-mêmes !
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